L'événement vient d'avoir lieu il y a peu de temps, alors afin de garder une trace de tout ça, et avant que ma mémoire ne me fasse défaut, je vais essayer de retracer ici comment j'ai réussi à relever ce défit, en espérant que cet article aidera d'autres amateurs que moi dans leur préparation.
J'ai moi même consulté de nombreux blogs de personnes racontant leur Etape du Tour, ce qui m'a beaucoup aidé, et je me devais à mon tour d'en faire le récit.
Je mentionne beaucoup de détails (peut-être un peu trop), mais c'est cet ensemble de petits détails qui, à mon sens, a pu faire toute la différence.
- Un rêve de gosse
Et oui, tout gamin je regardais le tour à la télé. Il y avait des Hinault, Fignon, Virenque un peu plus tard, et des Voeckler et autre Rolland aujourd'hui, qui m'émerveillent encore dans les étapes de montagne. Le vélo était plus pour moi un mode de locomotion à cette époque, mais je rêvais déjà d'être à leur place, même si j'aurais probablement vite déchanté dès les premiers km de montée. Ma passion pour ces forçats de la route a toujours demeurée, malgré les incessantes affaires de dopage.
Ce rêve, je viens donc de le vivre en participant à l'un des événements qui me tenait le plus à coeur: l'Etape du Tour, en effectuant quelques jours avant les coureurs du Tour de France une étape complète, et qui plus est, l'étape reine des Alpes de ce tour 2012. Ce défit je me le suis lancé il y a un an, et les quelques secondes de bonheur lors du franchissement de la ligne d'arrivée, sont l'aboutissement de nombreux mois de préparation. Franchir la ligne d'arrivée, c'est déjà en soi, et à mon échelle, une petite victoire.
- Mon profil
Il y a à peine 3 ans, je pratiquais encore le cyclisme à un niveau cyclotouriste, c'est à dire le dimanche lorsque le temps et ma disponibilité le permettaient, avec environ 1000 à 1500 kms de vélo dans l'année.
Fin 2009, j'ai commencé par investir dans un Home Trainer, le système qui permet de travailler chez soi, à partir d'une vidéo ou chaque pourcentage de pente est reproduit fidèlement sur le rouleau qui supporte le vélo. Il existe des systèmes plus simples et moins onéreux, mais celui ci offre l'avantage de rendre l'exercice moins monotone et il me permet de conserver ma motivation durant les mois d'hiver.
2010 - J'investis dans un beau vélo Lapierre, tout carbone. Je prends beaucoup de plaisir à rouler avec ce nouveau vélo, et j'effectue mes premières montées de cols au mois d'aout (La Croix de Fer, L'Alpes d'Huez...). Mon ancien vélo (un Giant, avec encore les manettes de changement de vitesse sur le cadre) prendra place sur le Home Trainer où il finira sa vie. Un total de 4000 kms parcourus pour cette année.
2011 - Je hausse le niveau et m'applique à rouler au moins 2/3 fois par semaine sur Home Trainer ou sortie de route.
Je m'accorde une première semaine de vacances dans les Pyrénées au mois de mai afin de monter quelques cols mythiques: Le Tourmalet, l'Aubisque, Hautacam, Luz Ardidden.... Un second séjour au mois d'aout me permet de monter le Mont Ventoux, qui reste à ce jour celui qui m'a semblé le plus difficile. Un total de 6000 kms parcourus pour cette année.
- La décision
C'est en juin 2011, alors qu'allait se courir l'Etape du Tour 2011 (Modane - l'Alpe d'Huez), que je décide que l'année prochaine ce serait mon tour. Il faut dire que cette étape avait de la "gueule" avec la montée du Télégraphe, du Galibier et de l'Alpe d'Huez, et me faisait un peu regretté de ne pas m'y être inscrit. Le prochain parcours du Tour ne sera dévoilé que mi octobre, mais tant pis je serais de la partie quelle que soit l'étape.
Septembre 2011, je tombe sur internet sur un site (Velowire) ou de nombreux passionnés de vélo tentent de déterminer quel sera le tracé du prochain tour de France. En fait, de nombreuses informations, telles que les réservations d'hotel à l'avance par les membres du tour ou de la caravane, ou des fuites de la part de certains élus, ont permis de déterminer assez précisément les villes étapes, et donc d'en déterminer le parcours. Fin septembre le parcours est donc quasiment connu, d'autant qu'une bourde de ASO (l'organisateur du tour) à rendu publique sur son site pendant quelques minutes, le futur tracé du tour, une quinzaine de jours avant la date officielle. Reste encore à déterminer quelles seront les 2 étapes qui seront proposées lors de l'Etape du Tour, mais là aussi, l'information avait été relayé bien avant l'heure sur le site de La Toussuire, la station y mentionnant l'accueil de l'étape pour les pros mais aussi pour les amateurs.
Une fois la seconde étape connue, celle des Pyrénées incluant Aubisque, Tourmalet, Aspin et Peyresourde, je devais donc décider à laquelle je participerais. Le choix de l'étape Alpine s'est fait tout naturellement. En effet, j'avais déjà programmé de passer une semaine dans les Alpes, un mois avant l'épreuve, de façon à monter de nouveaux cols qui m'étaient inconnus, et cette semaine me permettrait notament de m'essayer à la Madeleine et au Glandon. D'autre part, dans l'étape Pyrénéenne, je n'aurais monté que des cols que j'avais déjà monté un an auparavant.
Sitôt les étapes du tour connues, de nombreux articles paraissent dans les magazines où ils y décrivent les parcours. Ils ne manquent pas de rappeler que les 2 étapes seront très difficiles cette année, avec pour chacune près de 5000m de dénivellé. Il fallait remonter à l'étape du Tour de 1998 pour avoir des étapes aussi difficiles avec autant de cols et de dénivellé à passer. Je comprends alors que la tâche ne sera pas facile, mais je ne reculerais pas. A ce moment-là, j'estime mes chances à 50% d'aller au bout, mon seul point de repère étant la plus grosse sortie à ce jour que j'ai faite, dans les Pyrénées, en enchainant le Tourmalet et l'Aspin, soit environ 2000m de dénivellé, et où j'étais déjà bien entammé en atteignant l'Aspin.
Pour ma première participation, et qui plus est ma première compétition, l'objectif sera de franchir la ligne d'arrivée, après si je peux arriver à me positionner vers la moitié du classement, ce sera déjà plus qu'inespéré. Mais bon, je sais que viser un classement peux m'obliger à lacher les chevaux trop tot et peux risquer de tout me faire perdre, alors s'il agira probablement plus d'acquérir de l'expérience cette fois-ci, pour peut-être envisager mieux une prochaine fois.
J'avoue que, au cours de l'année qui va suivre, je penserais très souvent à ce jour qui va se rapprocher de plus en plus. Prenant le métro, et descendant à la station Madeleine, j'aurais forcément une pensée toute particulière pour ce col.
Nous voila en octobre, je dois encore attendre l'ouverture des inscriptions à l'Etape du Tour, mi novembre, mais je sais dorénavant ce que je devrais préparer.
- La préparation
Une saison pour un cycliste se termine généralement vers cette période, mais c'est aussi là que démarre la prochaine saison, même si beaucoup pense souvent qu'on ne la prépare qu'au 1er janvier.
J'ai de la chance, le temps est assez clément en ces mois d'octobre et de novembre, et je peux donc continuer à faire de bonnes sorties le week-end. En parallele, je maintiens un minimum d'une sortie de Home Trainer en cours de semaine. Même si l'objectif est encore loin, je m'y tiendrais et resterais motivé. Je commence par inclure quelques exercices de fractionnement, lors de mes séances sur Home Trainer.
Le matin, je passe 45 mn dans le train, je décide de mettre à profit ce temps, pour y travailler la théorie. Le blackberry du boulot, même si certains sites sont bloqués, me permet d'accéder à de nombreuses informations sur internet, pour déjà déterminer les nombreux axes que j'aurais à travailler pour être prêt le jour J. Régulièrement, je complète mes lectures du matin par des magazines, y compris le Week-end où je prends le temps de lire les articles interessants lorsque je passe devant le rayon presse, tout en faisant mes courses.
Afin de rester motivé tout au long de l'année qui vient, au cours de mes entrainements, je mets en place un calendrier, avec des objectifs intermédiaires: cyclosportives, semaine en montagne, mais aussi des kilométrages intermédiares à atteindre, des temps à atteindre...
J'ai mon rendez-vous chez l'ophtalmo à cette période, sachant que j'avais changé mes lunettes un an auparavant, qu'elles ne sont pas abimées et que ma vue n'a pas bougé, je profite de l'occasion pour me faire faire des lunettes de soleil correctrices, et adaptées à la pratique du vélo. Le modèle qui puisse intégrer mes verres, n'a pas été simple à trouver, mais j'ai finalement opté pour un modèle très bien, protégeant parfaitement les cotés et évitant ainsi au vent de s'engouffrer dans les descentes.
Novembre
Mi novembre, les inscriptions sont ouvertes sur le site de l'Etape du Tour, en rentrant du boulot le soir, je me connecte et m'inscris. Au moment où je cliquerais sur le bouton "Valider", je sais que je ne ferais plus machine arrière.
Pour les 3000 premiers, le tarif est de 75€, pour les suivants de 95€. Je fais parti des 3000 premiers inscrits, mais un rapide coup d'oeil a la liste des inscrits me laisse à penser que les 3000 ont dû être atteints dès le premier jour. Le tarif n'est pas donné, mais je me rendrais compte plus tard que c'est justifié, étant donné toute l'organisation qu'il y a autour. Je profite de l'inscription pour y réserver aussi la navette de retour de La Toussuire vers Albertville, la veille de la course (pourquoi? j'y reviendrais plus tard)
Sur mon vélo, il y a un petit moment que je souhaitais réhausser un peu ma selle, mais je voulais éviter de le faire à l'approche des grands rendez-vous. Je note la position actuelle et la remonte, j'aurais tout le temps d'affiner le réglage ou de revenir en arrière en fonction des sensations que j'aurais pendant les mois qui viennent.
Coté alimentation, je suis conscient que ce sera crucial le jour J, et je me rends compte que même si j'ai l'habitude de boire et manger régulièrement sur le vélo, je bois moins qu'il le faudrait. J'instaure donc un "timing" lors de mes sorties pour boire tous les X temps et j'évalue à la fin la quantité correspondante. Il me faudra plusieurs réglages pour arriver à ce qui correspond à mes besoins. Pour les séances de Home Trainer, je bois toutes les 5mn, ce qui correspond à 0.750 L / H, et pour la route, pour les circuits types autour de chez moi, je bois tous les 4 kms (mon compteur ne me permettant pas d'afficher le temps en même temps que le kilométrage), ce qui correspond à 0.5 L / H. A noter, que les dépenses hydriques sont beaucoup plus importantes sur Home Trainer. Après, tout ça n'est qu'une base, et si j'oublie de boire une gorgée, je peux en boire 2 la fois d'après. De même qu'en fonction de la difficulté, de la chaleur ou d'autres paramètres, je peux augmenter la quantité. Pour l'Etape, ce sera plus de l'ordre de 0.750 L par heure.
Pour l'alimentation solide, j'en profite pour essayer diverses barres énergétiques. Il faudra que le modèle retenu soit bien testé, afin d'éviter d'essayer un truc au dernier moment que je digérerais mal.
Décembre
Les conditions météos se sont dégradées, je devrais me contenter de rouler sur Home Trainer, j'en profite pour aborder un travail de force et de vélocité. Toujours en conservant une première partie d'échauffement, je n'hésite pas à me faire mal, et je ferais même 2 ou 3 séances où je n'aurais plus assez de jus pour aller au bout.
Janvier
Les fêtes sont passées, bien que j'ai continué à rouler régulièrement, j'ai repris un peu de poids et il faut à présent me soucier de revenir au poids idéal dans quelques mois, idéalement pour mon premier rendez-vous en juin dans les Alpes. L'objectif est de redescendre à 65 kgs, soit perdre 5 kgs.
Mon boulot me permets de manger à la cantine le midi, et jusque là, la formule étant forfaitaire, le prix était le même pour un plat que pour un plat et 3 accompagnements, ce qui incitait à manger plus que de raison. Heureusement, au 1er janvier, la cantine est repris par un autre groupe et la formule devient à la carte. J'en profite pour m'aménager un repas type avec salade, plat avec du poisson et fruit en dessert. Ce type de repas m'accompagnera pendant de long mois et je ne ferais que rarement exception. Je m'accorderais juste un peu plus de variété le week-end.
Le résultat est sans appel, et je perdrais en moyenne 500g tous les 15 jours, jusqu'à redescendre à 64 kgs fin mai (je reprendrait un kg suite à ma semaine alpine, mais principalement en muscle, enfin je crois)
Les conditions climatiques se sont améliorées, et je reprends les sorties sitôt janvier, pour atteindre progressivement les sorties de 100kms le week end, tout en commençant à donner un peu plus d'agressivité à mes sorties.
Pour travailler le gainage, j'incluerais dorénavant quelques séries d'abdo (quand j'y penserais à vrai dire) avant de me coucher le soir, sur le dos, en remontant le haut du corps.
Février
Conditions hivernales, neige, froid... je dois me résoudre à rouler exclusivement sur Home Trainer.
J'en profite pour changer quelques pièces maitresses sur mon vélo, afin que celles-ci ne soit ni complètement usées le jour J, ni trop neuves et non rodées: pneus, chaine, patin de frein, calles de chaussure. Je note leur kilométrage, afin de controler plus facilement leur usure la prochaine fois.
Mars
Début mars, a lieu le prologue du Paris-Nice, non loin de chez moi, à St Rémy Les Chevreuse. A cette occasion, le conseil général des Yvelines organise une randonnée cyclotouriste la veille du prologue. Je profiterais de cette occasion pour effectuer une sortie en groupe et me préparer aux cyclosportives que j'ai prévu dans la suite de mon programme. Malgré quelques averses sur la fin, j'ai beaucoup apprécié cette rando, et même s'il n'y avait pas de chrono, j'ai eu la chance de rouler avec un groupe de 7/8 courreurs d'un bon niveau, et où l'allure était bien menée.
Pour mes sorties suivantes, les températures s'améliorant, j'en profite pour continuer à hausser mon niveau. Coté Home Trainer, je passe à présent à 2 sorties hebdomadaires, et les sorties de routes incluent à présent le maximum de côtes possibles.
A l'inverse, il me faut aussi, bien planifier les périodes de récupération. Il ne s'agit surtout pas d'être complètement cramé lorsqu'arrivera le mois de juin, alors j'essaye de placer quelques semaines où l'entrainement sera plus light, et j'essaye d'adapter les circuits en fonction de l'état des jambes, avec des séances de Home Trainer moins poussées lorsque la sortie du Week-End a été difficile.
Je profite d'une semaine de vacances, pour me rendre chez mon médecin, et lui faire remplir un certificat médical de non contre indication à la pratique du sport de compétition, précieux sésame qui me sera demandé lorsque je récupérerais mon dossard lors de l'étape du tour. Pendant cette semaine, je récupère le parcours de la Blé d'Or sur internet, cyclosportive à laquelle j'ai décidé de participer sur le parcours de 95 kms, et m'entraine plusieurs fois sur le parcours. Une des sorties me vaudera d'ailleurs un bon rhume, ayant roulé la moitié du temps sous les averses de pluie et de grèle.
Avril
Nous sommes le 15 avril, je suis à Chartres pour participer à la Blé d'Or, ma première cyclosportive. Je sais que je serais probablement loin dans le classement, mais je veux profiter de cette cyclo, pour me faire une petite expérience de la compétition avant d'arriver sur l'Etape du Tour. Le départ est donné, dès les 100 premiers mètres une première chute devant moi, mais je ne me laisse pas impressionné et je continue, en faisant attention aux autres. Après une première côte, le peloton s'étire, et nous voila à présent un groupe d'une petite dizaine de coureurs. C'est parfait, je me dis que le plus dur est fait et qu'il faudra à présent rouler au gré des différents groupes qui se reformeront. Après 5 kms de course, et au moment de passer un petit pont, je suis soudainement incapable de suivre l'allure de mon groupe, alors que les jambes me semblaient bonnes et que personne ne semble avoir accéléré. Une fois distancé, j'entends alors le frottement de ma roue sur mon cadre. Je m'arrête, remonte la roue sans comprendre et repars, même problème. Là, je réalise que le cadre de mon vélo vient de céder, et la patte qui maintient la roue est coupée nette au niveau du cadre, irréparable. C'est le drame !...
Tant pis pour la Blé d'Or, mais la semaine de préparation dans les Alpes et l'Etape elle-même me semblent tout à coup fort compromises, à cette période de l'année. Je dois faire une croix sur la Vélostar, autre cyclosportive à laquelle j'avais prévu de participer 15 jours après.
Mai
Le vélo est toujours en réparation, et j'essaye de compenser le volume sur Home Trainer. J'en profite, pour inclure une montée du col de Peyresourde sur Home Trainer, chaque semaine, et en travaillant à différentes allures.
je récupère finalement mon vélo mi mai, un mois après sa casse. Heureusement, le cadre étant encore sous garantie, je m'en tire sans frais.
Le week-end qui suit a lieu une randonnée organisée par le conseil général d'Eure & Loir, et qui permet d'effectuer le parcours du contre la montre qui aura lieu la veille de l'arrivée du Tour: Bonneval - Chartres. J'y participe, et lorsque chacun accélère et les groupes se forment, je me retrouve finalement esseulé entre 2 groupes. Après avoir résisté 15 kms, vent de face, je me fait reprendre, et je dois me contenter de suivre l'allure du peloton ensuite.
Je dispose de peu de sorties avant de partir dans les Alpes, alors pour les sorties suivantes, j'attaque directement par des sorties de 150 à 170 bornes avec beaucoup de dénivellé, et peu importe s'il pleut. Heureusement, la forme est encore là.
Juin
2eme semaine de juin, me voila arrivé sur mon camp de base, à Briançon. Beaucoup de grosses sorties de prévues, le but de la préparation étant d'enchainer plusieurs cols à chaque fois, de façon à valider mon allure, mon alimentation, et bien d'autres paramètres. J'enregistrerais les détails du parcours sur mon compteur de toute façon, pour les analyser ensuite.
Pour ma 1ere sortie, j'ai prévu d'enchainer 2 hors catégories: le col d'Izoard et le col d'Agnel. La voiture est stationnée au pied des 2 cols, de façon à assurer le ravitaillement après la première montée. La montée du col d'Izoard se passera bien , sous un soleil radieux. J'attaque ensuite le col d'Agnel, je monte régulièrement et arrive à 6 kms de la fin du col, la partie la plus dure. C'est là qu'apparaissent les premières crampes, je fais tous mes efforts pour continuer à m'alimenter et à boire, mais c'est trop tard, les crampes ne me lacheront plus jusqu'au sommet, et je lutterais au mental, en gémissant à chaque crampe, mais je tiendrais malgré tout jusqu'au bout s'en mettre pied a terre.
L'analyse de mon compteur me fera comprendre par la suite, que j'ai mal géré la montée de l'Izoard, probablement trop euphorique, et j'aurais dû me contenter de monter plus modestement. Ce type d'erreur m'aurait probablement coûter un abandon sur l'Etape du Tour, puisqu'il m'aurait été impossible d'enchainer d'autres cols derrière. L'enseignement de cette sortie aura donc été très important. La descente de l'Agnel a été ensuite tout aussi difficile, puisque la pluie et le vent se sont invités, et j'ai dû descendre à petite vitesse, complétement frigorifié.
Une des autres sorties que j'avais prévu durant cette semaine, était l'enchainement du col de la Madeleine et du col du Glandon, à la différence près que je devais monter la Madeleine par l'autre versant que celui que j'aurais à monter le jour de l'Etape du Tour. Je l'avais callé après ma journée de repos de façon à être opérationel. Là, je me suis efforcé de maintenir mes pulsations cardiaques au bon seuil, et à boire très régulièrement, sans jamais chercher à accélérer. J'attaque ensuite le Glandon, là aussi, je dois éviter de me mettre dans le rouge dans le début, les forts pourcentages se trouvant dans la seconde partie du col. La fin du col est effectivement très raide et semble interminable, mais j'atteinds le col, en bon état, et avec encore ce qu'il faut dans les jambes pour pouvoir continuer. J'en resterais la tout de même pour cette fois, même s'il faudra compter avec 2000m de dénivellé supplémentaire le jour J. Les dosages entre les différents paramètres, me semblent les bons, et je m'efforcerais de les appliquer. Du coup, ma cote de confiance remonte.
Les montées suivantes du Galibier, une fois par le Lautaret, et le lendemain par le Télégraphe, me permettront de faire de nouvelles répétitions et de m'assurer que je serais au point.
Durant cette semaine, j'aurais monté 10 cols pour un total de 11600 m de dénivellé, soit un peu plus du double de ce que j'aurais à faire en un jour.
Mes cales de chaussures seront mortes à l'issue de cette semaine et je devrais les changer dans l'urgence.
Afin de récupérer, la semaine suivante a été plus light, et j'ai repris des sorties de col sur Home Trainer et des sorties de 150 kms le week-end, ensuite.
Ca va en surprendre plus d'un, mais bien que je suis décidé depuis un an, c'est à seulement 15 jours de l'Etape, que je me décide à en parler autour de moi, rares étant ceux qui étaient au courant jusque là. Je voulais vraiment éviter une pression supplémentaire, et à vrai dire, certains commentaires (même s'ils partaient d'un bon sentiment) pendant ces 15 derniers jours (voire après l'Etape), m'ont confirmé que c'était la meilleure chose à faire. Si dans mon entourrage, quelqu'un avait déjà effectué ce type d'épreuve, je l'aurais écouté bien volontier, mais je préferrais m'en remettre à mon expérience personnelle et aux nombreuses informations que j'ai étudiées au cours de mes lectures, et testées depuis plusieurs mois. Enfin voilà, c'est dans ma nature, et si j'avais échoué, au moins je n'aurais eu à m'en prendre qu'à moi-même.
Juillet
Nous voila à une semaine, de l'événement. Il s'agit alors de se reposer, de boire et s'alimenter pour faire ses réserves avant la course.
- Les derniers jours précédents la course
J'avais dès mon inscription en novembre, réservé au camping municipal d'Albertville (les hotels ayant déjà été pris d'assaut dès l'annonce des étapes du tour un mois auparavant). Je prends donc la route dès le vendredi pour me rendre à Albertville, et je m'installe au camping et y monte ma tente. Heureusement que j'avais réservé, certains tentaient encore leur chance le jour même, mais ils étaient refusés.
C'est le début d'après-midi, j'ai encore le temps de me rendre au village du tour afin de repérer les lieux et de retirer mon dossard et les divers cadeaux qui sont offerts aux participants (sac à dos, T Shirt et bandana estampillés de l'étape du tour, et autres babioles). Il y a déja beaucoup de monde, et le retrait du dossard n'est qu'une pure formalité à partir du moment où on a pas oublié d'imprimer la confirmation d'inscription, ainsi que le certificat médical.
J'en profite pour faire le tour des exposants et regarder la fin de l'étape qui est diffusée sur l'écran géant.
Samedi, il me faut emmener ma voiture à La Toussuire. Contrairement aux autres cyclos qui font une boucle, là il me faudra un moyen de transport pour rentrer à Albertville une fois la course terminée. Je n'oublie d'ailleurs pas de laisser des affaires de rechange ainsi qu'une paire de chaussures dans mon coffre, afin de pouvoir conduire plus aisément au retour. Avant de partir à La Toussuire, je me rends au village en vélo, et le dépose sur le parc gratuit qui a été prévu et qui est surveillé, et je rentre au camping, à pied. Inutile de prendre le risque de me faire voler mon vélo en le laissant au camping en mon absence.
Je prends donc la route pour La Toussuire, et j'en profite pour analyser cette montée, que j'avais faite en voiture 3 ans auparavant mais dont j'avais un peu oublié la longueur et certains passages. Je trouve un endroit tout prêt de la ligne d'arrivée ou je dépose ma voiture, même si je dois ramper une fois la course terminée, au moins il n'y aura pas loin. J'en profite pour manger un morceau, et je me rends sur le lieu où ont été affraités des cars par ASO, et qui nous reconduiront à Albertville. Nous voila donc reparti dans l'autre sens, et après près d'une heure et demi de route, nous voila de retour sur le village de l'étape à Albertville.
J'assiste au tirage de la tombola, c'est très long, comme beaucoup de concurrents ne sont pas présents, les tirages s'enchainnent plusieurs fois avant que le lot soit gagné.
Il fait très chaud, je fais un saut au stand de Skoda qui distribue des bobs, j'ai l'air un peu ridicule avec ça sur la tête, mais s'il peut m'éviter l'insolation et d'être mal le lendemain, alors tant pis pour mon look.
Je regarde ensuite l'arrivée de l'etape du jour sur l'écran géant et me rends ensuite à la pasta partie qui se déroule à coté dans le gymnase. Le menu est assez sommaire: un plat de pâtes (bolognaise ou carbonara), une bouteille d'eau et une pomme. Qu'importe, le menu aurait probablement été le même si j'avais mangé au camping.
Après le repas, je récupère mon vélo déposé le matin au parc à vélo, et retourne au camping.
Je profite des dernières heures pour monter ma plaque sur le vélo, effectuer quelques réglages, et préparer ma tenue. Il s'agit de bien s'assurer que tout ce que j'ai besoin d'emmener rentrera dans mes poches. Il faut que j'emmene des petits sachets de poudre isotonique que j'avais préparé au préalable, afin de les mélanger à de l'eau lorsque je referais le plein de mes bidons. Il me faut aussi des gels et des barres énergétiques, ainsi qu'un peu de place pour le coupe vent que j'aurais besoin d'enfiler dans les descentes.
Je me couche assez tôt, le lendemain il faudra que je sois debout un peu avant 5h00.
Le réveil sonne, je me lève avec l'impression d'avoir bien dormi et d'être bien révéillé. J'avais réussi à m'endormir sans être stressé, c'est déjà ça. J'écoute au dehors, aïe, il pleut... Un exposant m'avait confié la veille qu'il fallait s'attendre à de la pluie dans la montée de la Madeleine, il a l'air d'avoir raison. Tant pis, je ne vais pas flancher maintenant. Malgré la pluie, il ne semble pas faire trop froid, aussi je ne change rien à ma tenu, je resterais en court, et mettrais le coupe vent au départ. Par contre, je décide d'ajouter les sur-chaussures, si jamais il devait pleuvoir toute la journée, il vaut mieux garder les pieds au sec. Je rajoute aussi une paire de sous gants dans une de mes poches au cas où.
Une rapide toilette, et je prends le temps de prendre mon petit déjeuner, sans que ce soit trop copieux, mais avec ce qu'il faut pour démarrer.
Je pars du camping et prends la direction du départ. Je dépose mon sac avec mon N° au camion prévu à cet effet, je pourrais ainsi le récupérer à l'arrivée.
Il continue à pleuvoir. A coté, j'entends un type râler, il avait apparamment fait l'étape de St Flour l'année précédente, où il avait déjà plu abondemment, et il ne pensait pas possible que le sort puisse s'acharner 2 fois de suite. Moi j'attends ce jour depuis un an, je partirais coùte que coùte, après on verra.
Par rapport au nombre d'inscriptions initiales, la pluie aurait finalement découragé 2 à 3000 coureurs.
J'arrive au SAS N°7, dans ce SAS, il n'y a en principe que des gens comme moi qui font l'étape pour la première fois, ou alors d'autres qui je suppose, n'ont pas réussi à aller au bout lors des précédentes éditions et qui retentent leur chance.