La saison cyclo est à présent bien commencée, et après une participation à la Jacques Gouin et à la Blé d'Or, je poursuis avec la Vélostar, dernière des épreuves franciliennes.
Je ne l'avais pas initialement cochée dans mon programme, mais le fait que Jean-François et Jean-Claude y participent également, m'a rapidement convaincu. JC a dû retarder sa préparation en début de saison, mais il est à présent opérationnel et motivé comme jamais, pour sa participation à sa toute première cyclosportive.
Fidèle à sa tradition, la Vélostar s'élance le 1er mai, depuis un lieu différent chaque année. Cette année, c'est depuis Breuillet, dans l'Essonne, que sera donné le départ. Le parcours de 133 km comporte pas mal de côtes, pour un dénivelé avoisinant les 1200 m.
Je me rends chez JF, récupérons JC en route, et profitons des kilomètres qui nous séparent de Breuillet, pour nous échauffer.
Nous nous rendons dans les SAS de départ, où se tiennent environ 400 personnes, d'après les numéros de dossard. Tony Galopin est lui aussi au départ, et il partira devant bien évidemment.
Nous sommes chanceux côté temps, et malgré les prévisions météo qui avaient annoncées des averses, il n'en sera rien, et nous ne revivrons pas les conditions dantesques de la Jacques Gouin. Il faudra cependant faire face à un vent très fort, et ce, dès le début du parcours.
Je ne sais pas trop comment m'habiller à vrai dire, mais le vent m'incite à la prudence, et j'opte finalement pour une tenue longue et bien couverte.
Le départ est donné à 8h30, sans rush ni stress particulier, vu que les 3 premiers kilomètres sont neutralisés. Nous nous appliquons à rester tous les 3 ensembles, et je ne me rends d'ailleurs pas bien compte de l'endroit qui fait office de départ réel.
Nous roulons dans un groupe et veillons à y tenir notre place, mais rapidement une première côte va déjà morceler celui-ci. Le temps de nous regrouper, et nous continuons au sein d'un petit groupe. Le vent est déjà fort, et ce groupe s'étire rapidement. JF en profite pour tracer la route sur le côté, et nous remonter vers l'avant de ce groupe.
Instinctivement, JF et moi assurons les relais à l'avant, essayant de protéger JC le plus possible, du vent. Nous continuons notre progression, parfois isolés tous les 3, parfois en reprenant d'autres coureurs, mais en prenant soin de nous attendre lorsque nécessaire.
Régulièrement, JF appelle JC pour s'assurer de sa présence parmi nous, et il doit parfois s'assurer que ce n'est pas un imposteur qui lui répond.
Nous sommes à présent 15/20 coureurs, JF et moi assurons l'ensemble des relais à l'avant, avec un vent de face ou de côté plutôt fort. Je n'ai pas l'habitude de me retrouver dans cette position à vrai dire, et d'habitude c'est moi qui essaye de m'accrocher au groupe, plutôt que de le mener. Cela dit, je prends un malin plaisir à être à l'avant et à donner le tempo sur des relais parfois longs et appuyés. J'y laisse probablement pas mal d'énergie, mais qu'importe, j'essayerai de récupérer plus tard.
Malgré pas mal de kilomètres passés dans ce groupe, nous devons finalement le laisser filer, afin de nous regrouper tous les 3.
Nous nous relayons de nouveau, JF et moi, alors qu'un 4e coureur se joint à nous. Il prend part lui aussi aux relais, mais en imprimant un rythme assez fort. La cohésion entre nous n'est pas bonne, et notre progression pour rester tous ensemble un peu compromise.
Nous avons un groupe devant nous en point de mire, et à nous 4 nous parvenons à revenir mètre après mètre, d'autant qu'à la faveur d'une intersection, nous prenons à droite et bénéficions à présent d'un vent de dos. Nous recollons, et je dois immédiatement poursuivre mon effort, parce que le groupe est en train de perdre des éléments. Nous nous laissons emmener et pouvons enfin récupérer des efforts précédents.
Malheureusement, une côte a raison de JC, et je me laisse décrocher pour l'aider à revenir. Nous ne sommes guère plus de 50 m derrière, mais n'arrivons pas à boucher le trou. Une nouvelle côte, et nous devons nous résigner. Nous retrouvons JF, et poursuivons tous les 3.
Un peu plus loin, après avoir passé Rochefort, une côte nous sépare les uns des autres. Au moment d'aborder la descente, JF est devant et il passe le grand rond-point qui est au bout de celle-ci, et qui permet aux voitures de s'engager sur l'A10. La route est large, et je me place naturellement à droite, sur une bande de la route prévue pour les vélos. Lorsque j'arrive sur le rond-point, j'ai l'impression que la bande de peinture s'y poursuit jusqu'au bout. A partir de ce moment, tout se passe très vite, je regarde au loin le signaleur placé sur le rond-point, et m'assure qu'il arrête bien les véhicules et que je peux m'engager sans danger. Je repère en même temps la flèche m'indiquant la direction que je devrais prendre, et lorsque je pose à nouveau les yeux devant ma roue, je me rends compte avec stupéfaction, que la voie où je suis ne se termine, non pas par une bande de peinture, mais par une bordure épaisse en ciment, obligeant les cyclistes à prendre le rond-point complètement à l'extérieur. Trop tard pour réduire ma vitesse ou changer de trajectoire, et je m'enquille pleine balle sur cette bordure. Celle-ci a un effet tremplin, et je sens ma roue avant rebondir à plusieurs reprises, m'efforçant de garder le cap à partir d'un guidon devenu totalement incontrôlable. Après quelques mètres, je suis encore en équilibre, avec une lueur d'espoir de m'en sortir, mais ma roue avant se met soudainement de travers, me catapultant au sol, lourdement sur tout le côté droit.
Le signaleur vient vérifier que tout va bien, et m'aide gentiment à ramasser bidons et lunettes. J'ai l'épaule et la cuisse meurtris, le gant déchiré, mais rien ne semble cassé. J'inspecte le vélo rapidement, remets la chaine, les cocottes sont bien rappées, mais tout semble encore en état de marche.
Grosse frayeur tout de même, et après analyse de la boite noire (enfin, des données enregistrées sur mon compteur), il semble qu'avec l'effet de la descente précédente, j'ai tapé la bordure alors que j'arrivais à plus de 40 km/h. D'ailleurs, JF m'avouera plus tard, s'être fait la même frayeur lui aussi, à cet endroit.
Cette chute est une première pour moi sur une cyclosportive, et à vrai dire, il me faut remonter à plus de 25 ans la dernière fois qu'il m'aie été donné de chuter en roulant. Fort heureusement, je l'ai faite alors que j'étais seul, et n'ai entrainé personne avec moi.
Je remonte sur le vélo, et rejoins JC qui est passé entre temps, ne m'ayant reconnu qu'après coup.
Malgré les hématomes et toutes ces émotions, les jambes semblent encore bonnes, et je devrais malgré tout pouvoir regagner l'arrivée.
Il nous reste une trentaine de bornes, et continuons à rouler tous ensemble. JC a un petit passage à vide, et nous réduisons un peu l'allure. Passé Clairefontaine, nous récupérons un groupe de coureurs, mais JC s'est bien refait, et c'est à présent moi qui aie un passage à vide, et n'arrive plus à tenir sa roue dans les bosses.
Je suis décroché du groupe et me retrouve seul. Je pense que je paye les conséquences des efforts consentis face au vent au début, et peut-être dans une moindre mesure, de ma chute.
Je continue à mon allure. Je dessers un peu mes freins à l'avant, je ne m'en étais pas rendu compte, mais en tapant, ma roue avant s'est un peu voilée, et elle frottait sur les patins.
A un rond-point, je dois revenir sur mes pas, car je n'ai pas compris la direction qu'on m'indiquait. Décidément, je n'y suis plus!
Un peu plus loin, je dois m'arrêter de nouveau. Ma chaussure est trop serrée, et j'ai mal au pied. Pensant qu'il pleuvrait, j'avais mis les sur-chaussures, qu'il me faut à présent enlever pou pouvoir dé-serrer ma chaussure. A vrai dire, je commençais déjà à avoir mal au pied avant ma chute, mais celle-ci m'avait finalement fait oublier la douleur.
Je repars, alors qu'un autre coureur arrive, lui-aussi seul. Nous reprenons une portion en ligne droite, avec un fort vent de face. Il me relaie dans la mesure des forces qu'il lui reste, mais m'avoue en souriant ne pas pouvoir faire beaucoup plus. Ce n'est pas grave, j'apprécie pouvoir rouler avec quelqu'un, et je m'emploie à maintenir un rythme qui nous permettra de progresser tous les 2.
J'aperçois 2 coureurs au loin qui arrivent dans l'autre sens, et qui font demi-tour à notre approche, ce sont JF et JC. C'est sympa qu'ils m'aient attendus pour effectuer ensemble les derniers kilomètres, mais je ne leur en aurais pas voulu, s'ils avaient décidés de maintenir leur allure jusqu'à l'arrivée.
Nous progressons à présent tous les 4, après une dernière bifurcation à droite, il ne reste plus qu'une dernière côte à franchir. JF a toujours les jambes, et après avoir atteins son sommet, il relâche son effort pour nous attendre et nous permettre de franchir la ligne d'arrivée tous ensemble.
Nous regagnons le gymnase où un repas, accompagné de folklore breton, nous est offert. Nous sommes heureux de revoir Arnaud, autre compère émérite de la traversée des Alpes, et qui participait lui-aussi à la Vélostar.
Les muscles se sont à présent refroidis, et lorsque nous quittons le gymnase, je sens à présent nettement une douleur, dans l'épaule et dans la cuisse, causée par ma chute sur le rond-point. Ca fait parti du métier, comme on dit, mais ça ne m'aura pas empêché de passer une agréable journée, en bonne compagnie. Le temps et le classement sont bien moyens, mais qu'importe, je n'en faisais pas un objectif prioritaire.
Le parcours était vraiment sympa, à la difficulté bien dosée, avec toutes ces bosses et ces parties ventées.
Rien à redire côté organisation, où toute l'équipe d'Eric Ramos a assuré d'un bout à l'autre du parcours.
La Vidéo:
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