dimanche 27 avril 2014

La Blé d'Or 2014

C'est devenu une tradition, cette cyclo démarrant à 20 mn de chez moi, je me suis inscrit cette année encore. Mais cette fois-ci, j'ai décidé de me tester sur le grand parcours, qui fait 169 km, et nous permet d'aller chercher quelques bonnes côtes dans le Perche.
 
Je ne me fixe pas d'objectif de classement, de toute façon, il est clair que ce parcours rassemble les meilleurs coureurs, et que mon nom apparaitra probablement plutôt vers la fin du classement. Je vais quand même essayer d'effectuer la parcours en moins de 5h43, ce qui constitue la limite pour obtenir le brevet d'argent.
 
Dimanche matin, j'avoue que je suis un peu anxieux. Il a plu une bonne partie du samedi, avec quelques orages, et ça ne s'annonce pas terrible pour ce dimanche non plus.
 
Je me rends à Lèves, et déjà la pluie fait son apparition. J'attends le dernier moment pour aller m'échauffer, et avec les pieds déjà mouillés, je décide finalement de repasser à la voiture, et d'ajouter les protections pour les chaussures. Ce petit détour, me fera perdre un peu de temps, et je me positionnerais dans l'aire de départ, 1 à 2 mn avant qu'il ne soit donné. Je suis donc dans les tous derniers à m'élancer. Il pleut toujours.
 
Le départ est donné, et j'arrive à remonter quelques places, mais arrivé dans la première petite côte, où la route est peu large, impossible de remonter vers l'avant. A la sortie de la côte, nous nous retrouverons une petite dizaine à rouler ensemble.
 
Nous prenons un virage à gauche, à Poisvilliers, et là un gars chasse de la roue arrière et s'étale sur la route. J'arrive à passer sur le coté, mais cette petite déconvenue désorganisera le groupe, et je me retrouverais finalement seul avec un autre gars de Versailles.
 
On aperçoit au loin un gros groupe constitué de l'ensemble des coureurs. Je me dis que rien n'est perdu, et qu'il y a peut-être encore moyen de revenir. Je ne ménage pas mes efforts, et mon compagnon assure lui-aussi quelques relais, mais je vois bien que l'allure est un peu trop rapide pour lui. Il me le confirme d'ailleurs un peu plus tard.
 
Nous récupérons un autre lâché, et notre duo devient un trio.
 
Je suis partagé entre accélérer un peu l'allure au risque de perdre mes 2 compagnons, ou essayer de les garder le plus longtemps possible. Mais la raison est la plus forte, et je vais m'économiser beaucoup plus en roulant avec eux, d'autant que le parcours est encore très long.
 
Nous avons vent de coté puis vent de face, et notre 3eme compagnon nous donne quelques conseils pour nous placer, et faire tourner nos relais a 3 tout en nous protégeant du vent, et effectivement c'est assez efficace. Malheureusement, nous le perdons sous un relai un peu trop appuyé, et nous ralentissons un peu pour lui permettre de recoller. Nous allons assurer les relais à 2 ensuite.
 
Le gars de Versailles donne quelques consignes, et fini en s'adressant à moi: "Et toi, arrêtes de faire le mariol...". Il a raison au fond, et forcer trop l'allure, n'aurait été bénéfique pour personne. J'ai réussi à adapter mon allure, et au final, je ne le regrettes pas, puisque nous aurons parcouru une cinquantaine de kms, tous les 3, sans voir personne d'autre.
 
Un moment donné, une voiture nous double, avec un gars se tenant à la portière. Nous sommes un peu perplexe, et avons du mal à comprendre quel mérite il pourra en tirer.
 
Nous passons la côte de Pontgouin. J'ai de nouveau trop appuyé, et je dois attendre mes 2 compagnons pour pouvoir continuer.
 
2 coureurs nous rejoignent, puis un autre. C'est de bonne augure, et nous pouvons récupérer et partager des relais avec eux.
 
Nous arrivons à l'embranchement des 2 circuits. Je m'attendais à ce que les premiers du petit circuit, partis une demi heure après nous, nous aient déjà rattrapés, mais finalement non.
 
D'autres coureurs nous rejoignent, nous sommes une bonne dizaine à présent. Il y en a un qui joue le chef et donne des consignes à tout le monde pour organiser un relai. J'ai l'impression que ça en agace beaucoup, mais finalement tout le monde s'exécute, et nous roulerons efficacement.
 
Nous sommes dans le Perche, et passons les premières bosses. Un de mes compagnons du matin, ne sera plus en mesure de nous suivre.
 
Nous faisons la jonction avec un autre groupe devant nous, et au fil des bosses, le groupe va se scinder, et je me retrouverais dans le groupe de devant.
 
J'arrive à tenir ma place dans le groupe, mais j'ai des début de crampe, et une des dernières bosses me sera fatale et je décrocherais.
 
Heureusement pour moi, nous revenons à présent vers la Beauce, et avantage non négligeable, j'ai à présent le vent dans le dos. Je vais faire une trentaine de km, tout seul, à vive allure, je vais remonter ma moyenne et me refaire une santé par la même occasion.
 
Je m'arrête au ravitaillement, le temps de remplir un bidon et repars.
 
La fin du parcours est un peu en escalier sur la carte, et il y a du coup quelques portions de route où on reprends le vent de face. Je suis scotché par moment, et j'ai des doutes sur la possibilité de faire le temps souhaité.
 
A 10 kms de l'arrivée, je me fais reprendre par un groupe d'une dizaine de coureurs, avec qui j'étais lorsque nous passions les premières bosses dans le Perche. L'allure étant idéal, je vais finir avec eux jusqu'à la ligne d'arrivée.
 
Je termine en 5h50 et je loupe le brevet d'argent pour quelques minutes.

Cette édition aura été marquée par les averses et le vent, et sur les 222 coureurs au départ, seuls 157 rescapés rallieront l'arrivée, avec de nombreux abandons dû à des crevaisons. Je ne termine que 131e, mais je suis tout de même content de ma course, je ne m'attendais pas à mieux à vrai dire.

Du côté des pros, Alexandre Pichot (Europcar) et Thierry Marie (ex pro) étaient venu participer à l'épreuve.
 
J'ai beaucoup apprécié tous ces gens qui nous ont encouragés, au bord de la route, dans les petits villages traversés. Incroyable, j'en ai vu plus ici, que lors de mon Paris Roubaix, il y a 15 jours.
 
Coté organisation, j'avais un peu peur, ne connaissant pas le grand parcours, qu'il ne soit pas bien indiqué, mais j'ai été rassuré. Les traces au sol étaient bien visibles et il y avait énormément de signaleurs (et même plusieurs sur les ronds points). Un grand merci à eux, d'autant qu'ils sont restés fidèlement à leur poste, malgré les averses.
 

lundi 14 avril 2014

Paris Roubaix Challenge 2014

Cette épreuve, avec le Tour de France, fait partie des événements cyclistes que tous les étrangers nous envient en France. Les coureurs qui la remportent ne sont jamais là par hasard, et même lorsque l'arrivée se termine au sprint, il aura déjà fallu être costaud pour arriver à rester en tête de la course.
 
Le petit village de Mayenne où je suis né, a vu grandir un vainqueur majeur de Paris Roubaix: Marc Madiot qui l'a remporté par 2 fois. Il fait parti des champions qui m'ont fait vibrer lorsque j'étais tout gamin et qui m'ont fait me passionner pour cette course si particulière. Je me devais de goûter aux pavés à mon tour, afin d'en comprendre toute la subtilité, et vérifier si son surnom d' "Enfer du Nord" était mérité.

Les pavés seront à l'honneur cette année, puisqu'une étape du Tour de France empruntera une partie des secteurs pavés habituels.
 
Le parcours
 
Plusieurs parcours sont proposés. Le must est le parcours de 170 km, qui inclue la totalité des 28 secteurs pavés (soit 50 km), mais n'ayant aucune expérience des pavés, j'ai préféré assurer en participant au parcours de 141 km. Celui-ci inclue les 18 derniers secteurs pavés (soit 32 km), il part de Roubaix, pour y revenir ensuite, via les 100 derniers kms du parcours officiel.
 
Les 3 secteurs les plus durs, et les plus mythiques (trouée d'Arembert, Mons en Pévèle et Carrefour de l'Arbre) font partie de ce circuit de 141 km, ce sera déjà une expérience très intéressante pour moi.
 
Le matériel
 
Avec l'acquisition d'un nouveau vélo en début d'année, mon ancien vélo sera idéal pour ce type d'épreuve, et en cas de casse, je ne mettrais pas en péril le reste de ma saison. Il y a 2 ans, j'ai eu un problème de casse de la patte de fixation de ma roue arrière, j'espère juste qu'elle résistera au passage répété sur les pavés.
 
Pour les roues, j'ai opté pour des DT Swiss Axis 1.0, achetées sur le Bon Coin. Ce sont des roues d'entrée de gamme, mais robustes (32 rayons à l'arrière) et qui équipent les vélos Specialized Roubaix. On ne les trouve pas dans le commerce, et on peux les acheter à bon prix en occasion.
 
Je les ai équipées de pneus Schwalbe Durano de 28, gonflés à 6 bars. J'ai fait quelques essais sur route ainsi équipé, et franchement, les performances de l'ensemble sont loin d'être mauvaises.
 
Mes bidons Camelbak calés dans mes portes bidons Elite, devraient aussi m'éviter la perte de mes bidons lors des passages pavés.
 
Afin d'emmener tout ce dont j'aurais besoin: chambres à air, pompe, outils, portable, j'utilise mon sac Camelbak auquel j'ai retiré la poche à eau. Je garderais juste des barres et des gels dans mes poches. Ca m'évitera de perdre la moitié de mes affaires en cours de route.
 
La préparation
 
Depuis plusieurs mois, j'ai pris l'habitude de faire quelques séries de pompes régulièrement, histoire de renforcer les bras et la ceinture abdominale, qui seront un peu plus sollicités que d'ordinaire.
 
Pour le reste, ma préparation reste similaire à celle des autres cyclos.
 
Début de Week-End
 
Afin de profiter au mieux du week-end, j'ai réservé de longue date un petit hôtel à Tourcoing (à 5 km du vélodrome). Je peux ainsi faire tranquillement la route le vendredi, dormir là-bas la veille de la course, et être présent le dimanche pour aller voir les coureurs pro sur les pavés.
 
Le samedi matin, je me lève sans stress sur le coup de 6h du matin, alors que ceux qui participent au parcours de 170 kms se sont eux levés vers 4h et sont déjà en route vers le départ.
 
Je prends mon temps, de toute façon, j'ai jusqu'à 10 h pour me présenter au départ, mais je préfère partir assez tôt, pour profiter de l'effet de ceux qui arriveront derrière moi, et avec qui je pourrais rouler ensuite.
 
Je prépare mes bidons, prends soin de me protéger les mains (sparadraps à la base des pouces et pansement sur la paume des mains), et je me rends au départ.
 
La course
 
On ne peux pas vraiment appeler ça une course, étant donné que l'épreuve se déroule en format randosportive, et qu'il n'y a pas de classement à l'arrivée. Enfin, il y a eu quelques efforts de fait par l'organisation, qui a ajouté le chronométrage de quelques secteurs pavés cette année, dont la trouée d'Aremberg et le carrefour de l'Arbre.
 
7h30, je suis prêt à partir, mais c'est assez bizarre, tout le monde flâne sur l'aire de départ, et je dois attendre que quelques coureurs se lancent pour me joindre à eux.
 
Il y a pas mal de brouillard, et j'ai pris soin de mettre une led clignotante à l'arrière. Je me rends compte que je suis un des rares à l'avoir fait, d'autant que nous devrons rouler sur une route ouverte à la circulation.
 
Nous traversons Roubaix, et petit à petit, d'autres coureurs se joignent à notre groupe.
 
Nous avons 40 kms à faire avant de rejoindre le parcours officiel et ses secteurs pavés. Le brouillard étant toujours aussi dense, ce n'est pas la partie la plus intéressante. Toutefois, l'allure augmente progressivement et permet de se mettre en jambe.
 
Alors que nous roulons, j'entends un petit bruit de clochettes, et je n'en crois pas mes yeux, lorsque nous doublons un gars sur une draisienne en bois. Il nous lance quelques mots (en flamand, je pense), et on le sent débordant de bonheur, alors qu'il semble s'être lancé dans un bien étrange périple. Je fais un rapide calcul, me disant qu'il devait pouvoir avancer à 6 ou 7 km/h et que cela semble jouable de réaliser le circuit de 70 km en un peu plus de 10 heures.
 
Au ravitaillement situé à 30 kms, je décide de continuer, et je laisse le groupe où j'étais pour rouler avec d'autres coureurs.
 
Un panneau nous indique que nous rejoignons le parcours officiel, nous tournons à droite, et là sans le temps de dire ouf, nous nous retrouvons au début de la tranchée d'Aremberg. Je suis pris au dépourvu et je suis déjà embarqué sur les pavés avant même que je n'ai eu le temps de démarrer ma caméra. Tant pis, je garde les mains sur les cocottes, mais les vibrations sont telles, que je réalise combien il sera difficile de tenir cette position en permanence, et je comprends rapidement l'intérêt d'avoir doubler la guidoline et de positionner les mains sur le cintre.

Ce secteur mérite sa réputation, les pavés sont disjoints à souhait, formant des creux et des bosses, des touffes d'herbes, et je me ravise parfois lorsque j'essaye de doubler en quittant la bande du milieu, alors que les cotés laissent soudainement apparaitre de grosses irrégularités. L'appréhension disparait assez vite, et on se prends vite au jeu d'envoyer le maximum de puissance pour passer les pavés.
 
J'arrive au bout du secteur. Je regarde mon compteur, et je me rends compte qu'il s'est déclipsé suite aux vibrations. Ca a probablement dû se produire dans les derniers mètres, sans quoi j'aurais sans doute eu toutes les misères du monde pour retrouver mon compteur.
 
Le secteur suivant me semble facile, d'après les premiers pavés, mais l'état ne sera plus le même ensuite. Nous passons le fameux "pont Gibus", où un gars est d'ailleurs en train de repeindre l'inscription, pour la course du lendemain.
 
Les secteurs vont ensuite se succéder, et la numérotation des secteurs n'étant pas forcément bien visible, je ne sais plus trop bien combien il en reste. On a parfois l'impression d'en avoir passé plusieurs alors qu'un même secteur est parfois entrecoupé de quelques zones bitumées.

Il y a parfois des bandes non pavées sur les cotés, où on peux rouler, mais comme il n'y a pas de classement, et que je suis venus pour les pavés, je continue à rouler au milieux sur chacun des secteurs.
 
Au fil des kilomètres, les pavés créent des différences de rythme, et il n'y a plus de groupes massifs de coureurs, mais il y a régulièrement des coureurs isolés sur les pavés avec lesquels on peux lutter, ou rouler de concert.
 
Je m'arrête au ravitaillement d'Hornaing, et je repars avec des gars avec qui j'avais bien aimé roulé précédemment, et qui avaient une allure proche de la mienne.
 
Arrive ensuite le secteur d'Hornaing, le plus long avec ses 3.7 km.

Il y a quelques VTT par moment, et ceux-ci semblent plus à l'aise sur les pavés. A l'inverse, on les reprends facilement dès qu'on retrouve le goudron.
 
Sur l'un des secteurs suivants, je reconnais un britannique sur le coté, que je croise régulièrement depuis le début. Il suit un autre coureur et me reconnait lui aussi grâce à ma caméra, j'ai droit à quelques encouragements au passage.
 
Encore d'autres secteurs, puis à l'entrée d'un secteur, la rampe pour détecter la puce électronique est en place, je réalise alors que je suis arrivé au carrefour de l'arbre, autre passage mythique du Paris Roubaix. Les pavés y sont assez inégaux, avec des parties un peu rapiécées, et des pavés qui tapent pas mal par endroit.
 
Encore 2 secteurs, et nous n'avons plus qu'à traverser Roubaix et à regagner le vélodrome, où nous pouvons à l'instar des pros, passer la ligne d'arrivée de ce lieu qui a vu tant de champions s'imposer.
 
Tout ce sera bien passé, sans casse, crevaison, ni chute. Le brouillard aura même fini par se lever en cours de matinée.
 
On peux juste regretter que l'épreuve ne soit pas en format cyclosportive. Il manquait sans doute cette petite pointe d'adrénaline qui fait qu'on se défonce encore plus lorsqu'on cherche à faire le meilleur résultat, mais ça reste une belle épreuve tout de même, où on peut prendre beaucoup de plaisir.

En me levant le dimanche, quelques courbatures et ampoules, me rappellent que ce genre d'exercice reste éprouvant pour le corps, mais il n'y paraitra plus d'ici quelques jours.

Afin de profiter une dernière fois des pavés, mais en tant que spectateur cette fois-ci, j'irais ensuite me placer sur l'un des secteurs pavés et y admirer le passage des pros.


 
J'espère bien pouvoir y revenir un jour, et pouvoir me frotter à l'ensemble des secteurs pavés cette fois-ci. Alors plutôt que de faire le parcours de 170 km (50 kms de pavé), pourquoi pas participer à la randonnée cyclotouriste organisée par le VC Roubaix, tous les 2 ans, et qui propose un circuit de 210 km (55 kms de pavé).
 
En tout cas, ce week-end me laissera d'excellents souvenirs. 
 
 
La vidéo: