C'est devenu une tradition pour moi, l'année cyclosportive commence avec la Jacques Gouin, dont le départ se situe à 1h de chez moi.
Jean-François et Jean-Claude ont repris sérieusement l'entrainement, eux aussi, en ce début d'année, et une émulation se crée entre nous, à travers nos sorties respectives, pour arriver au top de notre forme au départ de la course. Bruno, qui n'a pas eu l'occasion de beaucoup rouler, fera l'impasse pour cette année.
Les 2 dernières éditions avaient été copieusement arrosées, et il nous faudra attendre la veille, pour savoir à quelle sauce nous allons être mangés cette année. Il est prévue quelques averses, mais c'est principalement le vent tempétueux qui est annoncé qui nous inquiète, avec des rafales prévues jusqu'à 80 km/h. Même si chacun d'entre nous affiche une grande part d'inquiétude, personne ne se défilera, et nous serons bien présents tous les 3 au départ.
Le parcours évolue un peu tous les ans, et avec ses 115 kms ponctués de nombreuses côtes, sur des routes la plupart du temps assez tranquilles, il est vraiment sympa. Le secteur pavé qui avait été finalement annulé l'année dernière, à cause de sa dangerosité sous la pluie, devrait bien être au programme cette année, histoire de corser encore un peu plus le tout dans le final.
Je retrouve JF et JC à Mennecy. La route est déjà bien mouillée, et lorsque nous partons nous échauffer, une petite pluie fine fait son apparition. Nous regagnons notre SAS de départ. La bonne humeur est encore présente, mais il y a une bonne part d'angoisse au fond de chacun d'entre nous.
Le départ est donné, j'y vais à mon allure sans chercher à me placer, et procède à quelques accélérations dès que l'espace se libère devant moi.
Dès que nous quittons la ville, une première grosse rafale de vent me surprend, et je veille à me positionner pour ne pas risquer la chute, que ce soit de mon fait, ou du fait d'un autre coureur. Après seulement 5 km de course, je suis vraiment inquiet, le vent est vraiment très fort, et je ne suis pas sûre de pouvoir assurer un numéro d'équilibriste pendant encore plus de 100 bornes.
Le vent fait son effet, et rapidement, de nombreux petits groupes vont se former. Après 11 ou 12 kms, nous abordons le pied de la première montée, qui aura pour effet de disloquer le groupe dans lequel j'étais. En haut, alors que nous retrouvons une portion de plaine, avec un fort vent de côté, je rejoins JF, qui était parti devant moi.
Alors que JF assure un relai, je me fais copieusement asperger de boue, en traversant une flaque. Nous continuons ensemble pendant plusieurs km, en nous relayant, avec l'aide d'un autre compagnon.
Le rythme est trop élevé pour JF qui éprouve le besoin de récupérer un peu, et d'un commun accord, je continue seul, lorsque j'arrive en haut de la côte suivante.
Même si mes jambes répondent encore plutôt bien, ma progression est laborieuse, et je n'ai plus la possibilité de bénéficier de relais à présent. Je ne suis franchement pas rassuré, lorsque j'emprunte une route, avec un peu plus de circulation, et un fort vent venant de la droite qui pourrait me faire faire un écart au moment du passage d'un véhicule.
Après une trentaine de kms seul, je me fais reprendre par JF, accompagné d'un petit groupe qui s'est reconstitué au fil des kms. Il a récupéré, et il se sent beaucoup mieux à présent. A l'inverse, je paye les efforts pendant le temps où j'étais seul, et je peine à rester au contact du groupe. Après m'être fait décroché, je profite d'une nouvelle côte pour recoller au groupe. Mais je décroche à nouveau, et dois finalement poursuivre de nombreux kms seul.
Le vent est à présent de face, et je n'imaginais pas pouvoir me retrouver scotché à 12 ou 13 km/h, sur le petit plateau, dans de telles portions de plat.
Nous avons passé la mis course, et je surveille sur mon compteur, le moment où nous allons bifurquer vers l'Est, synonyme de vent porteur, mais celui se fait attendre, avec de longues portions où il est soit de face, soit de côté.
Je traverse le village de Bouville, et alors que j'arrive au pied de la côte du même nom, quelques coureurs sont arrêtés sur le bas côté, occupés à réparer une crevaison. L'un deux me signale avoir 4 clous plantés dans ses pneus. Je comprends immédiatement que c'est l'œuvre d'un imbécile, et j'essaye de rester attentif devant ma roue. Arrivé en haut de la côte, je pense être tiré d'affaire, mais sur la partie plane qui suit, je commence à sentir du mou dans ma roue arrière. Crevaison lente, mais crevaison quand même, et je dois m'arrêter moi aussi pour changer la chambre à air. Un autre cycliste arrive à ma hauteur, je lui explique la situation, et je suis surpris qu'il prenne le temps de discuter avec moi pendant que je suis en train de réparer, mais celui-ci ne faisait pas la course, et il en terminait de sa sortie dominicale.
Je repars. Je rejoins 2 coureurs qui ont eu eux aussi la même mésaventure, et je les laisse dans la côte de Boutigny.
Le vent devient à présent favorable, et je peux à présent retrouver de la vitesse.
J'arrive sur le secteur pavé, peu avant Champcueil. L'entrée du secteur étant un peu gras, je m'y engage avec peu de vitesse, et ai ensuite un peu de mal à retrouver de la vélocité. Les pavés sont différents de ceux des environs de Roubaix, mais ils font leur effet, et je suis content de sortir du secteur, après un bon km.
Peu de temps après, il reste la côte de Champcueil à franchir, avant de retrouver à nouveau un fort vent de face. J'ai un autre concurrent quelques centaines de mètres devant moi, et de bonne guère, nous nous livrons à un duel à distance, chacun luttant contre le vent. Il se retourne régulièrement pour jauger l'écart qui nous sépare, et il réaccélère dès que je commence à me rapprocher, mais je parviens à le rattraper. Beau joueur, il me félicite, et je poursuis ma route, espérant le tirer un peu avec moi, mais il semble avoir trop donné.
Il me reste encore quelques ronds points à passer, et je suis heureux de passer la ligne d'arrivée, malgré mon temps ridicule. Je n'avais jamais connu de telles conditions, et franchement, arriver entier au terme de la course était déjà une petite victoire.
Je retrouve JF, arrivé avant moi, ainsi que JC qui arrivera peu de temps après moi, et qui aura lui aussi eu droit à sa punaise dans le pneu.
En dépit de ces conditions dantesques, cette Jacques Gouin n'aura pas été le meilleur cru que j'ai connu, mais je suis satisfait de l'avoir terminée pour la 7e fois consécutive.
Au niveau de l'organisation, rien à redire au niveau du signalement des carrefours et des bénévoles qui ont bravé les conditions météos. Les repas et packs coureurs étaient tout de même un peu minimalistes, cette année.