Bien sûre, je ne tiendrais pas de brèves de comptoir sur ce blog, pour y discuter ballon de rouge, de rosé et de blanc... Non rien de tout ça, ce nom évoque tout simplement l'une des plus belles cyclos, se déroulant au cœur des Vosges, et dont le tracé relie le ballon de Belfahy, le ballon d'Alsace et le Grand Ballon.
Son ratio distance/dénivelé (213 km pour 4300m de dénivelé) la classe parmi les plus dures de France, juste derrière la Marmotte.
J'ai coché cette épreuve de longue date, et j'en ai fais l'un des principaux objectifs de ma saison.
En étudiant le parcours, et en estimant le temps dans lequel je suis capable de le réaliser, je me rends compte que je ne suis pas très loin du temps pour obtenir le brevet d'or, soit 9h40.
Le parcours sera long et difficile, avec de nombreux raidars où il ne faudra pas faiblir, je pense ce défi audacieux, mais ce sera une bonne source de motivation durant l'épreuve. J'établie un plan de route, avec les heures de passages aux cols, et le fixe à l'avant de mon vélo, pour mémo.
Pour le logement, j'ai réservé dès le début de saison un emplacement au camping de Luxeuil Les Bains, où se tiendra le départ.
Arrivé sur place le vendredi, je retire ma plaque de cadre et en profite pour visiter un peu Luxeuil. Les 3 Ballons, sont semble t'il, une fierté pour les habitants, et les commerçants n'hésitent pas à afficher leur soutien à l'épreuve par des T Shirts ou vélos dans les vitrines. Je me sens en tout cas bien mieux accueilli qu'à Beaumes de Venise l'an dernier. La ville n'est pas doté de nombreux parkings, c'est pourquoi l'organisation a judicieusement placé l'arrivée à Raddon et Chapendu, à 7 km de là.
Il va pleuvoir toute la nuit précédant l'épreuve, mais heureusement, lorsque je me lève un peu après 5h, il s'arrête de pleuvoir. Le temps ne s'annonce pas aussi ensoleillé pour autant, je glisse tout de même une veste de pluie dans l'une de mes poches.
J'arrive au départ. Il n'y a, à vrai dire, que très peu de français, la plupart sont belges ou hollandais, comme à la Marmotte.
A 7h15 le départ est donné, et sitôt, les quelques carrefours traversés pour sortir de Luxeuil, nous retrouvons de la ligne droite. Je vois déjà de nombreux coureurs me dépasser à fond, de mon coté, je me contente de suivre l'allure sans faire d'efforts inutiles.
Après une vingtaine de kms, une première côte de 4 kms, qui se passe sans encombre. Déjà, plusieurs concurrents sont victimes de crevaisons, la pluie ayant probablement charrié de nombreux gravillons sur la route, durant la nuit.
Nous sommes assez nombreux et arrivons ensuite au pied du col des Chevrères, l'épouvantail de la journée. Les premiers kms de montée ne sont pas trop durs, mais ça se corse sur les 3 derniers, où on sera toujours au dessus de 10%, avec des pointes allant jusqu'à 15%. Tout le monde est dans le dur et s'efforce de monter sans fléchir. La montée est rendu particulièrement difficile, par une route assez étroite, et par le nombre important de participants à cet endroit, où il est très difficile de doubler. Quelqu'un devant moi, a des problèmes de dérailleur, il a du mal à passer sa vitesse, se retrouve à l'arrêt en équilibre, et oscille dans ma direction. Je lui crie dessus pour manifester ma présence, ce qui a pour effet de le faire osciller dans l'autre sens, et il finit par tomber. Tel que ça se présentait, un de nous deux (voire les 2) allait se retrouver à terre, avec les pires difficultés ensuite pour repartir, je préférais que ce soit lui :-)
Le sommet est atteint, c'est ce col d'ailleurs qui marque la proximité avec le col de Belfahy. Un coup d'œil à mes prévisions, j'ai 5 mn d'avance. Il y a un ravitaillement, mais je ne m'arrête pas, ayant assez pour aller jusqu'au suivant.
Après la descente, je roule avec un groupe assez conséquent, et nous abordons la montée du ballon d'Alsace. Des 3 montées possibles, c'est le côté le moins difficile, et c'est vrai qu'il est assez roulant, mais il faut tout de même composer avec une montée de plus de 10 kms à 5% qui pèsera en fin de parcours.
Je m'arrête au ravitaillement, peu après le sommet. J'en suis à présent à 10 mn d'avance sur mes prévisions.
Il ne fait pas trop chaud, et l'air est plutôt humide, mais je fait une bonne descente, en m'efforçant de pédaler un peu dès que c'est possible. Je me fais une petite frayeur, lorsque j'évite in extremis une pierre, à peine plus gros qu'un œuf, au milieu de la route, alors que je suis lancé à pleine vitesse.
Nous attaquons le col du Hundsruck, 9 kms assez roulant également. Mon avance sur l'horaire se porte à 20 mn en haut.
Le col suivant, c'est le gros morceau de la journée, le Grand Ballon, et ses 15 kms de montée. Jusqu'au col Amic, où l'on retrouve la route des crêtes, la pente y est régulière, et j'arrive à atteindre ce repère malgré la fatigue qui commence à peser. A partir du col Amic et pour les 6 derniers kms, on sera en moyenne sur du 8% de pente. Je commence à souffrir, et je me dis que j'ai sans doute sous-estimé ce col dans mes prévisions. L'envie de s'arrêter est forte, mais j'essaye de faire abstraction de la fatigue, pour tenir bon jusqu'au bout. J'arrive au col, vidé de mes forces. Je suis pile poil dans mon horaire, j'ai perdu mes 20 mn de marge mais ça reste jouable.
Arrêt au ravitaillement, il faut faire la queue pour remplir les bidons, et je perds encore de précieuses minutes. Je profite de la descente pour bien tourner les jambes et chasser les toxines.
Nous attaquons le col d'Oderen, j'ai retrouvé mes jambes, et hormis une petite rampe vers la fin, je fais une montée correcte. 10 mn d'avance sur mes prévisions en haut du col.
Le plus dur est fait et il reste encore 2 montées, dont le nom m'est inconnu et que j'identifie comme le col du Ménil et le col des Croix.
Alors que je suis avec un petit groupe de coureur, nous passons le col du Ménil, sans faire la moindre ascension. Là, je réalise, qu'il ne s'agit pas de la montée que j'attendais, et je n'ai plus vraiment de repères quant à la fin du parcours.
Nous montons le col des Croix, 4 kms, et arrivé en haut, je suis heureux d'avoir monté ce que je crois être le dernier col.
Nous redescendons, et arrivé à l'entrée de Servance, un signaleur nous fait prendre une petite route à droite. Horreur, cette route est un véritable mur qui démarre d'entrée à 12%, et je dois faire craquer ma chaine pour repasser illico petit plateau, grand pignon. En haut de cette côte, le dernier ravitaillement du parcours, mais je fais l'impasse.
Malheureusement, ce mur n'était que le hors d'œuvre, car dans sa continuité, on retrouve la dernière montée (celle que j'avais pris initialement à tort, pour le col des Croix), et là encore les pourcentages sont démesurés, avec de nombreux passages à 15%. Virage après virage, j'espère que c'est la fin, ou tout du moins que les pourcentages redeviendront plus raisonnables. Le moral dans les chaussettes, j'attends un passage à 10% plus doux (si on peux s'exprimer ainsi), et je m'arrête. C'est la première fois de la journée que je pose pied dans une ascension, je n'ai aucune idée de la longueur de cette montée, et mes espoirs sont en train de s'envoler. Je ne m'attarde pas pour autant, je bois un coup, absorbe un gel, et je repars face à la pente. Environ 1 km après, j'atteins le sommet. Après une courte descente, encore quelques kms de montée, mais cette fois avec une pente plus raisonnable.
Cette fois, c'était bien la dernière montée, d'après le kilométrage restant, il ne faudra pas trainer si je veux me maintenir dans les temps.
Nous retrouvons la région des milles lacs empruntée le matin, et il faut malgré tout passer quelques petits raidars en force.
La fin sera plus cool, avec un peu de descente, et un final sur le plat, où il faudra cependant affronter le vent qui souffle dans la vallée.
Je passe la ligne d'arrivée à Raddon et Chapendu. Un coup d'œil à mon chrono, c'est gagné, j'ai atteins mon objectif, avec un temps final de 9h27, pour l'obtention du brevet d'or.
Un vieil adage cycliste dit que le temps mis sur les 3 Ballons, corresponds à celui mis sur la Marmotte, ce qui dans mon cas correspondrait à une amélioration de plus d'une heure par rapport à ma participation en 2013. A vérifier.
Les 7 kms par la route, pour retourner à Luxeuil, ne seront qu'une formalité. La route est rectiligne et sans difficulté.
Une cyclo qui m'aura fait souffrir, mais que j'ai beaucoup appréciée malgré tout. L'organisation était au top, et le cadre de la cyclo somptueux.
Les chiffres:
Temps: 9h27:10
Classement: 1355 / 2378
Classement: 1355 / 2378
Col des Chevrères (916 m) 10.3 km à 5%
Ballon d'Alsace (1171 m) 12.4 km à 5.2%
Col du Hundsruck (748 m) 8.7 km à 3.9%
Grand Ballon (1343 m) 16.0 km à 6%
Col d'Oderen (884 m) 7.0 km à 5.6 %
Col des Croix (679 m) 4.1 km à 4.5 %Col d'Oderen (884 m) 7.0 km à 5.6 %
Côte de Beulotte St Laurent (?) 4 km à 12.2 % + 3.4 km à 2.6 %
La Vidéo: