lundi 24 septembre 2018

La Cyclo des Pyrénées 2018

C'est la seconde fois que l'association Parcourir & Découvrir propose une traversée des Pyrénées, mais cette fois-ci d'est en ouest. Je n'avais pas pris part à la première, il y a 2 ans, mais avais déjà eu l'occasion d'effectuer une traversée des Alpes, avec eux. J'avais adoré, et lorsque Jean-François, Jean-Claude et Alain se montrent eux aussi intéressés pour la faire, nous n'hésitons pas une seconde pour nous inscrire.
 
Le parcours, en 6 étapes, est concocté par François-Xavier et Patrick. Il est superbe, avec de beaux enchainements, et des étapes plus ou moins difficiles. J'ai déjà monté pas mal de cols dans les Pyrénées, mais il y en a de nombreux que je ne connais pas, ou que je n'ai monté que par un autre versant.
 
Nous sommes début septembre, et j'ai callé mes vacances de manière à ce que la dernière semaine me permette de faire la traversée. J'ai pu rouler un peu dans les Alpes, 15 jours avant, et cela m'a rassuré sur mon état de forme, certes moins bon que les années précédentes, mais suffisant.
 
A notre grand regret, Jean-François ne peux malheureusement se joindre à nous, pour raison de santé, et nous nous organisons finalement, JC, Alain et moi, pour effectuer le trajet en commun, vers St Cyprien, au bord de la Méditerranée.
 
Nous arrivons sous un magnifique soleil, et lorsque tous les participants sont là, Philippe Delachenal, le maître de cérémonie, nous présente tout son staff, composé de Christian pour la logistique, Eric le mécano, Jacques le médecin, Olivier le bagagiste, François-Xavier pour la gestion des parcours, site web, photos, et les 6 kinés: Patrick, Xavier, Laure, Elise, Bertrand et Sarah. J'avais fait connaissance avec la plupart d'entre eux, il y a 2 ans, et je suis très heureux de retrouver cette équipe, ô combien sympathique, et d'un dévouement à toute épreuve, tout au long de la semaine. Le rôle de chacun ne se limite pas à une tâche spécifique, et nous les croiserons tout au long de la journée, tant à s'occuper des ravitaillements, qu'à nous porter assistance, nous encourager, ou même partager un bout de route avec nous sur le vélo.
 
Etape 1: Saint-Cyprien - Axat

139 km - D+ 2900 m , via Col de Palomère (1036 m) et Col de Jau (1506 m)



Bien que cette étape n'aie pas l'air d'être la plus difficile sur le papier, FX nous mets en garde au briefing, au contraire, qu'elle le sera. 2 cols seront à franchir, et bien qu'ils ne soient pas d'une grande difficulté, le parcours sera tout de même usant.
 
Après un bon petit dej, pris à l'UCPA de Saint-Cyprien, nous partons tous ensemble, vêtus des maillots (très réussis), offerts par l'organisation.
 
Nous effectuons les premières dizaines de kms en groupe, sur une partie relativement plate, avant d'aborder les premières pentes qui nous mèneront au col de Palomère. Dans la montée, chacun se mets à rouler à son allure. J'arrive au col de Fourtou, avant de retrouver une partie de transition, que j'effectue en compagnie de Sandrine. Nous roulons efficacement, mais avec peut-être un peu trop d'euphorie, pour ce 1er col de la traversée. Après une courte descente, nous retrouvons la fin de la montée de Palomère. Je laisse filer Sandrine, et arrive en haut quelques minutes plus tard.
 
Je profite du ravitaillement, bien garni, alors que JC arrive lui aussi. Bien restauré, je repars, pensant JC déjà parti.
 
Nous redescendons par une magnifique petite route en corniche. Je rejoins quelques gars, et assure la descente de notre petit groupe, à l'avant.
 
Même si nous sommes encore assez loin du col de Jau, la route commence à monter modérément, sur un revêtement qui ne rends pas. Il commence à faire très chaud, et cette montée qui semble interminable, se fait de plus en plus usante. J'ai probablement trop donné dans le 1er col, et j'en paye les conséquences désormais. Je sens des débuts de crampes dans le mollet droit, puis dans la cuisse droite. Certains doivent d'ailleurs s'arrêter, victime de crampes eux-aussi. Je gère mon effort, mais je dois tout de même finir les 3 derniers kms sur le 32 dents, alors que je ne pensais pas devoir l'utiliser aujourd'hui.
 
Arrivé au col, alors que je crois que le plus dur est fait, je me lance dans la descente, prenant rapidement de la vitesse dans la première ligne droite. En arrivant dans le premier virage, je suis surpris de rattraper aussi rapidement les 2 gars partis un peu avant moi, et horreur, je réalise que la route devient tapissée d'une multitude de petits gravillons. Il en sera ainsi tout le reste de la descente, et il faudra redoubler de vigilance, pour ne pas se gaufrer...
 
J'arrive avec un petit groupe à Axat, où nous sommes hébergés en mobile-home. JC me rejoins un peu plus tard, alors qu'il était finalement parti après moi du ravitaillement.
 
Nous retrouvons aussi Alain, qui a comme nous tous, souffert de cette 1ère journée, et nous nous offrons un bon moment de récupération au massage, installé dans un lieu idyllique, au bord de l'eau.
 
Etape 2: Axat - Ercé

149 km - D+ 3750 m , via Col de Paillères (2001 m), Port de Lers (1517 m) et Col d'Agnes (1570 m)


 
Seconde journée de notre périple, et c'est déjà celle la plus longue en distance et en dénivelé.
 
Les départs sont cette fois échelonnés en trois groupes, en fonction de notre heure d'arrivée la veille. Je pars dans le dernier groupe, avec Maryline, Vincent, et ceux d'un très bon niveau. Pour être honnête, je suis sans conteste le moins bon de ce groupe, et je n'ai nullement l'intention de me tirer la bourre avec eux.
 
Nous remontons les gorges de St Georges, une très jolie route en corniche, par laquelle nous étions arrivés la veille. Je n'ai pas mis le coupe-vent, pensant que la température remonterait rapidement, mais nous sommes principalement à l'ombre, et il fait tout de même un peu frais.
 
La route monte tranquillement, et nous arrivons tous ensembles, au pied du col de Pailhères. Tout le monde s'arrête pour se dévêtir, sauf moi qui suis déjà en état d'aborder la montée. Rapidement, je me fais dépasser par les plus rapides du groupe, ainsi que les autres, au fur et à mesure de la montée.
 
J'aborde les derniers lacets, et me remémore ces photos prises d'hélico, où on les voit s'enchainer comme un serpentin, même si le rendu est assez différent lorsqu'on les aborde à vélo.
 
La pente reste soutenue jusqu'au bout. En arrivant au col, qui reste l'un des rares cols Pyrénéens à plus de 2000 m, je retrouve JC et Alain, et nous faisons la descente ensemble.
 
A Ax Les Termes, nous formons un petit groupe, et nous poursuivons sur une petite route assez irrégulière, mais tranquille, avec de courtes montées et descentes, et des passages en corniche. Nous bénéficions de magnifiques points de vues sur la vallée.
 
Après le ravitaillement, je repars en compagnie de JC et de Philippe. Nous roulons efficacement tous les 3, en nous relayant, toujours sur une route irrégulière.
 
A la sortie de Tarascon, la route commence à s'élever, et Philippe décroche volontairement pour rouler à son allure. JC ne tarde pas à en faire autant quelques kms plus loin.
 
La montée vers le Port de Lers est assez longue, mais plutôt régulière. Alors que je rejoins Stella, vers la fin du col, son prénom sur son dossard, et la chaleur aidant, me donnent tout à coup envie d'une bonne bière bien fraîche.
 
Je ne m'attarde pas au col, et reprends les quelques kms de descente, qui permettent d'enchainer avec le col d'Agnes. Ce qu'il reste de montée ensuite pour atteindre le col, n'est plus qu'une formalité, mais il ne faut pas sous estimer la pente.
 
Une fois là-haut, il ne nous reste plus qu'une longue descente, mais au regard des pourcentages qui s'affichent, cet autre versant ne semble pas simple à gravir dans l'autre sens.
 
Je me fait dépasser par Stella dans la descente, et je prends immédiatement sa roue. Malgré la pente et les virages, ses trajectoires sont parfaites, et c'est un pur plaisir de descendre avec elle.
 
Nous arrivons à Ercé, où nous pouvons à présent profiter de la fin d'après-midi. C'est Sarah qui me masse les jambes ce soir. Sa technique est différente et plutôt "musclée", et même si je me retiens de hurler de douleur, elle sait trouver l'endroit précis où masser, et d'une manière très efficace.

JC, Alain, et moi, partageons cette fois une chambre avec Eric et Noël, tout heureux de passer une nuit sans être gênés par des ronflements :-)
 
Etape 3: Ercé - Luchon

105 km - D+ 2320 m , via Col de la Core (1395 m), Col de Portet d'Aspet (1069 m) et Col de Menté (1349 m)


 
Au réveil, c'est un peu l'agacement, la machine à café est en panne, et nous n'avons pour la plupart d'entre nous, pas eu notre dose de caféine. Mais tant pis, on s'en passera pour cette fois.
 
Je pars cette fois-ci entre le 2e et le 3e groupe, profitant d'un petit groupe, qui part lui aussi.
 
Arrivé au pied du col de La Core, je laisse le groupe et roule à mon allure. La montée est assez longue, mais régulière, et idéale pour entamer la journée.
 
Au sommet, je retrouve JC, nous faisons la descente ensemble, et poursuivons sur un bout de route assez plat jusqu'au pied du col du Portet d'Aspet.
 
Peu de temps après avoir abordé la montée, la pente commence déjà à se raidir par endroit. C'est à ce moment-là, que je me fais dépasser, comme un courant d'air, par un coureur pro de la FDJ. Il va tellement vite que je n'ai pas le temps de l'identifier, mais il monte à une telle cadence, et avec tant d'aisance, que je fais pâle figure à côté de lui. Je le recroise un peu plus loin qui redescend déjà, mais il n'a tout de même pas eu le temps d'aller jusqu'au col, et devait s'entrainer à donner le maximum sur quelques kms seulement.
 
Après avoir passé un petit replat, au milieu, j'arrive au sommet avec l'impression que la montée n'était finalement pas aussi dure qu'elle le paraissait.
 
Je fais la descente avec JC, l'autre versant étant beaucoup plus pentu, et permettant de battre quelques records de vitesse. Attention toutefois, car la stèle à la mémoire de Fabio Casartelli, mort dans cette même descente, est là pour nous le rappeler.
 
Arrivé au niveau du pont de l'Oule, il me semble reconnaître le début de la montée du col de Menté que j'avais monté sur la Lapébie, il y a quelques années, mais mon GPS ne semble pas vouloir m'indiquer de prendre à gauche. Je poursuis quelques mètres avant de comprendre mon erreur, et de continuer dans la descente. Alors que j'ai ralenti, et que JC a lui accéléré devant, j'ai beau lui crier de s'arrêter, mais il ne m'entends pas, et je dois sprinter dans la descente pour revenir à sa hauteur. Nous nous refaisons un bon km de montée en sens inverse, mais sans conséquence heureusement.
 
La montée du col de Menté est assez facile au début, mais elle devient plus soutenue ensuite.
 
En haut, j'attends un peu, dans l'éventualité de repartir avec JC, mais un bon groupe repart, et je me joins à eux, dans le but de les accompagner dans la vallée qui mène à Luchon.
 
En bas de la descente, il reste environ 20 km en faux plat, pour atteindre Luchon, et l'allure qui est donnée par le groupe sur les 5 premiers kms me convient très bien. Mais suite à un relai trop appuyé, l'allure s'emballe, et je me fais décrocher, devant poursuivre seul jusqu'à Luchon.
 
A Luchon, je tombe directement sur le bon hôtel, et arrive finalement en même temps qu'une partie du groupe avec qui j'étais.
 
La restauration est assurée non loin de là, et on nous sert même un excellent Côte de Bourg, en guise de récompense à tous nos efforts.
 
La journée se termine par quelques bières partagées avec Alain et JC.
 
Etape 4: Luchon - Argelès-Gazost

116 km - D+ 3128 m , via Col de Peyresourde (1569 m), Col d'Aspin (1489 m) et Col du Tourmalet (2115 m)



Il a plu durant la nuit, et il fait encore un peu frais le matin lorsque nous partons, mais il est prévu du beau temps malgré tout.

Je pars en compagnie de JC, alors que Alain s'élance derrière nous, avec un petit groupe, où ils ont à présent pris l'habitude de rouler ensemble.

C'est en quelque sorte une étape de légende aujourd'hui, puisqu'il nous faudra enchainer 3 des cols les plus connus du Tour de France: Peyresourde, Aspin et Tourmalet.

Sitôt sorti de Luchon, nous attaquons les premières pentes du col de Peyresourde. J'ai rejoins Eric, ainsi que 2 autres participants, et nous montons ensemble à une allure qui me convient parfaitement. Dans le dernier km, Eric se dégourdit un peu les jambes, en accélérant un peu, et nous le retrouvons au sommet.

Le ciel est bien dégagé à présent, et la vue depuis les derniers lacets était superbe.

Le petit restaurant en haut du col, bien connu des cyclistes, et où on sert des crêpes pour un prix modique, est toujours en activité, et nous prenons beaucoup de plaisir à en déguster une, très gentiment offerte par Patrick, le kiné.

Nous repartons pour une descente rapide, et après avoir traversé Arreau, nous nous attaquons au col d'Aspin. Je ne connaissais pas ce côté, mais il est lui aussi magnifique à monter, sans être trop difficile. Malgré les quelques bières et le Côte de Bourg de la veille, JC et moi avons plutôt l'impression d'être en forme aujourd'hui, et de ne pas subir la pente.

Une fille, qui ne fait pas partie du groupe, nous dépasse. C'est dingue ce qu'elle est affinée, et ce qu'elle dégage comme aisance sur le vélo!

Nous ne nous attardons pas au sommet, et repartons jusqu'au ravitaillement situé à mi descente.

Il ne nous reste qu'un col à monter, le non moins prestigieux Tourmalet, depuis Sainte Marie de Campan. Je commence à bien connaître cette montée, et me rappelle qu'il est au départ assez simple jusqu'à Gripp. Ensuite, la pente se fait soutenue jusqu'aux paravalanches situés juste avant La Mongie, où la pente se redresse nettement avec des passages à 10% et plus.

Je suis dans un bon jour, et ne souffre pas trop de cette montée finalement. En tout cas, moins que sur une fameuse Etape du Tour, où nous l'avions monté sous la pluie, et étions transis de froid.

Au sommet, je retrouve Patrick, qui me propose une bière. Ca tombe bien, j'avais prévu d'attendre JC pour repartir avec lui. Nous buvons une excellente bière locale, alors qu'il fait un peu froid au sommet, et que les nuages ont fait leur apparition.

Patrick repart, en oubliant son sac, mais nous en rendant compte, nous le remettons à l'organisation.

Dans la descente, nous essuyons quelques gouttes de pluie, limite grêle, mais rien de bien méchant au final.

Nous retrouvons Patrick à Luz Saint Sauveur, le rassurons sur son sac, et effectuons le faux-plat descendant ensemble jusqu'à Argelès-Gazost. Patrick a encore de bonnes jambes, et il nous sème à plusieurs reprises.

Nous passons une fin d'après-midi plaisante au bar, ne devant le quitter que le temps du massage, situé juste à côté.

Je suis l'un des rares chanceux à avoir une chambre individuelle, avec un petit balcon. J'en profite pour faire un peu de lessive, et passe une bonne nuit réparatrice.

Etape 5: Argelès-Gazost - Irraty

129 km - D+ 3828 m , via  Col du Soulor (1474 m), Col d'Aubisque (1709 m), Col de Marie Blanque (1035 m) et Col de Bagargui (1327 m)



Au briefing, Patrick (celui qui a tracé cette étape) nous a averti, que cette étape serait un gros chantier, et effectivement, elle comporte des cols assez rugueux.

Au départ d'Argelès-Gazost, juste le temps de se mettre en chauffe, et nous abordons déjà quelques kilomètres de montée, à la sortie de la ville. Avec l'humidité du matin, j'avais revêtit le coupe-vent, mais je dois rapidement l'enlever en haut, parce que cette courte montée m'a déjà mis en nage.

Nous profitons d'un petit groupe sur le replat qui mène au pied du Soulor. J'aime bien cette montée pas très longue, et aux pourcentages soutenus, mais réguliers.

Dans le dernier km, je me fais dépasser par Maryline, partie bien après moi. Je mets un point d'honneur à repasser devant elle, puis à tenir sa roue, mais elle est décidément trop forte, et je décroche dans les 300 derniers mètres.

Je retrouve JC, et nous repartons dans la courte descente qui mène au pied de l'Aubisque. Même si la vue sur le cirque du Lutor, n'est pas trop dégagée, on devine malgré tout de beaux paysages.

La montée de l'Aubisque est assez courte par ce côté, et ce n'est qu'une formalité d'arriver en haut.

La descente est suivie de quelques kilomètres de plat, que nous effectuons en compagnie d'Eric et de Noël.

Marie-Blanque est réputée avoir des pentes sévères, mais par ce côté, elles ne sont finalement jamais trop longues, et la montée se passe finalement plutôt bien. Ceux qui le souhaitaient, avaient la possibilité d'escamoter ce col, mais ils auront été peu nombreux.

Au ravito, les kinés s'inquiètent du stock de "TUC" pour le lendemain. Apparemment, les bons conseils de Sarah, la naturaliste, sur les bienfaits de ce biscuit, auront portés leur fruit.

Nous repartons par le côté le plus pentu de la descente, et je me permets quelques bonnes pointes de vitesse.

En bas, nous avons à présent une bonne quarantaine de kms assez plats, à parcourir, et nous roulons dans une petit groupe de 6, avec JC et Eric. Je ne suis à présent plus aussi frais que les jours précédents, et dès que la route s'élève un peu, j'ai de suite les cuisses qui brûlent. Le tempo qui est donné à l'avant me semble un peu trop rapide, compte tenu du final qui nous attends, et je me décide à lisser mon effort, en perdant quelques mètres dès que la route s'élève, et en revenant sur le plat. J'ai horreur de ce type de route, en tôle ondulée, et sans franche montée, à vrai dire.

Non sans mal pour rester dans le groupe, nous arrivons au pied de la dernière difficulté. Il me faut passer rapidement tout à gauche, tant les pourcentages s'accentuent à présent. J'étais inquiet sur mes capacités à monter, mais il semble que ce type de terrain me convienne mieux, puisque je suis devant mes compagnons à présent.

A Larrau, la montée s'apaise, puis redescend. Je croyais être dans l'ascension du Bagargui, mais celle-ci ne démarre en réalité que plus loin.

La route se redresse de nouveau, et malgré de premiers kms déjà difficiles, les panneaux indicateurs de pente par kilomètre, sur le côté, font peur: 12.5 %, 13 %, 12% ... Je suis en prise en permanence, et malgré le 32 que j'ai jugé sage de monter, quelques dents de plus à l'arrière, ne seraient pas du luxe.

Ce col est pourtant magnifique, mais la dureté de ses pentes, m'en font oublier le reste. Avec la présence de vaches, il reste un peu de bouse par endroit, et la roue arrière, conjuguée à la forte pente, y patine par endroit.

J'arrive au sommet, il ne reste plus qu'une bonne centaine de mètres, mais une averse fait son apparition, alors que nous y avons échappés toute la journée.

Pas le temps de s'attarder au col, et je regagne l'accueil des chalets d'Irraty, 400 m plus loin. Suffisant pour arriver bien trempé.

Les chalets sont répartis tout autour du col de Bagargui, c'est assez atypique, et nous sommes loin de toute agitation.

Etape 6: Irraty - Ciboure

120km - D+ 1600 m , via Col d'Ispéguy (672 m), Puerto de Otxondo (570 m) et Col de Saint-Ignace (169 m)



Nous repartons du chalet, au petit matin. Il fait encore nuit, et le brouillard épais qui est présent, s'ajoute à cette impression de manque de luminosité.

Etant donné les conditions, Philippe hésite encore à nous faire partir sur l'itinéraire normal, ou via un itinéraire bis où il y a moyen de retrouver une route plus belle, et si possible épargnée par le brouillard. Il part en reconnaissance avec FX pour se rendre compte des conditions, un peu plus bas, à la bifurcation des 2 options.

Nous partons peu avant 8h, avec JC. Nos lampes sont en places, mais ma lampe avant est déjà déchargée.

Nous descendons une partie du col de Bagargui, par l'autre versant, et arrivons à la bifurcation où sont situés Philippe et FX. Le brouillard c'est un peu levé, et FX nous donne le feu vert pour continuer sur le parcours initialement prévu. Ce que nous ne savons pas à ce moment-là, c'est que le brouillard va finalement se ré-épaissir, peu après notre passage, et qu'il sera finalement conseillé aux autres d'emprunter l'autre itinéraire.

Les conditions ne sont vraiment pas bonnes, et malgré le coupe vent et les manchettes, il fait froid et humide.

Nous abordons à présent une petite route en corniche, pas très large. En temps normal, la vue est censée être magnifique, mais avec cet épais brouillard, nous ne voyons rien à plus de 4 ou 5 mètres.

Sur la route, s'alternent courtes montées et courtes descentes, mais Pays Basque oblige, dès que ça grimpe, on se prends tout de suite de bons "coups de cul" à plus de 10 %.

JC m'avait promis quelques attaques dans le Bagargui la veille, auxquelles je n'avais finalement pas eu droit, ayant effectué toute la montée devant. Dans une partie montante, j'essaye de le prendre à son propre jeu, et je l'attaque, mais ayant rapidement les cuisses qui brûlent de nouveau, je reprends une allure normale, sitôt après l'avoir dépassé. Mais il n'en faut pas plus pour décider JC de contrattaquer, et je le vois partir dans le brouillard, mètre après mètre, sans plus avoir l'énergie nécessaire pour le rattraper. Chapeau, et je dois bien l'admettre, c'était une très belle attaque, placée au moment opportun, et dans les règles de l'art ;-)

Je reviens sur 2 autres cyclistes, ce sont Hervé et Eric, qui partageaient le chalet avec nous, et je fais un bout de chemin avec eux.

On est toujours dans la purée de pois, la route est toujours aussi peu large, avec des ravins que l'on devine par endroit sur le côté. Nous croisons quelques 4X4, et il faut veiller à rester bien à droite. Il y a aussi de nombreux animaux dans le coin (chevaux, moutons, vaches) et la route est maculée de nombreux excréments par endroit. Malgré tous ces dangers potentiels, je dois en plus faire face à un chien de berger qui entame une course-poursuite derrière moi. J'entends nettement ces aboiements se rapprocher, et je dois me résoudre à piquer un sprint dans le brouillard pour le distancer, sans trop savoir ce qu'il y a devant moi.

J'aborde à présent une longue descente vers Saint Jean Pied de Port. J'ai espoir que le brouillard se dissipe au fur et à mesure de la descente, mais je n'y vois que dalle ! J'essaye d'enlever mes lunettes, à travers desquelles je ne distingue plus rien, mais celles-ci étant adaptées pour corriger une forte myopie, c'est encore pire sans, et je ne me sens pas en sécurité si je dois éviter un obstacle devant moi.

Je fais une descente à vitesse très réduite, beaucoup me dépassant. Je n'arrive même plus à lire les indications de mon GPS, que j'ai pourtant sous les yeux, et je dois m'arrêter dès que j'ai un doute à une intersection, pour vérifier.

Après 40 kms, dans des conditions dantesques, j'arrive à St Jean Pied de Port, où le brouillard semble enfin se dissiper. Je repars avec un petit groupe, et fatalement, je décroche dès que la route s'élève, de nouveau les cuisses en feu. Je fais finalement toute cette partie de transition, seul, jusqu'au pied du col d'Ispéguy.

Celui-ci n'est pas très pentu. Après 1 ou 2 kms de montée, je retrouve mes jambes, et me permets
même de dépasser quelques attardés.

Au sommet, il y a le ravitaillement, et j'y retrouve JC, non sans le féliciter pour son attaque rondement menée, et qui lui a permis de prendre le large.

Nous repartons ensemble, alors que l'autre versant du col est lui situé en Espagne, et que nous traversons quelques ravissants petits villages basques.

Après plusieurs kilomètres assez plats, la route s'élève de nouveau, mais les pancartes ne semble pas mentionner de col, à cet endroit. JC me lâche dès les premiers mètres de montée, et après 2 bons kilomètres de montée, il a plusieurs centaines de mètres d'avance sur moi, mais l'écart se stabilise, et la tendance s'inverse alors que je reviens peu à peu sur lui. Je dépasse JC, surpris de constater une nouvelle fois, que la longueur de la montée joue à mon avantage.

Je retrouve Patrick au sommet, de ce qui est indiqué comme le col d'Otxondo. Il m'avoue ne pas avoir aimé du tout cette montée, et je le comprends, même si la pente était modérée, cette longue portion de route droite dont on ne voit jamais le bout, sur une route large et assez fréquentée, n'avait rien de très emballant.

Alors que JC assure la descente devant moi, je le vois soudainement s'arrêter d'urgence sur le bas côté. La fixation de son support de téléphone sur sa potence est en train de lâcher, et il a eu le bon réflexe. Le problème arrive fort heureusement en fin de notre traversée, et nous pourrons encore compter sur mon GPS, pour nous assurer de rallier l'arrivée sans encombre.

Alors que nous traversons Ainhoa, charmant petit village, aux maisons à colombage, nous retrouvons Patrick, et n'étant pas en retard sur l'horaire, nous prenons le temps de boire une bière en terrasse. Le personnel étant pas mal occupé à servir au restaurant, nous nous attardons finalement plus longtemps que prévu.

Nous repartons, JC, Patrick (le breton), Patrick (le varois) et moi, en nous relayons sur une route à présent plus très élevée, et beaucoup plus urbanisée.

Nous arrivons au pied du col de St Ignace, le dernier de cette traversée. Il n'est pas très haut et pas très long non plus. JC place une de ces dernières attaques, alors que je lâche rapidement l'affaire, me contentant de monter tranquillement. Patrick (le varois) se pique au jeu, et ils terminent tous les deux là-haut au sprint.

Nous repartons, et reformons un groupe avec lequel nous allons à présent rouler sur les derniers kilomètres, jusqu'à Ciboure, en périphérie de St Jean de Luz. Nous prenons une bonne claque, lorsque nous nous retrouvons face à l'océan.

Après l'arrivée de tous les participants, nous nous retrouvons à la mairie, où les élus nous ont gentiment invités à célébrer la fin de cette traversée.

L'après midi se termine, après quelques bonnes bières partagées ensemble, sur le port de St Jean de Luz.

Le samedi, retour à Saint-Cyprien en car, pour une bonne partie d'entre nous. Histoire de finir agréablement ce séjour, JC, Alain, Patrick et moi, passons la soirée à Collioure.

Le lendemain, c'est le retour vers la capitale, et le changement est brutal pour moi, lorsque, dès le lundi matin, je dois regagner mon travail à Paris, et retrouver toute cette agitation.

Cette traversée des Pyrénées m'aura satisfait à tout points de vue. L'organisation a été irréprochable, comme la dernière fois, et ce parcours, que l'ensemble d'entre nous avons trouvé plus difficile que la traversée des Alpes, était vraiment splendide, et parfaitement tracé. Philippe et toute son équipe ont encore une fois assuré, et ils ont apportés cette dose de bonne humeur, qui nous donne envie de vouloir repartir pour un tour à chaque fois. Quant aux participants, j'ai eu plaisir à rouler au côté des uns et des autres, sans se prendre la tête, et toujours dans un très bon esprit.

Ah, j'ai oublié de mentionner la restauration. Et bien, pensant brûler pas mal de calories durant ce périple, je me suis fait plaisir aux nombreux buffets, sans doute un peu trop, et la balance a donnée son verdict à mon retour. Après tout, j'étais en vacances, et il faut dire que nous avons été à chaque fois, plutôt bien reçus.