jeudi 14 juillet 2016

L'Etape du Tour 2016 : Megève - Morzine

Il n'était pas dans mes plans initiaux de participer à l'Etape du Tour cette année, parce que j'avais à l'esprit une autre cyclo qui a lieu à la même période. Finalement, lorsque le parcours est annoncé en octobre, c'est une belle étape de 146 km, avec 4 cols, et 3700 m de dénivelé positif qui est proposée. Comme elle suscite pas mal d'engouement, auprès de mes amis et collègues, je me laisse finalement tenté, et je signe pour ma 4e Etape du Tour, après celles de 2012, 2014 et 2015.
 
A une semaine de l'évènement, je suis plutôt satisfait de ma forme, après être passé par quelques cyclosportives de préparation, ainsi que la traversée des Alpes à 15 jours de la course.
 
Lorsqu'à 5 jours de l'Etape, ASO nous apprends que le parcours est amputé du col de la Ramaz, pour un parcours qui ne fera plus que 122 km et 2873 m de dénivelé, j'avoue que c'est une grosse déception. Le parcours y perds ses lettres de noblesse, et il n'aura plus le coté "grosse étape" de montagne qu'on pouvait lui prêter les années précédentes. Cela dit, je comprends tout à fait la décision d'ASO, qui est plus liée à une décision préfectorale visant à la sécurité des participants dans la descente du col de la Ramaz, où des éboulements ont eu lieux ces derniers mois.


 
Le parcours est du coup moins sexy, mais tant pis, je participerais quand même, d'autant que la présence du col de Joux Plane contribuera à un final bien corsé.
 
Sur le groupe de 4 inscrits à l'Etape, que nous formions, et qui devaient se retrouver au départ, nous ne sommes plus, à la veille de la course, que 2 participants.
 
L'avant-course
 
Le vendredi, je fais le trajet vers Megève, et me rends à l'altiport pour y retirer mon dossard. Le site est plutôt bien trouvé, avec une piste qui fait office de parking à l'arrivée, et un village en plein cœur de la montagne où il est très agréable de flâner. J'ai l'agréable surprise de croiser Arnaud, il avait participé lui aussi à la cyclo des Grandes Alpes, il y a 15 jours, et je suis sûre qu'il sera dans un bon état de forme sur cette étape lui-aussi.
 
Je prends le temps de regarder l'arrivée de l'étape du jour sur le grand écran, où Thibault Pinot affiche déjà les premiers signes de faiblesse, dans cette première étape des Pyrénées.
 
Je redescends à Praz Sur Arly, où Seb nous avait dégotté un petit appartement très sympa et proche du départ, malheureusement celui-ci n'a finalement pas pu être des nôtres et partager ce WE avec nous. Jean-Philippe me rejoins en fin d'après-midi, nous avons des objectifs différents, lui de la terminer, moi de faire un bon temps, mais nous pourrons nous motiver l'un et l'autre à réussir notre objectif.
 
Le samedi, vers 10h, nous partons emmener la voiture à Morzine qui est distante de Megève de 66 km, pensant être de retour en début d'après-midi. Nous faisons un détour par l'altiport, pour y déposer les vélos au parc du village, et qui nous permettront de rentrer à Praz ensuite.
 
Il n'est pas simple de se garer à Morzine, et nous emmenons la voiture dans l'un des parkings mise en place par ASO, à quelques kms de Morzine, et pour lesquels ils proposent des systèmes de navettes gratuites. 2 participants anglais arrivent eux-aussi, mais décident de tenter leur chance dans l'un des parkings payant de Morzine, et ils nous proposent gentiment de nous redescendre à Morzine. Heureusement, car nous apprendrons par la suite que les systèmes de navettes gratuites n'auront lieu que le jour de la course, ce que ASO n'avait mentionné nulle part.
 
Nous nous restaurons, et nous rendons au village d'arrivée, avec l'intention d'y prendre la navette de retour vers Megève, et que nous avions payée dès l'inscription.
 
Il n'y a aucun membre de l'organisation sur place, et lorsque nous demandons à quelques policiers l'endroit d'où partent les navettes, nous apprenons avec stupeur que ASO a changé ses plans, qu'elles ne partent plus de Morzine, mais depuis Avoriaz, situé bien plus haut. Forcément le téléphérique qui y mène ne sera en marche que le jour de la course, il nous faut donc prendre un bus en direction des Prodains, situés à quelques kilomètres, d'où nous pouvons prendre un autre téléphérique nous emmenant à Avoriaz. Après avoir traversé Avoriaz, nous trouvons le départ des navettes et pouvons enfin repartir vers Megève. Comme rien n'est jamais simple, la navette ne peux se rendre à l'altiport, et nous devrons encore prendre un autre bus plus court pour nous y rendre, récupérer nos vélos, et enfin pouvoir rentrer à Praz Sur Arly. Pfffff, quelle galère, franchement là, ASO mérite le carton rouge! J'ai pas pour habitude de passer pour un râleur habituellement, mais leur gestion des navettes retour, parkings et autres navettes gratuites, c'est du grand n'importe quoi! Ils ont même pas pris la peine de corriger les informations erronées qu'ils avaient mis sur le site, et je peux vous dire qu'on en a rencontré un paquet de gars qui comme nous se sont retrouvés dans la panade...
 
Enfin bref, fin de mon coup de gueule... Nous arrivons vers 20h à l'appartement, et profitons du temps restant pour préparer nos vélos.
 
La course
 
Même si le départ n'a lieu pour moi qu'à 8h, nous devrons être arrivés à Megève avant 7h. En effet, le parcours passant par Praz, nous ne pourrons plus passer lorsque les 1ers coureurs se seront élancés.
 
Je rejoins le SAS 8, et Jean-Philippe le SAS 12, et nous nous souhaitons mutuellement bonne chance.
 
Peu avant 8h, notre SAS est libéré, afin que l'on puisse se placer sur la ligne de départ. A 8h pétante, le départ est donné et les premières notes d'ACDC, "Highway to Hell", retentissent. C'est bon ça, et ça donne un bon coup de boost dès le départ! Le titre est bien choisi, la route nous mènera au col de Joux Plane, où la chaleur et le ressenti seront synonymes d'enfer pour beaucoup d'entre nous.
 
Le départ se fait à bonne allure, mais sans excès. Les premiers km me sont familiers, je les ai déjà empruntés il y a un mois lors de la Time Megève Mont Blanc.
 
2 premières côtes du côté de Flumet, me permettent de vérifier que les jambes sont plutôt bonnes, et je n'hésite pas à remonter quelques places.

Jour de finale de l'Euro, qui verra jouer la France ce soir, quelques participants contribuent à l'ambiance festive et arborent perruques, ou drapeaux accrochés aux vélos, aux couleurs nationales.
 
Nous arrivons à la Giettaz, où démarre véritablement la montée du col des Aravis. La montée n'est pas sévère, et je remonte de nombreux coureurs. Beaucoup semblent se réserver pour la suite, mais l'étape étant courte, je me sens en jambe pour imprimer un bon tempo dès le premier col. D'ailleurs, arrivé en haut, j'ai l'impression, d'après les dossards, qu'il y a à présent plus de cyclistes partis depuis le SAS précédent, 8 mn avant moi.
 
Comme j'en ai pris l'habitude, j'ai scotché l'estimation de mes temps de passage, sur mon vélo, et je note 10 mn de retard sur mes prévisions. Je pense que la densité de coureurs y joue pour beaucoup, n'ayant pas toujours roulé à l'allure optimale.
 
La descente qui suit n'est pas dangereuse, mais la densité de coureurs empêche de se lâcher complètement dans celle-ci.
 
Sitôt arrivé en bas de la descente, au Grand-Bornand, débute la montée du col de la Colombière. Il y a déjà beaucoup de monde en bas, à nous applaudir et à nous encourager. Comme j'en ai pris l'habitude à chaque Etape du Tour, j'ai mis un maillot à pois, ce qui suscite en général des encouragements spéciaux à mon égard, lorsqu'on me voit passer. Je n'ai pas la prétention d'être le meilleur en montagne, mais je prends tous ces encouragements avec un grand plaisir à chaque fois.
 
Par ce côté, la montée du col de la Colombière n'est pas la plus difficile, mais elle se fait progressive sur un peu moins de 12 kms. La chaleur atteins à présent 25 à 26°C, mais il y a un peu d'air, je suis bien, et je n'hésite pas, comme dans les Aravis, à rouler à bonne allure, et à dépasser encore pas mal de monde. En haut, c'est à présent, beaucoup de dossards 5000 ou 6000 qui m'entourent. Un coup d'œil à mes prévisions, j'ai rattrapé mon retard, et je passe même avec 2 mn d'avance. C'est bon pour le moral.
 
Je referme la fermeture éclair, et aborde la descente. Pour une fois, je n'ai pas emporté de coupe vent, les cols n'étant pas situés très haut, et la chaleur étant rapidement présente, il ne sera pas nécessaire de l'enfiler aujourd'hui. La descente est rapide et sinueuse, et passé les premiers km, gendarmerie et pompiers sont déjà à l'œuvre pour signaler ou secourir, les malheureux qui ont chuté dans la descente. Du coup, les ralentissements tendent à regrouper tout le monde dans la descente, incitant à lever le pied, et à ne doubler que lorsque cela deviens possible.
 
Je passe à côté du ravitaillement situé à Scionzier, où j'avais initialement prévu de m'arrêter, mais ayant encore un peu d'eau dans mon bidon, je décide de pousser jusqu'au prochain.
 
Nous abordons à présent, un long faux plat de plus de 30 km, qui viens remplacer la montée / descente du col de la Ramaz, initialement prévu. Je me méfie de cette portion, car il sera très facile de se mettre dans le rouge en voulant suivre un groupe, et de le payer plus loin dans la montée de Joux Plane. Pourtant le petit groupe dans lequel je me situe roule à une allure qui me conviens bien, et où je n'ai pas à faire d'effort superflu.
 
En passant dans un village, un spectateur en voyant mon maillot, m'encourage d'un "Allez le roi de la montagne!", et je me dois de rectifier en souriant: "N'exagérons rien" :-)
 
A Mieussy, je m'arrête cette fois pour un ravitaillement en eau, qui après vérification sur mon compteur, n'aura duré que 2 mn 30. Le timing est toujours en ligne avec mes prévisions.
 
Les kms restants jusqu'à Samoëns se feront tantôt seul, tantôt avec d'autres coureurs, en n'insistant jamais lorsque l'allure commence à devenir trop élevée. Un coup d'œil à ma moyenne, et je me surprends moi-même d'avoir pu maintenir 27.5 km/h sur ces 100 premiers kms, malgré le passage de 2 cols.
 
A Samoëns, j'ai l'air de "Highway to Hell" dans la tête, ça y est, on y est... Nous traversons le village, où beaucoup de gens nous encouragent. La température atteins à présent 31°C, et la pente se cabre très rapidement à plus de 10% dès le premier km. A la faible allure où on commence la montée, les spectateurs ont le temps de lire notre plaque, et ils nous encouragent par notre prénom: "Allez Daniel!", c'est plaisant. Cela-dit, ça n'efface pas la difficulté à monter cette partie, où on est tout de suite face à la réalité.

Je n'ai jamais eu l'occasion de monter le col de Joux Plane à vélo, mais j'ai le souvenir de l'avoir monté avec ma vieille Peugeot 309 en 1997, nous étions 4 à bord, et celle-ci peinait dans la montée. 2/3 jours plus tard, Marco Pantani y signait l'une de ses plus belles victoires.
 
Je monte à mon rythme avec le 34-28. J'avais hésité à mettre plus de dents à l'arrière, j'espère ne pas avoir fait une erreur. Il y a beaucoup de monde, et il n'est pas aisé de se faufiler. La pente se calme un peu ensuite, et j'arrive à trouver mon rythme.
 
Au milieu de la montée, la pente se redresse de nouveau à près de 10% de moyenne, il en sera ainsi jusqu'au sommet. Mon compteur s'emballe même un peu par moment, m'indiquant des pourcentages démesurés, mais je préfère ne pas le croire. Tout le monde avance à présent à vitesse réduite, et je ne suis pas bien à l'aise lorsque je me retrouve bloqué derrière des coureurs, sans moyen de dépasser et obliger de rouler à une cadence très faible. Je ne veux surtout pas m'arrêter, mais il m'est difficile d'aller moins vite. Heureusement, des espaces vont se libérer plus loin, et je vais pouvoir passer et reprendre mon allure.
 
Il n'y a pas d'ombre, il fait très chaud, la température atteindra 37°C par moment. J'ai le maillot grand ouvert et je sue à grosses gouttes. Heureusement, par endroits, certains habitants ont sorti les jets d'eau, et ils nous arrosent généreusement lorsqu'on le souhaite.
 
Cette montée fait mal à tout le monde, et pas mal de coureurs commencent à s'arrêter sur les côtés, profitant des rares coins d'ombre. Je n'oublie pas de boire et m'alimenter, mais je sens des premiers signes de crampe dans les cuisses. Je continue la montée tant bien que possible, mais le 34-28 m'oblige à continuer à rouler en force, alors qu'il me faudrait pouvoir tourner les jambes un peu plus souplement pour récupérer. A 2 km du sommet, les crampes me semblent proches, et je préfère faire un arrêt minute, le temps de bien boire, manger un gel, et faire redescendre le cardio. Je perds 1mn 45 dans l'affaire, mais je pense que c'était une sage décision, car je repars et en termine avec cette montée, dans de meilleures conditions.
 
Début de la descente, avant que la route ne se redresse de nouveau après 2 ou 3 kms, pour monter un autre col (le Ranfolly), mais celui-ci ne fait pas plus d'1 km. On ne vois pas trop son sommet, et je suis bien content d'entendre les spectateurs m'indiquer "plus que 100 m".
 
Voilà, à présent, je peux reprendre la descente de Joux Plane. Il y a un peu moins de monde, mais il faut rester prudent lors des dépassements.
 
J'arrive en bas, et il n'y a plus qu'à tout lâcher dans les rues de Morzine. C'est assez technique avec beaucoup de virages avant de passer la ligne d'arrivée.
 
J'en termine en 5h16, mon estimation (que je pensais assez agressive) étant de 5h20. Donc plutôt satisfait de ma course.
 
Je dépose mon vélo au parc, récupère mon sac, et me rends à la pasta.
 
Jean-Philippe, en termine quelques heures plus tard, très heureux. Cette fois c'est la bonne, et il aura réussi son Etape et franchi l'arrivée lui-aussi.

Nous rentrons à Praz Sur Arly, prenons 2 pizzas au passage, et pouvons enfin souffler devant la finale de l'Euro, avec l'issue malheureuse que l'on connaitra ensuite...
 
Malgré la suppression du col de la Ramaz, ce fut tout de même une belle étape.

Je ne suis pas certain de vouloir remettre ça l'année prochaine, j'essayerais sans doute d'autres cyclos, et il faut dire que l'Etape du Tour demande souvent du temps et une grosse logistique, qu'il n'est pas toujours facile de mettre en place.
 
Quelques chiffres:
 
Col des Aravis (2C)                 6.7 km à 7.0 %
Col de la Colombière (1C)    11.7 km à 5.8 %
Col de Joux Plane (HC)        11.6 km à 8.5 %

Mon temps:                            5 h 16 mn 19 sec
Ma position à l'arrivée:          3079
Le nombre de finishers:       11164
Le nombre de partants:        11471
Le nombre d'inscrits:           15000 
 
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