jeudi 7 avril 2016

Le Tour des Flandres Cyclo 2016

    Après une participation au Paris Roubaix et à Liège Bastogne Liège, je me devais de poser mes roues sur le Tour des Flandres, cet autre monument du cyclisme. Le "Ronde Van Vlaanderen" en flamand, ou Ronde, est la course que tout cycliste belge rêve de remporter un jour, à l'image de Paris Roubaix chez nous. Le dernier français à l'avoir remporté, n'est autre que Jacky Durand, le mayennais.
 
    La course a lieu une semaine et demie après les attentats, et je suis heureux qu'elle aie été maintenue, car c'est vraiment l'un des événements sportifs majeurs en Belgique.
 
    Pour ma première participation à cette cyclo, j'avais envisagé dans un premier temps participer au parcours intermédiaire de 129 km, au départ de Audenarde, et qui emprunte les 15 monts, mais la difficulté à trouver un hôtel proche du départ, m'a convaincu de tenter le parcours complet, au départ de Bruges, avec un total de 227 km, 15 monts et de nombreux secteurs pavés. Parmi ces monts, beaucoup sont eux-mêmes pavés et comportent des passages qui s'étagent de 10 à 22%. La palme revient au Koppenberg et au Paterberg, avec respectivement 22% et 20.3% de pente maximale.
 
 
 
    Comme tous les ans, les 16000 places disponibles seront attribuées un mois avant l'épreuve, et nous serons 5000 guerriers à nous élancer sur le grand parcours. L'épreuve se déroule sous forme de randosportive, c'est à dire sans classement. C'est probablement préférable pour assurer la sécurité de tout ce monde, la plupart des routes n'étant bien souvent pas très larges.
 
    Le parcours des pros est finalement assez proche du notre, mais leur route se croisera à plusieurs reprises, de sorte qu'ils remontent certains monts plusieurs fois, ce qui portera le total à 255 km pour 18 monts.
 
    J'ai longuement hésité quand au vélo et à l'équipement que je devais utiliser. Pour Paris Roubaix, j'avais trouvé plus sage de reprendre le "mulet" que j'avais équipé de pneux de 28. Ici, il y aura moins de pavés, mais il faudra pouvoir passer les murs à 20%. Je décide finalement de garder mon vélo actuel, mais je monte la cassette de 32 que j'avais utilisé pour la première fois dans la côte de la Redoute sur Liège Bastogne Liège, l'année dernière. Je monte en plus des pneux de 25 qui devraient me suffire pour passer les pavés sans risque de crevaison.
 
    Je me rends donc à Audenarde le vendredi, afin d'y retirer ma plaque, et je reprends aussitôt ma route pour me rendre à Bruges, à 1h de là, et où aura lieu le départ. Il me reste un peu de temps, et j'en profite pour visiter Bruges, une ville très agréable, aux rues pavées et au nombreux petits canaux. Là-bas le cycliste est roi, et on y croise fort peu de voitures.
 
    Samedi matin, levé de bonne heure, afin de me rendre au stade vers 7h, au levé du jour. J'avais pris soin de réserver mon hôtel proche de celui-ci, et je ne mets pas plus d'un quart d'heure pour m'y rendre. Je dépose un sac avec quelques affaires, pour pouvoir me changer et me doucher à l'arrivée.
 
    Il ne fait que 4 degrés, l'ai pris le cuissard court, mais j'ai pris soin d'ajouter sous gant, manchettes et coupe vent. La météo avait annoncé du beau temps, mais la journée restera finalement voilée. En prévision des pavés, j'ai aussi apposé quelques sparadraps à la base des pouces, afin d'éviter toute ampoule.
 
    Du stade, il faut ensuite se rendre devant le beffroi de Bruges, où est situé le km 0, du coup une petite dizaine de kms qui se feront tranquilles, mais qui s'ajouteront à la distance déjà conséquente. Il y a déjà beaucoup de monde devant le beffroi, beaucoup s'y rendant directement sans passer par le stade.
 
   Je passe l'arche, et me voilà parti pour la première partie du parcours, une centaine de km en direction de Audenarde, sans réelle difficulté. Nous sommes nombreux et il est facile de se retrouver dans un groupe de son niveau. J'essaye de rouler à bonne allure, tant que possible, car je veux me garder une marge de temps qui puisse pallier tout problème mécanique par la suite.
 
   Nous sommes proches de Audenarde, et un premier secteur pavé se présente. A vrai dire, il y a moyen, comme le font la plupart, de prendre la piste cyclable sur le coté, mais j'ai envie de jouer le jeu et de me frotter aux pavés afin de prendre quelques premiers repères. C'est l'occasion pour moi de tester mon dérailleur électrique sur les pavés, et je dois avouer, que c'est plutôt plaisant, les vitesses passent avec une précision chirurgicale malgré les importants mouvements de la chaine. Je croise juste les doigts pour ne pas rencontrer de problème de déconnection des câbles d'ici l'arrivée.
 
    Le premier mont se présente quelques kms plus loin, le Walkenberg, ce n'est pas le plus difficile, d'autant qu'il est goudronné. Il servira de hors d'œuvre pour une série qui enchainera 15 monts, alors que les 100 premiers kms de courses pèsent déjà dans les jambes. Les monts se suivent et ne se ressemblent pas: le Molenberg, l'Eikenberg... certains que l'on découvre au dernier moment au hasard d'une bifurcation, certains pavés, d'autres pas, certains plus ou moins longs, certains réguliers, certains avec de bons raidars qu'il faut passer en force... Bref, c'est là tout le charme de ces montées si typiques de la Flandre.
 
    J'avoue ne pas avoir étudié tous ces monts au préalable, mais lorsqu'arrive le 7e mont, le
Koppenberg, je sais qu'il s'agit d'un des plus durs. On quitte une petite route tranquille en bifurquant sur la gauche, et là on se retrouve sur des pavés assez irréguliers, la pente s'accentuant rapidement. J'aborde la partie la plus difficile à 22%, il faut passer en force tout en prenant soin d'éviter les autres coureurs devant soi. Face à une telle pente, les quelques coups de pédale que je mets en danseuse, font patiner ma roue arrière sur les pavés. Devant, certains commencent à mettre pied à terre, et ce que je craignais se produit, avec l'étroitesse du passage, plusieurs coureurs sont arrêtés devant moi, ce qui par réaction en chaine, entraine l'arrêt de ceux qui étaient derrière. Il n'est pas possible de remonter sur le vélo, et comme tout le monde, je suis contraint de pousser mon vélo sur quelques dizaines de mètres. Dès que la pente est plus favorable, je remonte et termine la montée.
 
    Les ravitaillements sont nombreux, et je prends le temps de m'arrêter et de m'alimenter convenablement à chaque fois. Ils sont bien garnis, et je ne manquerais de rien. Après le dernier ravitaillement situé à 200 kms du départ, il reste encore 4 montées. La fatigue est présente, mais les jambes tiennent le coup.
 
    Nous montons le Vieux Kwaremont, ce n'est pas le plus pentu, mais avec plus de 2 kms de montée sur les pavés situés en fin de parcours, il est assez usant. De nombreux supporters présents pour la course du lendemain, nous encouragent de bon cœur, d'ailleurs je renifle de bonnes effluves de bières au moment où je passe devant eux.
 
    Quelques kms plus loin, nous abordons le dernier mont, mais pas des moindres puisqu'il s'agit du Peterberg. J'entame la section pavé derrière un petit groupe de coureurs, et nous nous retrouvons rapidement dans la partie à 20%, il faut bien doser son effort, la route est étroite, et je dois maintenir mon coup de pédale pour me tenir a distance raisonnable de ceux qui me précèdent, afin de pouvoir palier leur arrêt éventuel. Je sens ma roue avant qui décolle des pavés par moment, et bientôt la pente se fait plus raisonnable, et j'atteins le sommet. Ouf, c'était limite, mais je suis heureux d'avoir passer ce mur, malgré plus de 200 bornes dans les jambes.
 
   Il ne reste plus que 10 kms plats pour rejoindre Audenarde. Quelques coureurs me dépassent, mais je n'ai plus la force de prendre leur roue. Je passe la ligne d'arrivée un peu moins de 10h après avoir passé celle de départ.

   Je retourne au Qubus, à 3 km de là, récupère mon sac, prends une bonne douche, et me rassasie d'un bon hamburger frites. Il ne me reste plus qu'à emprunter la navette qui a été prévue pour ramener les coureurs et leur monture, à Bruges.

   Je ne regrette pas avoir opté pour le grand parcours finalement. La majorité des participants ayant choisi le parcours de 129 km, j'imagine que la densité de coureurs devait être gênante dans les montées, et sur le 227 km, il n'y a que dans le Koppenberg où j'aurais été contraint de m'arrêter suite à un bouchon devant moi.
 
   Le lendemain sera nettement plus ensoleillé, et j'en profite pour rejoindre Renaix, où se situe la
montée du Kruisberg. Un écran géant a été installé au sommet, ainsi qu'une buvette où je peux apprécier quelques bonnes bières en attendant le passage des coureurs. Il reste un peu moins de 30 kms lorsque les pros passent devant nous: un premier groupe avec les échappés du matin, suivi comme leur ombre par Sagan, Vanmarke et Kwiatkowsky, et non loin derrière un 3e groupe, où je reconnais Cancellara, impressionnant de facilité, alors que tout le monde est à la peine.
 
    Je rentre en France plein de bons souvenirs, heureux d'avoir pu affronter ce parcours mythique, et de m'en être sorti sans casse, ni bobo. Chez les pros, c'est Sagan qui remporte cette 100e édition du Ronde, une victoire amplement méritée pour cet immense champion.
 
Les difficultés du parcours:
 
                           NomKm         Longueur      % Moyen       % Max
PavésLange Aststraat96400 m
MontWolvenberg108700 m7.9%17.3%
PavésRuiterstraat109800 m
PavésKerkgate1121200 m
Mont (pavé)Molenberg120500 m7%14.2%
PavésPaddestraat1282300 m
PavésHaaghoek1381900 m
MontLeberg140800 m4.2%13.8%
MontBerendries144890 m7.2%12%
MontValkenberg1491100 m8.2%13%
Mont (pavé)Eikenberg1611200 m6.2%10%
Mont (pavé)Koppenberg171500 m9.4%22%
PavésMariaborrestraat1752000 m
MontSteenbeekdries177500 m5.3%6.7%
Mont (pavé)Taaienberg180700 m6.1%16%
PavésKaperij182300 m
Mont (pavé)Kaperij1841000 m5.5%9%
MontKanarieberg1911100 m7.7%14%
Mont (pavé)Kruisberg2001400 m4%9%
MontKarnemelkbeekstraat207900 m4.9%10%
Mont (pavé)Vieux Quaremont2122200 m4%11.6%
Mont (pavé)Paterberg217400 m12.9%20.3%

La vidéo:


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