lundi 15 juin 2015

Les 3 Ballons 2015

Bien sûre, je ne tiendrais pas de brèves de comptoir sur ce blog, pour y discuter ballon de rouge, de rosé et de blanc... Non rien de tout ça, ce nom évoque tout simplement l'une des plus belles cyclos, se déroulant au cœur des Vosges, et dont le tracé relie le ballon de Belfahy, le ballon d'Alsace et le Grand Ballon.
Son ratio distance/dénivelé (213 km pour 4300m de dénivelé) la classe parmi les plus dures de France, juste derrière la Marmotte.

J'ai coché cette épreuve de longue date, et j'en ai fais l'un des principaux objectifs de ma saison.


 
En étudiant le parcours, et en estimant le temps dans lequel je suis capable de le réaliser, je me rends compte que je ne suis pas très loin du temps pour obtenir le brevet d'or, soit 9h40.
Le parcours sera long et difficile, avec de nombreux raidars où il ne faudra pas faiblir, je pense ce défi audacieux, mais ce sera une bonne source de motivation durant l'épreuve. J'établie un plan de route, avec les heures de passages aux cols, et le fixe à l'avant de mon vélo, pour mémo.

Pour le logement, j'ai réservé dès le début de saison un emplacement au camping de Luxeuil Les Bains, où se tiendra le départ.

Arrivé sur place le vendredi, je retire ma plaque de cadre et en profite pour visiter un peu Luxeuil. Les 3 Ballons, sont semble t'il, une fierté pour les habitants, et les commerçants n'hésitent pas à afficher leur soutien à l'épreuve par des T Shirts ou vélos dans les vitrines. Je me sens en tout cas bien mieux accueilli qu'à Beaumes de Venise l'an dernier. La ville n'est pas doté de nombreux parkings, c'est pourquoi l'organisation a judicieusement placé l'arrivée à Raddon et Chapendu, à 7 km de là.

Il va pleuvoir toute la nuit précédant l'épreuve, mais heureusement, lorsque je me lève un peu après 5h, il s'arrête de pleuvoir. Le temps ne s'annonce pas aussi ensoleillé pour autant, je glisse tout de même une veste de pluie dans l'une de mes poches.

J'arrive au départ. Il n'y a, à vrai dire, que très peu de français, la plupart sont belges ou hollandais, comme à la Marmotte.

A 7h15 le départ est donné, et sitôt, les quelques carrefours traversés pour sortir de Luxeuil, nous retrouvons de la ligne droite. Je vois déjà de nombreux coureurs me dépasser à fond, de mon coté, je me contente de suivre l'allure sans faire d'efforts inutiles.

Après une vingtaine de kms, une première côte de 4 kms, qui se passe sans encombre. Déjà, plusieurs concurrents sont victimes de crevaisons, la pluie ayant probablement charrié de nombreux gravillons sur la route, durant la nuit.
 
Nous sommes assez nombreux et arrivons ensuite au pied du col des Chevrères, l'épouvantail de la journée. Les premiers kms de montée ne sont pas trop durs, mais ça se corse sur les 3 derniers, où on sera toujours au dessus de 10%, avec des pointes allant jusqu'à 15%. Tout le monde est dans le dur et s'efforce de monter sans fléchir. La montée est rendu particulièrement difficile, par une route assez étroite, et par le nombre important de participants à cet endroit, où il est très difficile de doubler. Quelqu'un devant moi, a des problèmes de dérailleur, il a du mal à passer sa vitesse, se retrouve à l'arrêt en équilibre, et oscille dans ma direction. Je lui crie dessus pour manifester ma présence, ce qui a pour effet de le faire osciller dans l'autre sens, et il finit par tomber. Tel que ça se présentait, un de nous deux (voire les 2) allait se retrouver à terre, avec les pires difficultés ensuite pour repartir, je préférais que ce soit lui :-)
 
Le sommet est atteint, c'est ce col d'ailleurs qui marque la proximité avec le col de Belfahy. Un coup d'œil à mes prévisions, j'ai 5 mn d'avance. Il y a un ravitaillement, mais je ne m'arrête pas, ayant assez pour aller jusqu'au suivant.
 
Après la descente, je roule avec un groupe assez conséquent, et nous abordons la montée du ballon d'Alsace. Des 3 montées possibles, c'est le côté le moins difficile, et c'est vrai qu'il est assez roulant, mais il faut tout de même composer avec une montée de plus de 10 kms à 5% qui pèsera en fin de parcours.
 
Je m'arrête au ravitaillement, peu après le sommet. J'en suis à présent à 10 mn d'avance sur mes prévisions.
 
Il ne fait pas trop chaud, et l'air est plutôt humide, mais je fait une bonne descente, en m'efforçant de pédaler un peu dès que c'est possible. Je me fais une petite frayeur, lorsque j'évite in extremis une pierre, à peine plus gros qu'un œuf, au milieu de la route, alors que je suis lancé à pleine vitesse.
 
Nous attaquons le col du Hundsruck, 9 kms assez roulant également. Mon avance sur l'horaire se porte à 20 mn en haut.
 
Le col suivant, c'est le gros morceau de la journée, le Grand Ballon, et ses 15 kms de montée. Jusqu'au col Amic, où l'on retrouve la route des crêtes, la pente y est régulière, et j'arrive à atteindre ce repère malgré la fatigue qui commence à peser. A partir du col Amic et pour les 6 derniers kms, on sera en moyenne sur du 8% de pente. Je commence à souffrir, et je me dis que j'ai sans doute sous-estimé ce col dans mes prévisions. L'envie de s'arrêter est forte, mais j'essaye de faire abstraction de la fatigue, pour tenir bon jusqu'au bout. J'arrive au col, vidé de mes forces. Je suis pile poil dans mon horaire, j'ai perdu mes 20 mn de marge mais ça reste jouable.
 
Arrêt au ravitaillement, il faut faire la queue pour remplir les bidons, et je perds encore de précieuses minutes. Je profite de la descente pour bien tourner les jambes et chasser les toxines.
 
Nous attaquons le col d'Oderen, j'ai retrouvé mes jambes, et hormis une petite rampe vers la fin, je fais une montée correcte. 10 mn d'avance sur mes prévisions en haut du col.
 
Le plus dur est fait et il reste encore 2 montées, dont le nom m'est inconnu et que j'identifie comme le col du Ménil et le col des Croix.
 
Alors que je suis avec un petit groupe de coureur, nous passons le col du Ménil, sans faire la moindre ascension. Là, je réalise, qu'il ne s'agit pas de la montée que j'attendais, et je n'ai plus vraiment de repères quant à la fin du parcours.
 
Nous montons le col des Croix, 4 kms, et arrivé en haut, je suis heureux d'avoir monté ce que je crois être le dernier col.
 
Nous redescendons, et arrivé à l'entrée de Servance, un signaleur nous fait prendre une petite route à droite. Horreur, cette route est un véritable mur qui démarre d'entrée à 12%, et je dois faire craquer ma chaine pour repasser illico petit plateau, grand pignon. En haut de cette côte, le dernier ravitaillement du parcours, mais je fais l'impasse.
 
Malheureusement, ce mur n'était que le hors d'œuvre, car dans sa continuité, on retrouve la dernière montée (celle que j'avais pris initialement à tort, pour le col des Croix), et là encore les pourcentages sont démesurés, avec de nombreux passages à 15%. Virage après virage, j'espère que c'est la fin, ou tout du moins que les pourcentages redeviendront plus raisonnables. Le moral dans les chaussettes, j'attends un passage à 10% plus doux (si on peux s'exprimer ainsi), et je m'arrête. C'est la première fois de la journée que je pose pied dans une ascension,  je n'ai aucune idée de la longueur de cette montée, et mes espoirs sont en train de s'envoler. Je ne m'attarde pas pour autant, je bois un coup, absorbe un gel, et je repars face à la pente. Environ 1 km après, j'atteins le sommet. Après une courte descente, encore quelques kms de montée, mais cette fois avec une pente plus raisonnable. 
 
Cette fois, c'était bien la dernière montée, d'après le kilométrage restant, il ne faudra pas trainer si je veux me maintenir dans les temps.
 
Nous retrouvons la région des milles lacs empruntée le matin, et il faut malgré tout passer quelques petits raidars en force.
 
La fin sera plus cool, avec un peu de descente, et un final sur le plat, où il faudra cependant affronter le vent qui souffle dans la vallée.
 
Je passe la ligne d'arrivée à Raddon et Chapendu. Un coup d'œil à mon chrono, c'est gagné, j'ai atteins mon objectif, avec un temps final de 9h27, pour l'obtention du brevet d'or.
Un vieil adage cycliste dit que le temps mis sur les 3 Ballons, corresponds à celui mis sur la Marmotte, ce qui dans mon cas correspondrait à une amélioration de plus d'une heure par rapport à ma participation en 2013. A vérifier.
 
Les 7 kms par la route, pour retourner à Luxeuil, ne seront qu'une formalité. La route est rectiligne et sans difficulté.
 
Une cyclo qui m'aura fait souffrir, mais que j'ai beaucoup appréciée malgré tout. L'organisation était au top, et le cadre de la cyclo somptueux.
 
Les chiffres:
 
Temps:                                          9h27:10
Classement:                                  1355 / 2378
 
Col des Chevrères (916 m)          10.3 km à 5%
Ballon d'Alsace (1171 m)            12.4 km à 5.2%
Col du Hundsruck (748 m)          8.7 km à 3.9%
Grand Ballon (1343 m)                16.0 km à 6%
Col d'Oderen (884 m)                  7.0 km à 5.6 %
Col des Croix (679 m)                 4.1 km à 4.5 %
Côte de Beulotte St Laurent (?)   4 km à 12.2 % + 3.4 km à 2.6 %

La Vidéo:


lundi 1 juin 2015

BRM 400 Km - Longjumeau 2015

A l'occasion de Paris-Brest-Paris qui est organisé cette année, comme tous les 4 ans, de nombreux BRM (Brevet de Randonneurs Mondiaux) sont organisés tout au long de l'année à travers la France. Quiconque veux prétendre à se lancer dans l'aventure d'un Paris-Brest-Paris doit tout d'abord valider plusieurs brevets qualificatifs de 200, 300, 400 et 600 kms.
 
En ce qui me concerne, cet immense défi n'est pas encore prévu cette année, mais j'ai souhaité profiter de cette opportunité, pour m'essayer à de la longue distance. J'avais déjà franchi la barre des 300 kms, c'est donc en toute logique que je me suis orienté vers ce brevet de 400 kms.
 
 
 
Il ne s'agit pas d'une course, et chacun est libre de rouler à son allure, à partir du moment où il a effectué la totalité du parcours, et qu'il a pointé les différents contrôles répartis sur le parcours.
Pour moi, ce sera un test intéressant, me permettant d'effectuer pas mal de bornes, en grande partie de nuit, et me permettant de vérifier ma condition physique face à la fatigue et à la durée passée sur le vélo. Le parcours ne comporte pas spécialement de difficulté, en dehors de sa longueur.
 
J'ai dû pour l'occasion acheter un peu d'équipement: un compteur GPS, un gilet réfléchissant, de bonnes lampes avant et arrières, des jambières...
 
Le départ a lieu à Longjumeau à 16h, et je me rends une heure plus tôt afin de m'inscrire et de préparer mon vélo. On nous fourni le road-book, notre carte de route, et on nous indique pour les différents points de contrôles, comment valider le passage en ces lieux.
 
Les vélos sont contrôlés et nous voilà ensuite lâchés dans la nature. Il y a des vélos de toutes sortes, chacun ayant ses combines pour y loger tout se dont il a besoin.
 
Nous voila donc partis pour ce long périple, l'allure n'est pas excessive et me convient bien. Nous formons rapidement un petit groupe d'une vingtaine de coureurs.
Il fait beau, mais nous roulons contre le vent. Quelques côtes pour sortir de l'Essonne, mais rien de très pentu.
 
Nous avançons à travers la Beauce, et arrivons au premier point de contrôle, après 110 km de route. Nous tamponnons nos cartes à l'auberge, et refaisons le plein de nos bidons. Il est proche de 20h, et une partie du groupe, fait une halte pour manger.
 
Je repars avec le reste du groupe, nous ne sommes plus que 10. A l'avant du groupe certains assurent un tempo idéal, ni trop, ni pas assez rapide, et nous progresserons efficacement.
A 22h, nous ne sommes plus très loin de Blois, mais il nous faut déjà allumer les lampes sur le vélo. Arrivé à Blois, nous arrêtons au Mc Do. Il ne s'agit aucunement de se gaver d'un double cheese burger, mais de faire tamponner nos cartes de route. Nous en profitons aussi pour enfiler quelques affaires pour la nuit. Il ne fait pas encore très froid, mais l'un des membres du groupe, qui a déjà 4 Paris-Brest-Paris à son actif, nous conseille vivement de nous habiller chaudement, car la nuit sera fraiche, ce que tout le monde fera sans broncher.
 
Nous repartons, la traversée de Blois, nous procure quelques hésitations, mais les GPS nous sont d'une grande utilité. J'en profite pour allumer le mien, la batterie devant à présent être suffisante jusqu'à la fin, malheureusement l'ayant acheté une semaine auparavant, je ne l'ai pas encore bien en main, celui-ci s'éteignant automatiquement après quelques secondes. Bon, il faudra que je fasse plus attention la prochaine fois, en attendant, il vaut mieux que je sois capable de suivre le groupe, sinon il me restera le road book au cas où je me retrouverais tout seul.
 
Il fait à présent bien nuit, la lune nous éclairant quelque peu. Nous traversons la Sologne, de longues lignes droites et plates à n'en plus finir. Lors de traversée de village, je profite de l'éclairage urbain pour lire mon compteur ou regarder l'heure. C'est dingue comme le temps passe moins vite la nuit!
Cela dit, nous maintenons notre allure, chacun restant bien concentré sur celui qui le précède.
 
Nous arrivons à Vannes Sur Crosson pour le 3e contrôle. A cette heure de la nuit, personne pour pouvoir valider notre passage, aussi la photo de la pancarte de l'entrée du village fera office de "preuve" à notre retour. Dans le village, une fontaine, nous permettra de remplir les bidons.
 
Nous repartons, 260 km dans les jambes, mais jusque là les organismes tiennent le coup, et tout le monde est encore éveillé et attentif.
 
Nous arrivons au point de contrôle suivant, la boulangerie de Bazoches Les Gallerandes. Le boulanger est prévenu de notre arrivée, il ouvre normalement à 5h, mais il est 4h40. Ce dernier nous entends depuis son fournil et il vient nous ouvrir. Il remplit nos cartes, et nous lui achetons des pains au chocolat tout chaud. Voilà un délice qui se mérite! Nous ressortons de la boulangerie, et devons faire face à la réalité de nouveau: il fait un froid de canard dehors à cette heure!
 
Quelques kilomètres de route, et nous voilà un peu plus réchauffés. D'ailleurs le jour ne tarde plus à se lever, et c'est déjà un premier sentiment de victoire que d'avoir pu braver la nuit.
 
Le 5e et dernier point de contrôle se situe à Authon La Plaine, après 350 km de route. On doit faire pointer nos cartes dans le bar restaurant, mais là encore, nous sommes en avance sur l'horaire et celui-ci n'est pas encore ouvert. Même si nous passons à côté de l'occasion de prendre un bon café, une photo de l'établissement nous permettra de valider notre passage.
 
Les 50 derniers kilomètres se feront toujours à bonne allure, et nous retrouverons quelques bosses sur la fin que l'on arrivera à passer grouper. Il est 8h, et nous sommes le premier groupe à arriver à Longjumeau, mais encore une fois, ce qui prime avant tout c'est la satisfaction d'avoir réaliser un beau et long périple tous ensemble. J'en profite d'ailleurs pour remercier tous ceux avec qui j'ai rouler, et qui m'ont permis de prendre autant de plaisir sur mon premier BRM.
 
J'ai un peu mal partout, mais je me sens plutôt bien. J'ai tiré de nombreux enseignements, et je note déjà de nombreux points d'améliorations si je devais participer de nouveau à un tel événement.
 
Maintenant, dans les années à venir; il y a fort à parier que je monterais la barre un peu plus haut, en me lançant d'autres défis, et qui sait, peut-être que dans 4 ans, je serais au départ de mon premier Paris-Brest-Paris, affaire à suivre...