Histoire de finir la saison en beauté, la Lapébie est une très belle épreuve, qui a lieu en septembre, et ne souffre pas (ou moins) de la concurrence avec les autres épreuves, comme ça peut être le cas en juin ou juillet. Elle n'en demeure pas moins une cyclo de montagne assez difficile, avec 157 km pour 3200 m de dénivelé positif, et des cols à la difficulté graduelle, dont le redoutable Port de Balès en point d'orgue, avant le retour sur Luchon.
Etant en vacances, la semaine précédente a été l'occasion d'effectuer de nombreuses randonnées à pieds et de montées de cols à vélo, en Andorre, non loin de là. J'ai sans doute un peu trop chargé la mule, et lorsqu'à mon retour, je refais une sortie vélo, je ressens un gros état de fatigue et un manque évident de fraicheur. Ajoutons à cela, les bons restos, le taillage de la haie debout toute la journée, et vous aurez un condensé de tout ce qu'il aurait été bon d'éviter, pour être en forme à la veille d'une course comme celle-là. Enfin bref, je ne jouerais pas les premiers rôles de toute façon, et je veux juste me faire plaisir une dernière fois en montagne cette année, sur ce parcours et ces cols que je ne connais pas, tout en donnant le maximum de moi-même.
Côté objectif, je me suis fixé d'obtenir le brevet d'or, soit d'effectuer le parcours en moins de 7h08, la limite qui est fixée dans ma catégorie d'âge. J'estime mes temps de passage en bas et en haut des cols, et je dois m'y reprendre à plusieurs fois pour que ça tienne dans le temps impartis. Je sais que même au meilleur de ma forme en juin/juillet, ça serait peut-être difficile, mais au vu de ma forme actuelle, ça me semble clairement impossible. Peu importe, ces temps seront une source de motivation supplémentaire, et je m'efforcerais de les tenir.
Je me rends à Luchon la veille de la course, le camping est agréable et ombragé, et il n'est situé qu'à 2.5 km du départ.
Le départ du grand parcours, sur lequel je suis aligné, est donné à 7h45, celui du moyen parcours à 8h30 et celui du petit parcours à 9h45. Dans tous les cas, les participants devront se confronter à la montée du Port de Balès.
Le départ se fait derrière voiture ouvreuse, qu'il est interdit de dépasser. Je me calle en fin de peloton, et même si le rythme n'est pas démesuré, lorsque la voiture s'écarte au pied du col des Ares, j'ai réussi à tenir l'allure sans faire d'effort superflu.
Même s'il fait 8 km de long, le col des Ares se monte bien, et j'arrive à dépasser quelques concurrents. En haut, je me retrouve seul pour faire la descente.
A vrai dire, pendant les kms suivants, je continuerais à être seul, avec seulement un autre cycliste que j'ai devant moi en point de mire, mais que je ne rattrape pas. Sur cette partie, de nombreuses petites côtes que j'avais ignorées en regardant le profile du parcours, mais qui feront malgré tout leur travail d'usure.
J'attaque le col de Larrieu, celui-ci est plus court, mais il comporte déjà quelques portions qui piquent un peu. D'ailleurs, c'est dans l'une d'entre elles que je reviens et dépasse le cycliste que j'avais en point de mire précédemment.
Dans la vallée qui suit, nous retrouvons un peu d'ombre et de fraicheur, mais la route s'élève de nouveau. Même si nous ne sommes pas encore dans la montée du col de Menté, c'est en quelque sorte son prolongement. Nous prenons à droite, et attaquons la montée proprement dite. Au début, la pente n'est pas très forte, redevenant plat ou descendant par endroit. Mais plus on monte, plus la pente s'accentue par la suite. Je retrouve des concurrents du moyen parcours, et commence à me sentir moins seul.
Passé les derniers lacets, j'atteins le col, et je refait le plein au ravitaillement. La température ayant pas mal grimpée depuis le départ, il faudra veiller à ne pas être à sec par la suite. Côté prévision, je suis 15 mn en avance, mais mieux vaut ne pas trainer tout de même, car un gros morceau nous attends.
Je repars dans la descente, un vrai régal, rapide et sinueux comme j'aime. C'est dans cette descente, que Luis Ocana avait perdu le Tour de France, le 12 juillet 1971 (j'avais 10 jours!), lorsqu'il chuta et fut percuté ensuite par Zoetemelk. Je veille toutefois à ne pas subir le même sort, dans cette descente.
Je rejoins un gars en bas de la descente, et machinalement, nous nous relayons sur le plat qui va suivre. Nous reprenons 4 ou 5 coureurs, mais continuons à assurer les relais tous les 2.
Lorsque la route s'élève à l'approche de Mauléon, je suis le premier à décrocher, alors que mon collègue de relai, s'arrête sur le bas côté. Mais passé quelques centaines de mètres, je recolle au groupe, et continue sur mon allure.
A Mauléon, une banderole est là pour nous rappeler que nous attaquons les 19 km de la montée du Port de Balès. La première moitié n'est somme toute pas trop difficile, et je la monte à mon rythme. C'est après que les choses se corsent, la pente est assez régulière, et se fait très souvent à plus de 10%, allant même jusqu'à 15% par endroit.
Je suis en souffrance, mais suis rassuré de constater que c'est aussi le cas des rares coureurs que je dépasse. Certains s'arrêtent, victimes de crampes, moi j'espère que ça tiendra jusqu'en haut.
Il fait très chaud, et certaines portions sont totalement dépourvues de vent. Une voiture de l'organisation me propose de l'eau en arrivant à ma hauteur. Je décline poliment, pensant avoir assez dans mon bidon, mais je le remplis finalement un peu plus loin, à 5 km du sommet.
Un troupeau de vaches est au milieu de la route, mais je me fraie un passage, sans les effaroucher.
Les derniers kms sont toujours aussi raide, mais le paysage deviens plus bucolique. En atteignant le sommet, mon avance a fondue, j'ai à présent 5 mn de retard sur mes prévisions.
La descente est très rapide, mais ce sera sans doute très serré pour faire le temps escompté.
En bas de la descente, il ne reste plus qu'à traverser Luchon et regagner la ligne d'arrivée. J'en termine en 7h11, soit 3 mn de plus que le temps du brevet d'or. Enfin, ce n'est pas grave, j'aurais tout donné, et j'ai pris mon pied sur ce parcours, qui était tout bonnement superbe.
Je me classe 77e sur 108 concurrents, à mon niveau, sur une épreuve de ce type. Dommage que ce parcours n'attire pas plus de monde, car c'est assurément une très belle cyclo, qui mérite d'être effectuée.
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