Il me tenait à cœur de faire cette cyclosportive, depuis quelques années déjà, parce que le parcours Granfondo qui a été ajouté en plus des parcours existants est tout de même hors norme, et qu'il propose un magnifique parcours, à cheval entre la France et l'Italie. Une jolie boucle de tout de même 219 km, au départ de Serre Chevalier, et qui nous fera franchir les cols de l'Echelle, du Mont Cenis, du Télégraphe et du Galibier, le tout pour 4400 m de dénivelé. Autant dire que la journée risque d'être longue!
Particularité de l'épreuve, le grand parcours se déroule le samedi, tandis que les petit et moyen parcours ont lieu le dimanche, offrant ainsi la possibilité à ceux qui le veulent de s'aligner sur 2 parcours différents.
J'avais initialement prévu de participer à cette cyclo en 2016, mais m'étais finalement embarqué sur l'Etape du Tour, sous la motivation d'autres amis. Cette année, je fais l'impasse sur l'Etape, pour me consacrer à la Serre Che, dont je ferais l'objectif principal.
Après un séjour en Ariège, 15 jours auparavant, et de bonnes sensations sur l'Ariégeoise XXL, j'aborde la Serre Che plutôt confiant.
J'ai loué dans un camping proche de Briançon et fais le trajet le vendredi à la veille de la course. C'est le premier WE de vacances, mais je ne suis pas gêné par les bouchons. Par contre, pensant que le nouveau tunnel du Chambon sur la route du Lautaret est à présent ouvert, je me rends compte que ce n'est pas le cas, et je me vois dans l'obligation de faire un détour plutôt longuet, par Gap.
Samedi matin, le temps est plutôt ensoleillé, et je me rends au départ à Chantemerle. Le départ officiel est annoncé à 7h, mais il est en fait donné à 6h55, de façon à nous faire traverser Briançon en toute sécurité, derrière un véhicule de l'organisation. Je comprendrais mieux pourquoi, après avoir franchi la ligne d'arrivée, et compte tenu de ces 5 mn de marge, mon compteur affichera 219 km alors que l'organisation n'en annonçait que 209 km.
Nous sommes moins de 200 sur ce parcours, et vu la longueur et la difficulté de celui-ci, le départ n'a vraiment rien de stressant. Dès que nous abordons le col de l'Echelle à la sortie de Briançon, chacun trouve les espaces nécessaires pour rouler à sa convenance. Ce col est idéal pour se lancer en début de parcours, sa première partie est assez roulante et la montée se fait graduellement jusqu'au 2 derniers km qui atteignent les 7% de moyenne. J'avais revêtu le coupe-vent au départ, les températures étant encore un peu fraiches, mais malgré l'apparition du soleil en cours de montée, je n'éprouve pas encore le besoin de le retirer, et je le conserverais même pour faire la descente.
Au sommet, nous basculons en Italie, la descente est assez technique avec quelques épingles et dos d'ânes sur la route, heureusement bien signalés. Les paysages sont vraiment splendides sur ce versant.
Arrivé à Bardoneccia, s'ensuit un long morceau de vallée, où l'on passera Oulx, pour se diriger à Suza, au pied du Mont Cenis. Les températures commencent d'ailleurs à monter progressivement.
A la traversée des villages italiens, la police locale donne un coup de main afin d'assurer le bon déroulement de la course. Un des signaleurs, pris par l'ambiance, gesticule les mains au dessus de la tête, mais ça ne m'aide pas et je prends finalement la mauvaise direction. Enfin l'erreur est vite corrigée, et je repars sur la bonne route dans la foulée, sans rancune envers ce signaleur un peu trop zélé.
J'arrive au pied du Mont Cenis, je prends le temps de remplir mes bidons, parce que la montée va être longue.
La première partie s'effectue en forêt, la pente est régulière à 6 / 7%, et la chaleur commence à peser lors de l'effort. Ce col, point de passage entre la France et l'Italie, est très fréquenté, et j'avoue que tout ce trafic tend à rendre la montée un peu pénible. Entre les voitures qui n'ont que faire de laisser un écart lorsqu'elles doublent, ou les motos qui ont un peu tendance à prendre la montée pour un circuit de grand prix, je dois redoubler de vigilance.
Je passe la frontière, à mi-col, et quitte une zone boisée, au profit d'une partie qui devient un peu plus sauvage. Les lacets s'enchainent, d'abord au dessous du barrage que l'on commence à apercevoir, puis au dessus du lac, d'où la vue est absolument splendide.
Le col est situé à l'autre bout du lac, et il faut encore enchainé quelques courtes montées et descentes pour l'atteindre.
Le ravitaillement est de bon augure après une si longue montée. La descente par l'autre versant est assez courte, et j'arrive assez rapidement à Lanslebourg.
On est à mi-parcours, et je retrouve à présent un tracé que je connais bien, puisque c'est celui que j'ai emprunté, il y a un an, lors de la traversée des Alpes, jusqu'à Serre Chevalier.
Bien que la route présente un profile plutôt descendant jusqu'à St Michel de Maurienne, il me faut fournir des efforts non négligeables, d'autant que je me retrouve seul avec vent de face. Je roule pendant de nombreux kilomètres seul, sans croiser d'autres cyclistes, ni voir de signaleur, où de flêchage du parcours. Heureusement que je connais bien cette route, car je pense que j'en serais venu à me demander si je ne m'étais pas tromper un moment donné.
Après avoir passé Modane, je retrouve un petit groupe de coureurs et je me laisse emmené, essayant de récupérer des nombreux efforts fournis auparavant.
A St Michel, nous bifurquons à gauche dans la montée du Télégraphe. Je dois gérer la chaleur et la fatigue accumulée. Je ne fais pas une montée impériale, mais j'atteins le sommet, conscient que le plus dur m'attend désormais.
La descente sur Valloire est vite avalée. Je fais un arrêt au ravitaillement, j'aurais bien aimé y trouver bananes et oranges, qui en général me sont très bénéfiques à un tel moment de la course, mais l'organisation n'a prévue que des morceaux de pastèque, qui je l'espère m'aideront à récupérer.
Je repars, et me retrouve rapidement confronté aux premières pentes du Galibier. S'en suit une partie qui devient un peu plus roulante, mais sur laquelle je ne me sens pas très performant.
J'arrive à Plan Lachat, lieu emblématique où après avoir traversé le pont, on bascule sur l'autre versant, pour les 8 derniers km les plus difficiles, souvent au delà des 10%.
Je fais un arrêt rapide à Plan Lachat, histoire de boire un bon coup, et m'alimenter un peu, et je repars. Comme prévu, la pente deviens rapidement très soutenue, et je dois avancer au mental, tout à gauche. Je fais un autre arrêt, pas plus d'1 mn, et je reprends ma route, n'ayant plus rien dans les jambes. J'atteins le sommet en ayant limité la casse, mais j'ai tout de même mis un peu plus de temps que lors de mes montées précédentes du Galibier.
Le temps s'est couvert là-haut, et je me couvre pour faire la descente. Je prends d'ailleurs quelques gouttes de pluie. Passé le Lautaret, il reste encore un long morceau de descente.
La route est large, et cette descente est très roulante et pas trop dangereuse, c'est toujours un plaisir, d'autant qu'avec la fermeture du tunnel du Chambon, il y a très peu de voitures. Dans les derniers kilomètres de la descente, il ne pleut plus, mais la route est plutôt détrempée suite à une averse précédente, et je termine les pieds complètement trempés.
Arrivé à Chantemerle, je bifurque au téléphérique, et passe la ligne d'arrivée à l'endroit même où nous avions pris le départ.
J'en termine en 10h, soit une demi-heure de plus que mes estimations initiales, et je pense que ça corresponds au temps perdu dans l'enchainement Télégraphe + Galibier. J'ai probablement négligé un peu trop le facteur "fatigue", associé à un parcours aussi long et au dénivelé conséquent.
Je n'en demeure pas moins satisfait de ma course, même si les premiers auront mis quelques heures de moins que moi. Ce parcours était vraiment de toute beauté, et il était sportivement très intéressant.
Lorsque l'organisation, avec le soutiens de Luc Alphand, avait mis en place cette cyclosportive, elle s'était engagée pour 20 ans, et nous arrivions cette année, en toute logique au terme de cet engagement. Souhaitons, qu'elle soit renouvelée l'année prochaine, car c'est assurément une très belle course qui a sa place dans le calendrier cyclosportif, et il serait vraiment dommage qu'elle disparaisse.
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