lundi 24 septembre 2018

La Cyclo des Pyrénées 2018

C'est la seconde fois que l'association Parcourir & Découvrir propose une traversée des Pyrénées, mais cette fois-ci d'est en ouest. Je n'avais pas pris part à la première, il y a 2 ans, mais avais déjà eu l'occasion d'effectuer une traversée des Alpes, avec eux. J'avais adoré, et lorsque Jean-François, Jean-Claude et Alain se montrent eux aussi intéressés pour la faire, nous n'hésitons pas une seconde pour nous inscrire.
 
Le parcours, en 6 étapes, est concocté par François-Xavier et Patrick. Il est superbe, avec de beaux enchainements, et des étapes plus ou moins difficiles. J'ai déjà monté pas mal de cols dans les Pyrénées, mais il y en a de nombreux que je ne connais pas, ou que je n'ai monté que par un autre versant.
 
Nous sommes début septembre, et j'ai callé mes vacances de manière à ce que la dernière semaine me permette de faire la traversée. J'ai pu rouler un peu dans les Alpes, 15 jours avant, et cela m'a rassuré sur mon état de forme, certes moins bon que les années précédentes, mais suffisant.
 
A notre grand regret, Jean-François ne peux malheureusement se joindre à nous, pour raison de santé, et nous nous organisons finalement, JC, Alain et moi, pour effectuer le trajet en commun, vers St Cyprien, au bord de la Méditerranée.
 
Nous arrivons sous un magnifique soleil, et lorsque tous les participants sont là, Philippe Delachenal, le maître de cérémonie, nous présente tout son staff, composé de Christian pour la logistique, Eric le mécano, Jacques le médecin, Olivier le bagagiste, François-Xavier pour la gestion des parcours, site web, photos, et les 6 kinés: Patrick, Xavier, Laure, Elise, Bertrand et Sarah. J'avais fait connaissance avec la plupart d'entre eux, il y a 2 ans, et je suis très heureux de retrouver cette équipe, ô combien sympathique, et d'un dévouement à toute épreuve, tout au long de la semaine. Le rôle de chacun ne se limite pas à une tâche spécifique, et nous les croiserons tout au long de la journée, tant à s'occuper des ravitaillements, qu'à nous porter assistance, nous encourager, ou même partager un bout de route avec nous sur le vélo.
 
Etape 1: Saint-Cyprien - Axat

139 km - D+ 2900 m , via Col de Palomère (1036 m) et Col de Jau (1506 m)



Bien que cette étape n'aie pas l'air d'être la plus difficile sur le papier, FX nous mets en garde au briefing, au contraire, qu'elle le sera. 2 cols seront à franchir, et bien qu'ils ne soient pas d'une grande difficulté, le parcours sera tout de même usant.
 
Après un bon petit dej, pris à l'UCPA de Saint-Cyprien, nous partons tous ensemble, vêtus des maillots (très réussis), offerts par l'organisation.
 
Nous effectuons les premières dizaines de kms en groupe, sur une partie relativement plate, avant d'aborder les premières pentes qui nous mèneront au col de Palomère. Dans la montée, chacun se mets à rouler à son allure. J'arrive au col de Fourtou, avant de retrouver une partie de transition, que j'effectue en compagnie de Sandrine. Nous roulons efficacement, mais avec peut-être un peu trop d'euphorie, pour ce 1er col de la traversée. Après une courte descente, nous retrouvons la fin de la montée de Palomère. Je laisse filer Sandrine, et arrive en haut quelques minutes plus tard.
 
Je profite du ravitaillement, bien garni, alors que JC arrive lui aussi. Bien restauré, je repars, pensant JC déjà parti.
 
Nous redescendons par une magnifique petite route en corniche. Je rejoins quelques gars, et assure la descente de notre petit groupe, à l'avant.
 
Même si nous sommes encore assez loin du col de Jau, la route commence à monter modérément, sur un revêtement qui ne rends pas. Il commence à faire très chaud, et cette montée qui semble interminable, se fait de plus en plus usante. J'ai probablement trop donné dans le 1er col, et j'en paye les conséquences désormais. Je sens des débuts de crampes dans le mollet droit, puis dans la cuisse droite. Certains doivent d'ailleurs s'arrêter, victime de crampes eux-aussi. Je gère mon effort, mais je dois tout de même finir les 3 derniers kms sur le 32 dents, alors que je ne pensais pas devoir l'utiliser aujourd'hui.
 
Arrivé au col, alors que je crois que le plus dur est fait, je me lance dans la descente, prenant rapidement de la vitesse dans la première ligne droite. En arrivant dans le premier virage, je suis surpris de rattraper aussi rapidement les 2 gars partis un peu avant moi, et horreur, je réalise que la route devient tapissée d'une multitude de petits gravillons. Il en sera ainsi tout le reste de la descente, et il faudra redoubler de vigilance, pour ne pas se gaufrer...
 
J'arrive avec un petit groupe à Axat, où nous sommes hébergés en mobile-home. JC me rejoins un peu plus tard, alors qu'il était finalement parti après moi du ravitaillement.
 
Nous retrouvons aussi Alain, qui a comme nous tous, souffert de cette 1ère journée, et nous nous offrons un bon moment de récupération au massage, installé dans un lieu idyllique, au bord de l'eau.
 
Etape 2: Axat - Ercé

149 km - D+ 3750 m , via Col de Paillères (2001 m), Port de Lers (1517 m) et Col d'Agnes (1570 m)


 
Seconde journée de notre périple, et c'est déjà celle la plus longue en distance et en dénivelé.
 
Les départs sont cette fois échelonnés en trois groupes, en fonction de notre heure d'arrivée la veille. Je pars dans le dernier groupe, avec Maryline, Vincent, et ceux d'un très bon niveau. Pour être honnête, je suis sans conteste le moins bon de ce groupe, et je n'ai nullement l'intention de me tirer la bourre avec eux.
 
Nous remontons les gorges de St Georges, une très jolie route en corniche, par laquelle nous étions arrivés la veille. Je n'ai pas mis le coupe-vent, pensant que la température remonterait rapidement, mais nous sommes principalement à l'ombre, et il fait tout de même un peu frais.
 
La route monte tranquillement, et nous arrivons tous ensembles, au pied du col de Pailhères. Tout le monde s'arrête pour se dévêtir, sauf moi qui suis déjà en état d'aborder la montée. Rapidement, je me fais dépasser par les plus rapides du groupe, ainsi que les autres, au fur et à mesure de la montée.
 
J'aborde les derniers lacets, et me remémore ces photos prises d'hélico, où on les voit s'enchainer comme un serpentin, même si le rendu est assez différent lorsqu'on les aborde à vélo.
 
La pente reste soutenue jusqu'au bout. En arrivant au col, qui reste l'un des rares cols Pyrénéens à plus de 2000 m, je retrouve JC et Alain, et nous faisons la descente ensemble.
 
A Ax Les Termes, nous formons un petit groupe, et nous poursuivons sur une petite route assez irrégulière, mais tranquille, avec de courtes montées et descentes, et des passages en corniche. Nous bénéficions de magnifiques points de vues sur la vallée.
 
Après le ravitaillement, je repars en compagnie de JC et de Philippe. Nous roulons efficacement tous les 3, en nous relayant, toujours sur une route irrégulière.
 
A la sortie de Tarascon, la route commence à s'élever, et Philippe décroche volontairement pour rouler à son allure. JC ne tarde pas à en faire autant quelques kms plus loin.
 
La montée vers le Port de Lers est assez longue, mais plutôt régulière. Alors que je rejoins Stella, vers la fin du col, son prénom sur son dossard, et la chaleur aidant, me donnent tout à coup envie d'une bonne bière bien fraîche.
 
Je ne m'attarde pas au col, et reprends les quelques kms de descente, qui permettent d'enchainer avec le col d'Agnes. Ce qu'il reste de montée ensuite pour atteindre le col, n'est plus qu'une formalité, mais il ne faut pas sous estimer la pente.
 
Une fois là-haut, il ne nous reste plus qu'une longue descente, mais au regard des pourcentages qui s'affichent, cet autre versant ne semble pas simple à gravir dans l'autre sens.
 
Je me fait dépasser par Stella dans la descente, et je prends immédiatement sa roue. Malgré la pente et les virages, ses trajectoires sont parfaites, et c'est un pur plaisir de descendre avec elle.
 
Nous arrivons à Ercé, où nous pouvons à présent profiter de la fin d'après-midi. C'est Sarah qui me masse les jambes ce soir. Sa technique est différente et plutôt "musclée", et même si je me retiens de hurler de douleur, elle sait trouver l'endroit précis où masser, et d'une manière très efficace.

JC, Alain, et moi, partageons cette fois une chambre avec Eric et Noël, tout heureux de passer une nuit sans être gênés par des ronflements :-)
 
Etape 3: Ercé - Luchon

105 km - D+ 2320 m , via Col de la Core (1395 m), Col de Portet d'Aspet (1069 m) et Col de Menté (1349 m)


 
Au réveil, c'est un peu l'agacement, la machine à café est en panne, et nous n'avons pour la plupart d'entre nous, pas eu notre dose de caféine. Mais tant pis, on s'en passera pour cette fois.
 
Je pars cette fois-ci entre le 2e et le 3e groupe, profitant d'un petit groupe, qui part lui aussi.
 
Arrivé au pied du col de La Core, je laisse le groupe et roule à mon allure. La montée est assez longue, mais régulière, et idéale pour entamer la journée.
 
Au sommet, je retrouve JC, nous faisons la descente ensemble, et poursuivons sur un bout de route assez plat jusqu'au pied du col du Portet d'Aspet.
 
Peu de temps après avoir abordé la montée, la pente commence déjà à se raidir par endroit. C'est à ce moment-là, que je me fais dépasser, comme un courant d'air, par un coureur pro de la FDJ. Il va tellement vite que je n'ai pas le temps de l'identifier, mais il monte à une telle cadence, et avec tant d'aisance, que je fais pâle figure à côté de lui. Je le recroise un peu plus loin qui redescend déjà, mais il n'a tout de même pas eu le temps d'aller jusqu'au col, et devait s'entrainer à donner le maximum sur quelques kms seulement.
 
Après avoir passé un petit replat, au milieu, j'arrive au sommet avec l'impression que la montée n'était finalement pas aussi dure qu'elle le paraissait.
 
Je fais la descente avec JC, l'autre versant étant beaucoup plus pentu, et permettant de battre quelques records de vitesse. Attention toutefois, car la stèle à la mémoire de Fabio Casartelli, mort dans cette même descente, est là pour nous le rappeler.
 
Arrivé au niveau du pont de l'Oule, il me semble reconnaître le début de la montée du col de Menté que j'avais monté sur la Lapébie, il y a quelques années, mais mon GPS ne semble pas vouloir m'indiquer de prendre à gauche. Je poursuis quelques mètres avant de comprendre mon erreur, et de continuer dans la descente. Alors que j'ai ralenti, et que JC a lui accéléré devant, j'ai beau lui crier de s'arrêter, mais il ne m'entends pas, et je dois sprinter dans la descente pour revenir à sa hauteur. Nous nous refaisons un bon km de montée en sens inverse, mais sans conséquence heureusement.
 
La montée du col de Menté est assez facile au début, mais elle devient plus soutenue ensuite.
 
En haut, j'attends un peu, dans l'éventualité de repartir avec JC, mais un bon groupe repart, et je me joins à eux, dans le but de les accompagner dans la vallée qui mène à Luchon.
 
En bas de la descente, il reste environ 20 km en faux plat, pour atteindre Luchon, et l'allure qui est donnée par le groupe sur les 5 premiers kms me convient très bien. Mais suite à un relai trop appuyé, l'allure s'emballe, et je me fais décrocher, devant poursuivre seul jusqu'à Luchon.
 
A Luchon, je tombe directement sur le bon hôtel, et arrive finalement en même temps qu'une partie du groupe avec qui j'étais.
 
La restauration est assurée non loin de là, et on nous sert même un excellent Côte de Bourg, en guise de récompense à tous nos efforts.
 
La journée se termine par quelques bières partagées avec Alain et JC.
 
Etape 4: Luchon - Argelès-Gazost

116 km - D+ 3128 m , via Col de Peyresourde (1569 m), Col d'Aspin (1489 m) et Col du Tourmalet (2115 m)



Il a plu durant la nuit, et il fait encore un peu frais le matin lorsque nous partons, mais il est prévu du beau temps malgré tout.

Je pars en compagnie de JC, alors que Alain s'élance derrière nous, avec un petit groupe, où ils ont à présent pris l'habitude de rouler ensemble.

C'est en quelque sorte une étape de légende aujourd'hui, puisqu'il nous faudra enchainer 3 des cols les plus connus du Tour de France: Peyresourde, Aspin et Tourmalet.

Sitôt sorti de Luchon, nous attaquons les premières pentes du col de Peyresourde. J'ai rejoins Eric, ainsi que 2 autres participants, et nous montons ensemble à une allure qui me convient parfaitement. Dans le dernier km, Eric se dégourdit un peu les jambes, en accélérant un peu, et nous le retrouvons au sommet.

Le ciel est bien dégagé à présent, et la vue depuis les derniers lacets était superbe.

Le petit restaurant en haut du col, bien connu des cyclistes, et où on sert des crêpes pour un prix modique, est toujours en activité, et nous prenons beaucoup de plaisir à en déguster une, très gentiment offerte par Patrick, le kiné.

Nous repartons pour une descente rapide, et après avoir traversé Arreau, nous nous attaquons au col d'Aspin. Je ne connaissais pas ce côté, mais il est lui aussi magnifique à monter, sans être trop difficile. Malgré les quelques bières et le Côte de Bourg de la veille, JC et moi avons plutôt l'impression d'être en forme aujourd'hui, et de ne pas subir la pente.

Une fille, qui ne fait pas partie du groupe, nous dépasse. C'est dingue ce qu'elle est affinée, et ce qu'elle dégage comme aisance sur le vélo!

Nous ne nous attardons pas au sommet, et repartons jusqu'au ravitaillement situé à mi descente.

Il ne nous reste qu'un col à monter, le non moins prestigieux Tourmalet, depuis Sainte Marie de Campan. Je commence à bien connaître cette montée, et me rappelle qu'il est au départ assez simple jusqu'à Gripp. Ensuite, la pente se fait soutenue jusqu'aux paravalanches situés juste avant La Mongie, où la pente se redresse nettement avec des passages à 10% et plus.

Je suis dans un bon jour, et ne souffre pas trop de cette montée finalement. En tout cas, moins que sur une fameuse Etape du Tour, où nous l'avions monté sous la pluie, et étions transis de froid.

Au sommet, je retrouve Patrick, qui me propose une bière. Ca tombe bien, j'avais prévu d'attendre JC pour repartir avec lui. Nous buvons une excellente bière locale, alors qu'il fait un peu froid au sommet, et que les nuages ont fait leur apparition.

Patrick repart, en oubliant son sac, mais nous en rendant compte, nous le remettons à l'organisation.

Dans la descente, nous essuyons quelques gouttes de pluie, limite grêle, mais rien de bien méchant au final.

Nous retrouvons Patrick à Luz Saint Sauveur, le rassurons sur son sac, et effectuons le faux-plat descendant ensemble jusqu'à Argelès-Gazost. Patrick a encore de bonnes jambes, et il nous sème à plusieurs reprises.

Nous passons une fin d'après-midi plaisante au bar, ne devant le quitter que le temps du massage, situé juste à côté.

Je suis l'un des rares chanceux à avoir une chambre individuelle, avec un petit balcon. J'en profite pour faire un peu de lessive, et passe une bonne nuit réparatrice.

Etape 5: Argelès-Gazost - Irraty

129 km - D+ 3828 m , via  Col du Soulor (1474 m), Col d'Aubisque (1709 m), Col de Marie Blanque (1035 m) et Col de Bagargui (1327 m)



Au briefing, Patrick (celui qui a tracé cette étape) nous a averti, que cette étape serait un gros chantier, et effectivement, elle comporte des cols assez rugueux.

Au départ d'Argelès-Gazost, juste le temps de se mettre en chauffe, et nous abordons déjà quelques kilomètres de montée, à la sortie de la ville. Avec l'humidité du matin, j'avais revêtit le coupe-vent, mais je dois rapidement l'enlever en haut, parce que cette courte montée m'a déjà mis en nage.

Nous profitons d'un petit groupe sur le replat qui mène au pied du Soulor. J'aime bien cette montée pas très longue, et aux pourcentages soutenus, mais réguliers.

Dans le dernier km, je me fais dépasser par Maryline, partie bien après moi. Je mets un point d'honneur à repasser devant elle, puis à tenir sa roue, mais elle est décidément trop forte, et je décroche dans les 300 derniers mètres.

Je retrouve JC, et nous repartons dans la courte descente qui mène au pied de l'Aubisque. Même si la vue sur le cirque du Lutor, n'est pas trop dégagée, on devine malgré tout de beaux paysages.

La montée de l'Aubisque est assez courte par ce côté, et ce n'est qu'une formalité d'arriver en haut.

La descente est suivie de quelques kilomètres de plat, que nous effectuons en compagnie d'Eric et de Noël.

Marie-Blanque est réputée avoir des pentes sévères, mais par ce côté, elles ne sont finalement jamais trop longues, et la montée se passe finalement plutôt bien. Ceux qui le souhaitaient, avaient la possibilité d'escamoter ce col, mais ils auront été peu nombreux.

Au ravito, les kinés s'inquiètent du stock de "TUC" pour le lendemain. Apparemment, les bons conseils de Sarah, la naturaliste, sur les bienfaits de ce biscuit, auront portés leur fruit.

Nous repartons par le côté le plus pentu de la descente, et je me permets quelques bonnes pointes de vitesse.

En bas, nous avons à présent une bonne quarantaine de kms assez plats, à parcourir, et nous roulons dans une petit groupe de 6, avec JC et Eric. Je ne suis à présent plus aussi frais que les jours précédents, et dès que la route s'élève un peu, j'ai de suite les cuisses qui brûlent. Le tempo qui est donné à l'avant me semble un peu trop rapide, compte tenu du final qui nous attends, et je me décide à lisser mon effort, en perdant quelques mètres dès que la route s'élève, et en revenant sur le plat. J'ai horreur de ce type de route, en tôle ondulée, et sans franche montée, à vrai dire.

Non sans mal pour rester dans le groupe, nous arrivons au pied de la dernière difficulté. Il me faut passer rapidement tout à gauche, tant les pourcentages s'accentuent à présent. J'étais inquiet sur mes capacités à monter, mais il semble que ce type de terrain me convienne mieux, puisque je suis devant mes compagnons à présent.

A Larrau, la montée s'apaise, puis redescend. Je croyais être dans l'ascension du Bagargui, mais celle-ci ne démarre en réalité que plus loin.

La route se redresse de nouveau, et malgré de premiers kms déjà difficiles, les panneaux indicateurs de pente par kilomètre, sur le côté, font peur: 12.5 %, 13 %, 12% ... Je suis en prise en permanence, et malgré le 32 que j'ai jugé sage de monter, quelques dents de plus à l'arrière, ne seraient pas du luxe.

Ce col est pourtant magnifique, mais la dureté de ses pentes, m'en font oublier le reste. Avec la présence de vaches, il reste un peu de bouse par endroit, et la roue arrière, conjuguée à la forte pente, y patine par endroit.

J'arrive au sommet, il ne reste plus qu'une bonne centaine de mètres, mais une averse fait son apparition, alors que nous y avons échappés toute la journée.

Pas le temps de s'attarder au col, et je regagne l'accueil des chalets d'Irraty, 400 m plus loin. Suffisant pour arriver bien trempé.

Les chalets sont répartis tout autour du col de Bagargui, c'est assez atypique, et nous sommes loin de toute agitation.

Etape 6: Irraty - Ciboure

120km - D+ 1600 m , via Col d'Ispéguy (672 m), Puerto de Otxondo (570 m) et Col de Saint-Ignace (169 m)



Nous repartons du chalet, au petit matin. Il fait encore nuit, et le brouillard épais qui est présent, s'ajoute à cette impression de manque de luminosité.

Etant donné les conditions, Philippe hésite encore à nous faire partir sur l'itinéraire normal, ou via un itinéraire bis où il y a moyen de retrouver une route plus belle, et si possible épargnée par le brouillard. Il part en reconnaissance avec FX pour se rendre compte des conditions, un peu plus bas, à la bifurcation des 2 options.

Nous partons peu avant 8h, avec JC. Nos lampes sont en places, mais ma lampe avant est déjà déchargée.

Nous descendons une partie du col de Bagargui, par l'autre versant, et arrivons à la bifurcation où sont situés Philippe et FX. Le brouillard c'est un peu levé, et FX nous donne le feu vert pour continuer sur le parcours initialement prévu. Ce que nous ne savons pas à ce moment-là, c'est que le brouillard va finalement se ré-épaissir, peu après notre passage, et qu'il sera finalement conseillé aux autres d'emprunter l'autre itinéraire.

Les conditions ne sont vraiment pas bonnes, et malgré le coupe vent et les manchettes, il fait froid et humide.

Nous abordons à présent une petite route en corniche, pas très large. En temps normal, la vue est censée être magnifique, mais avec cet épais brouillard, nous ne voyons rien à plus de 4 ou 5 mètres.

Sur la route, s'alternent courtes montées et courtes descentes, mais Pays Basque oblige, dès que ça grimpe, on se prends tout de suite de bons "coups de cul" à plus de 10 %.

JC m'avait promis quelques attaques dans le Bagargui la veille, auxquelles je n'avais finalement pas eu droit, ayant effectué toute la montée devant. Dans une partie montante, j'essaye de le prendre à son propre jeu, et je l'attaque, mais ayant rapidement les cuisses qui brûlent de nouveau, je reprends une allure normale, sitôt après l'avoir dépassé. Mais il n'en faut pas plus pour décider JC de contrattaquer, et je le vois partir dans le brouillard, mètre après mètre, sans plus avoir l'énergie nécessaire pour le rattraper. Chapeau, et je dois bien l'admettre, c'était une très belle attaque, placée au moment opportun, et dans les règles de l'art ;-)

Je reviens sur 2 autres cyclistes, ce sont Hervé et Eric, qui partageaient le chalet avec nous, et je fais un bout de chemin avec eux.

On est toujours dans la purée de pois, la route est toujours aussi peu large, avec des ravins que l'on devine par endroit sur le côté. Nous croisons quelques 4X4, et il faut veiller à rester bien à droite. Il y a aussi de nombreux animaux dans le coin (chevaux, moutons, vaches) et la route est maculée de nombreux excréments par endroit. Malgré tous ces dangers potentiels, je dois en plus faire face à un chien de berger qui entame une course-poursuite derrière moi. J'entends nettement ces aboiements se rapprocher, et je dois me résoudre à piquer un sprint dans le brouillard pour le distancer, sans trop savoir ce qu'il y a devant moi.

J'aborde à présent une longue descente vers Saint Jean Pied de Port. J'ai espoir que le brouillard se dissipe au fur et à mesure de la descente, mais je n'y vois que dalle ! J'essaye d'enlever mes lunettes, à travers desquelles je ne distingue plus rien, mais celles-ci étant adaptées pour corriger une forte myopie, c'est encore pire sans, et je ne me sens pas en sécurité si je dois éviter un obstacle devant moi.

Je fais une descente à vitesse très réduite, beaucoup me dépassant. Je n'arrive même plus à lire les indications de mon GPS, que j'ai pourtant sous les yeux, et je dois m'arrêter dès que j'ai un doute à une intersection, pour vérifier.

Après 40 kms, dans des conditions dantesques, j'arrive à St Jean Pied de Port, où le brouillard semble enfin se dissiper. Je repars avec un petit groupe, et fatalement, je décroche dès que la route s'élève, de nouveau les cuisses en feu. Je fais finalement toute cette partie de transition, seul, jusqu'au pied du col d'Ispéguy.

Celui-ci n'est pas très pentu. Après 1 ou 2 kms de montée, je retrouve mes jambes, et me permets
même de dépasser quelques attardés.

Au sommet, il y a le ravitaillement, et j'y retrouve JC, non sans le féliciter pour son attaque rondement menée, et qui lui a permis de prendre le large.

Nous repartons ensemble, alors que l'autre versant du col est lui situé en Espagne, et que nous traversons quelques ravissants petits villages basques.

Après plusieurs kilomètres assez plats, la route s'élève de nouveau, mais les pancartes ne semble pas mentionner de col, à cet endroit. JC me lâche dès les premiers mètres de montée, et après 2 bons kilomètres de montée, il a plusieurs centaines de mètres d'avance sur moi, mais l'écart se stabilise, et la tendance s'inverse alors que je reviens peu à peu sur lui. Je dépasse JC, surpris de constater une nouvelle fois, que la longueur de la montée joue à mon avantage.

Je retrouve Patrick au sommet, de ce qui est indiqué comme le col d'Otxondo. Il m'avoue ne pas avoir aimé du tout cette montée, et je le comprends, même si la pente était modérée, cette longue portion de route droite dont on ne voit jamais le bout, sur une route large et assez fréquentée, n'avait rien de très emballant.

Alors que JC assure la descente devant moi, je le vois soudainement s'arrêter d'urgence sur le bas côté. La fixation de son support de téléphone sur sa potence est en train de lâcher, et il a eu le bon réflexe. Le problème arrive fort heureusement en fin de notre traversée, et nous pourrons encore compter sur mon GPS, pour nous assurer de rallier l'arrivée sans encombre.

Alors que nous traversons Ainhoa, charmant petit village, aux maisons à colombage, nous retrouvons Patrick, et n'étant pas en retard sur l'horaire, nous prenons le temps de boire une bière en terrasse. Le personnel étant pas mal occupé à servir au restaurant, nous nous attardons finalement plus longtemps que prévu.

Nous repartons, JC, Patrick (le breton), Patrick (le varois) et moi, en nous relayons sur une route à présent plus très élevée, et beaucoup plus urbanisée.

Nous arrivons au pied du col de St Ignace, le dernier de cette traversée. Il n'est pas très haut et pas très long non plus. JC place une de ces dernières attaques, alors que je lâche rapidement l'affaire, me contentant de monter tranquillement. Patrick (le varois) se pique au jeu, et ils terminent tous les deux là-haut au sprint.

Nous repartons, et reformons un groupe avec lequel nous allons à présent rouler sur les derniers kilomètres, jusqu'à Ciboure, en périphérie de St Jean de Luz. Nous prenons une bonne claque, lorsque nous nous retrouvons face à l'océan.

Après l'arrivée de tous les participants, nous nous retrouvons à la mairie, où les élus nous ont gentiment invités à célébrer la fin de cette traversée.

L'après midi se termine, après quelques bonnes bières partagées ensemble, sur le port de St Jean de Luz.

Le samedi, retour à Saint-Cyprien en car, pour une bonne partie d'entre nous. Histoire de finir agréablement ce séjour, JC, Alain, Patrick et moi, passons la soirée à Collioure.

Le lendemain, c'est le retour vers la capitale, et le changement est brutal pour moi, lorsque, dès le lundi matin, je dois regagner mon travail à Paris, et retrouver toute cette agitation.

Cette traversée des Pyrénées m'aura satisfait à tout points de vue. L'organisation a été irréprochable, comme la dernière fois, et ce parcours, que l'ensemble d'entre nous avons trouvé plus difficile que la traversée des Alpes, était vraiment splendide, et parfaitement tracé. Philippe et toute son équipe ont encore une fois assuré, et ils ont apportés cette dose de bonne humeur, qui nous donne envie de vouloir repartir pour un tour à chaque fois. Quant aux participants, j'ai eu plaisir à rouler au côté des uns et des autres, sans se prendre la tête, et toujours dans un très bon esprit.

Ah, j'ai oublié de mentionner la restauration. Et bien, pensant brûler pas mal de calories durant ce périple, je me suis fait plaisir aux nombreux buffets, sans doute un peu trop, et la balance a donnée son verdict à mon retour. Après tout, j'étais en vacances, et il faut dire que nous avons été à chaque fois, plutôt bien reçus. 

mercredi 1 août 2018

L'Etape du Tour 2018 : Annecy - Le Grand Bornand

Après avoir fait l'impasse l'année dernière, l'Etape du Tour qui est annoncé fin octobre, propose un parcours séduisant de 169 km pour 4000 m de dénivelé, il n'en faut pas plus pour me décider à y participer de nouveau. C'est déjà ma 5e Etape du Tour, et c'est toujours magique de participer à un tel événement, tant l'organisation y est top, avec des routes fermées à la circulation, rien que pour nous, et un public massé en nombre au bord des routes pour nous encourager.
 
Le parcours nous fera partir d'Annecy, pour atteindre le Grand Bornand situé 30 km plus loin, mais il faudra pour cela franchir de nombreuses montées redoutables, et aux pourcentages élevés.
 
 
 
Comme tous les ans, les 15000 places disponibles sont rapidement vendues.
 
Côté entrainement, je suis loin de mon meilleur niveau cette année. L'hiver a été difficile, et l'entrainement fortement réduit ces derniers mois suite à des problèmes familiaux. Le seul point positif, c'est que j'ai pu reconnaître la plupart des cols, lors de la Grand Bô, il y a 15 jours. En me basant sur les temps que j'avais mis dans les Glières, le col des Fleuries, de Romme et de la Colombière, j'estime mes temps de passage à différents points du parcours, ainsi que le temps global.
 
J'arrive à Annecy le samedi après-midi, et je rejoins Jean-François dans un camping situé à 6 km de là, que nous avions pris soin de réserver suffisamment tôt. Il est rempli pour l'ensemble de participants à la course. JF qui devait prendre le départ de la course lui aussi, doit se résigner à déclarer forfait pour raison de santé. Etre sur les lieux d'un tel événement, quand on est passionné de vélo, et ne pouvoir participer, est quelque chose de frustrant, mais il l'accepte.
 
Nous nous rendons à Annecy, dans le but de récupérer nos dossards, et de réceptionner Brigitte à la gare. Se garer à Annecy est mission impossible, tous les parkings sont pleins. Nous tournons longuement à la recherche d'une place, avant de nous rabattre dans une petite rue, située assez loin du centre.
 
Alors que nous avions prévu de retirer nos dossards, nous arrivons finalement à la gare, à la minute près, en même temps que le train de Brigitte, lui aussi retardé à cause des grèves et de divers problèmes.
 
Nous profitons de la fin d'après-midi pour nous rendre sur le village, retirer nos dossards, et faire le tour des exposants. Il fait chaud, à l'image du temps annoncé le lendemain pour la course.
 
Dimanche matin, je me lève un peu avant 5h, car je dois être dans mon SAS de départ à Annecy avant 6h30. Je suis dans le SAS 3 cette année, et c'est plutôt une bonne chose, parce qu'il me permettra, en partant tôt, de profiter un peu plus de la fraicheur, mais aussi de passer dans les Glières avant que les bouchons ne commencent à se former en fin de course.
 
Le départ de mon SAS est donné à 6h52, mais il s'écoule encore bien 4 ou 5 mn avant que je ne puisse passer la ligne de départ, tant nous sommes nombreux. El Diablo, le mythique supporter du Tour de France est présent au départ, pour nous encourager.
 
Ca part assez tranquillement dans les rues d'Annecy, et nous nous retrouvons rapidement au bord du lac, sur sa rive ouest. Au bout de quelques km, des paquets de coureurs se forment, et je me retrouve avec quelques uns dont l'allure me convient, et que je me décide de suivre.
 
La route est plutôt plate, et la moyenne assez élevée, en ce début de parcours. Alors que nous avons contourné le lac par le sud, nous commençons par monter une première côte, puis le col de Bluffy, pas très long, mais qui calme déjà l'allure, et opère des différences de vitesse entre les participants.
 
Après avoir traversé quelques villages, nous arrivons à Thônes, où démarre l'ascension du col de la Croix Fry, première difficulté du jour. Ce n'est pas le plus dur, mais c'est le plus long, avec quelques bons pourcentages en milieu de montée.
 
Je double un concurrent, dès le pied du col, il est tout à gauche avec un pignon de 25, voire moins, et semble déjà devoir monter à l'arrache. Je n'ose imaginer dans quel état il sera dans la montée des Glières, parce qu'il me semble avoir été plutôt optimiste dans le choix de ses développements.
 
Nous traversons quelques villages en cours de montée, où les spectateurs sont là en nombre, en nous encourageant bruyamment au son des cloches. C'est quelque chose que j'apprécie à chaque fois, et une ambiance qu'on ne retrouve sur aucune autre cyclosportive.
 
Un jet d'eau a été installé dans la montée, pour rafraichir les coureurs, mais tout le monde le contourne, il est encore tôt, et la chaleur loin d'être suffocante pour l'instant. Mais à l'heure où passeront les derniers, je suppose qu'il aura un effet bénéfique sur eux.
 
J'arrive en haut, et me lance immédiatement dans la descente. Des espaces se sont créés, et je peux descendre sans être gêné.
 
Il reste une portion de plat, avant de bifurquer à gauche, et de reprendre la route d'Entremont. Je ne me pose pas de question et roule à mon allure, parfois en me callant derrière d'autres coureurs, parfois en menant le train.
 
Je suis à présent sur une portion du parcours que je connais bien, puisque situé pas très loin du Grand Bornand, et que j'ai déjà emprunté il y a 15 jours sur la Grand Bô. La partie jusqu'au pont qui marque le début de la montée des Glières est assez roulante, et même si elle est toujours ombragée, il y fait moins froid cette fois-ci.
 
Rapidement, la route s'élève, et les pourcentages de pente indiqués sur mon compteur passent à 2 chiffres. C'est probablement la montée qui est la plus crainte, et on sent bien que personne ne cherche à faire le "kéké" dans celle-ci.
 
Je suis tout à gauche, et même si la route est assez dense en coureurs, on arrive à dépasser, en faisant parfois preuve de patience. Il faut parfois ralentir fortement pour ne pas accrocher ceux qui nous précèdent, mais tout se passera bien, tant pour moi que les autres coureurs devant moi.

J'atteins le sommet, content qu'il n'y aie pas eu d'incident, et déjà débute le fameux sentier empierré de 2 km, digne des chemins empruntés par les forçats des premiers Tours de France.
 
Comme une tradition, je revêts un maillot à pois à chaque Etape du Tour, et lorsque j'arrive à hauteur d'un gendarme qui est descendu de sa moto, j'ai droit à un "allez Warren!" amical, en référence bien sûre à Warren Barguil, dernier détenteur du maillot à pois.
 
J'essaye d'être très vigilant et concentré sur ce sentier. En effet, il y a 15 jours, des passages avaient été rebouchés par des lits de gravier, où les roues s'y enfonçaient, réduisant l'équilibre de façon précaire. Finalement, l'état de ce chemin est bien meilleur à présent. De nombreux véhicules ont dû l'emprunter depuis, et il y a sur toute sa longueur, au moins 2 traces où les roues des voitures ont balayé le gravier. Il me suffit de veiller à ne pas quitter ces traces. J'atteins le sommet, et retrouve la route goudronnée qui fait face au mémorial des Glières.
 
Je m'engage dans la descente, et sans surprise, retrouve une partie montante peu de temps après. La descente reprend pour de bon ensuite, et est très roulante.
 
J'arrive à Fillière, où un ravitaillement complet est présent. Comme prévu, je m'y arrête. Nous ne sommes pas loin de la mi-course, mais il reste encore pas mal de dénivelé à franchir.
 
Je repars, et sitôt se dresse la montée du col des Fleuries. Celle-ci est de difficulté raisonnable, par rapport aux autres. Une moto de gendarmerie me double pendant la montée, et son conducteur me lance à nouveau "Allez Warren!". Je ne l'ai pas reconnu sur le coup, mais je comprends rapidement de qui il s'agit.
 
Comme lors de la Grand Bô, le vent se fait de face, mais ce sera cette fois-ci moins gênant, tant nous sommes nombreux à monter, et nous pouvons nous protéger facilement les uns des autres.
 
La descente se fait rapidement et sûrement, car on peut se dépasser sans avoir à prendre de risque.
 
Il reste à présent une longue partie plate pour atteindre le pied du col de Romme. Je ne la connais qu'en partie, sur la Grand Bô, nous l'avions laissée au profit de la montée du Mont Saxonnex, que nous empruntions en plus.
 
Cette partie est piégeuse, car il est facile de se mettre dans l'allure des autres et de se mettre dans le rouge. J'essaye d'y faire attention, en jugeant de l'allure des groupes qui me dépassent, soit en prenant leurs roues, soit en les laissant filler.
 
Alors que je suis dans un petit groupe, le gars qui est devant fait un effort depuis un bon moment, et je me décide à le relayer. Mais je vais finalement faire de nombreux km sans que personne ne me relaye.
 
Nous arrivons au pied du col de Romme, qui m'impressionne toujours autant par sa pente qui se cabre de façon radicale. Tout ce petit monde qui était tranquillement dans ma roue, n'a plus besoin de moi à présent, et chacun démarre la montée à son rythme.
 
Alors que la montée s'était bien passée il y a 15 jours, je me sens nettement moins à l'aise cette fois-ci. Il faut dire que la chaleur devient de plus en plus harassante, et elle contribue, en plus des premiers km à plus de 10%, à un état de fatigue générale, qui se fait de plus en plus présent. Je ne me laisse pas influencer par ceux qui montent plus vite que moi, et je m'efforce de maintenir une allure acceptable.
 
A 2 km du sommet, la fatigue est très présente. Même si je ne ressens pas de crampe, j'ai une sensation de vertiges, et je me décide à faire un arrêt de 2 ou 3 mn, le temps de récupérer et de les faire passer.
 
Je repars et poursuis jusqu'au col. Je me rappelle de la présence de la fontaine dans le village, et je m'y rends afin d'y remplir mes bidons d'eau fraiche.
 
La descente jusqu'au Reposoir se fait sans trop de circulation. Il y a un ravitaillement en bas, mes bidons sont pleins, mais je préfère assurer le coup et manger un peu, car je sais que c'est en général un moment de la course où je commence à être dégouté des gels, et puis les ravitos de l'Etape du Tour sont en général bien pourvus. J'y trouve effectivement mon bonheur.
 
Je ne m'attarde pas trop, et repars dans la montée de la Colombière. En dehors du final, les premiers kms sont en principe moins difficiles que dans le col de Romme, mais je reste très fatigué, et incapable de réduire le nombre de dents à l'arrière. La sensation de vertige me reprends, et je m'impose un nouvel arrêt dans une des zones d'ombre pour récupérer.
 
Je repars et atteins le final et ses 3 derniers kms à respectivement 9, 10 et 11%. Je dois m'arrêter une nouvelle fois. Il commence à y avoir beaucoup de monde à s'arrêter comme moi, à présent, mais aussi qui commence à monter à pied. Certains se sont même arrêtés pour faire la sieste dans l'herbe sur le côté. Je les envie, car j'ai moi aussi cette lassitude qui me ferait apprécier une bonne sieste, mais je risquerais de m'endormir et de ne me réveiller qu'une heure après. De toute façon, le fin de la montée est proche, et je me fais violence pour aller au bout.
 
Le col est visible depuis de nombreux kms, il me semble inatteignable, mais je fini par y parvenir.
 
Il ne reste plus que 10 km de descente, et l'arrivée est au bout. J'essaye de rester concentré, et prends toujours autant de plaisir sur cette route fraichement refaite.
 
Alors que j'arrive au niveau du Chinaillon, un policier écarquille les yeux à mon passage. Je comprends immédiatement que ce n'est pas pour moi, mais que quelque chose est en train de se passer derrière moi. Aussitôt le policier se met à siffler ardemment pour arrêter l'intéressé. J'entends alors derrière moi, ce que je croyais être le bruit d'une des motos encadrant la course, mais je me fais dépasser avec stupeur par un quad lancé à vive allure dans la descente. Il n'a bien sûre pas le droit d'être là, les routes étant fermées pour l'occasion, à la circulation. J'essaye de ne me pas me laisser perturber par cette scène, et je poursuis la descente.
 
J'arrive au Grand Bornant, et commence à savourer la longue ligne droite qui mène jusqu'à l'arrivée, sous les applaudissements du public, venu en nombre.
 
El Diablo est de nouveau présent sur le côté droit de la ligne, et je me dirige naturellement vers lui pour le saluer. Je passe la ligne en me disant que le calvaire est terminé, et que je vais pouvoir relâcher toute la tension nerveuse et physique de la course...
 
C'est alors que l'impensable se produit. Le quad qui m'avait dépassé dans la descente, surgit de nulle part, face à moi, 2 motos de gendarmerie à ses trousses, dont une qui essaye de le bloquer en arrivant derrière moi. Il ne me reste pas beaucoup de lucidité, mais j'ai la sagesse de ne me pas me mettre en plein milieu de son chemin. Il passe à fond entre les barrières et moi, et tape violemment ma roue avant. Mon vélo a subit quelques dommages qui le rendent impropre à rouler, mais je suis sauf, et je viens d'éviter la catastrophe. Il règne un vent de panique sur l'arrivée. Heureusement, j'apprendrais pas la suite que le quad aura été interpellé quelques secondes plus tard, mettant fin à ses agissements. D'après les articles que j'aurais pu lire par la suite, cet acte n'était manifestement pas d'ordre terroriste, mais il semble être l'œuvre d'un détraqué mental. Quelques cyclistes ayant tout de même été blessés, je souhaite que leurs blessures n'aient pas été trop graves...
 
Ayant initialement prévu de rentrer à Annecy en vélo, celui-ci n'est plus en état de me le permettre. Fort heureusement, JF aura la gentillesse de venir me chercher en voiture finalement.
 
Une fois de plus, l'Etape du Tour a rempli ses promesses quand au tracé, à l'organisation, et la convivialité des participants. Pour ma part, cette mésaventure dans le final, m'aura laissé un goût amère, mais je relativise en me disant que ça aurait pu être bien pire.

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dimanche 1 juillet 2018

La Grand Bô 2018

Profitant d'une semaine de vacances dans les Alpes, j'ai décidé de la mettre à profit d'une façon différente des autres fois, puisque je vais enchainer ma seconde cyclosportive en l'espace d'une semaine. A l'inverse, j'effectue moins de sorties durant la semaine, afin de me préserver.
 
Alors que la Mercantour Bonette constituait mon objectif principal, il y a une semaine, j'étais en manque de forme, et un peu en deça de mes prévisions. Cela dit, les quelques sorties effectuées en montagne cette semaine, m'ont permis de noter une progression, et je me sens à présent dans de meilleures conditions au départ de la Grand Bô.
 
Ce parcours, bien que de seulement 110 km, n'en sera pas moins exigeant, avec tout de même 5 montées, la plupart comportant de longs passages à plus de 10%, et il ne faudra pas trop compter sur les portions de plat. Alors que l'organisation propose habituellement un parcours identique tous les ans, elle innove cette année, en proposant la montée du plateau des Glières en début de parcours, à la place du col de la Croix Fry. L'Etape du Tour ayant lieu au même endroit, quelques semaines plus tard, le profile collera parfaitement, et ce sera une bonne préparation pour bons nombres de coureurs qui y participeront, et dont je fais parti.
 
 
 
J'ai la chance d'être hébergé sur place au Grand Bornand, et de pouvoir me rendre rapidement au départ. Je prends cependant le temps d'aller m'échauffer sur les routes adjacentes.
 
Il est prévu du beau temps toute la journée, et les températures ne devraient pas être trop fortes, c'est l'idéal! Il fait encore un peu frais au départ, mais ça devrait se réchauffer rapidement.
 
Jean-François ne participe finalement pas à la course, mais il vient m'encourager au départ.
 
Le départ est donné, et nous prenons la direction du Petit Bornand. Je me contente de suivre l'allure de ceux qui me précèdent. J'ai enlevé le coupe-vent au départ, de façon à être plus à l'aise dès que la route va s'élever en direction des Glières, mais je le regrette, parce que toute la partie précédent la montée se fait principalement à l'ombre.
 
Nous attaquons la montée des Glières, probablement la principale difficulté du jour, avec près de 5 km à 11% de moyenne. Le 1er km n'est pas encore le plus raide, mais rapidement les pourcentages s'alternent de façon plus ou moins irrégulière, mais avec de forts pourcentage la majeure partie du temps.
 
J'arrive à remonter des coureurs régulièrement, heureusement, il se crée des espaces, et nous ne nous gênons pas entre nous. Il en sera peut-être tout autre à l'Etape du Tour, où nous serons probablement plus nombreux, et d'autant plus que la route n'est quand même pas très large.
 
J'arrive en haut de ce qui semble être le sommet, mais la montée n'est pas finie pour autant. Nous abordons à présent le sentier non goudronné, fait de terre et de gravier. Le début est plat, et permet de prendre ses repères, mais rapidement la pente reprends. S'ajoute à cela des passages faits de gros lits de graviers. Un commerçant du Grand Bornand nous a expliqué, que de nombreux trous occasionnés par les 4 X 4, venaient d'être rebouchés.
 
Autant je m'attendais aux passages faits de terre battue, que je ne m'attendais pas à ces passages remplis de graviers assez grossiers, et pas vraiment tassés. Lors de leur franchissement, il faut parfois se donner le tour, pour passer à l'endroit où il y en a le moins. Arrivé au niveau d'une ferme, je dois d'ailleurs mettre pied à terre, comme d'autres coureurs, tant mes roues s'y enfoncent, et l'équilibre y devient précaire. Les chutes et les crevaisons ont été nombreuses, d'après ce qu'on m'a rapporté après la course.
 
J'atteins le sommet, sans incident, et suis très heureux de retrouver du bitume sous mes roues. Mais que ces 2 kms m'ont parus interminable, tant il fallait être vigilant aux autres, et à sa propre trajectoire. Je sais à quoi m'attendre pour l'Etape du Tour, à présent, et c'est à mon avis un endroit où il faudra être très concentré, quitte à y lâcher quelques minutes pour le passer sans encombre.
 
Nous sommes à présent bien espacés, et j'en profite pour partir à mon allure dans la descente. Rapidement, on retrouve une partie montante, mais la descente reprends un peu plus loin.
 
Un coureur a malheureusement mal négocié celle-ci, et les secours sont déjà à son chevet.
 
Nous retrouvons la civilisation en bas, et sommes déjà sur les pentes du second col, le col des Fleuries. C'est sans conteste le plus facile du parcours, puisqu'il est régulier, autour des 4%. Le vent s'est levé, et l'avoir de face pendant toute la montée, est toutefois une difficulté supplémentaire. Je ne tarde d'ailleurs pas à m'en rendre compte, alors que je me retrouve isolé. Heureusement, 2 autres coureurs me dépassent, et je fais l'effort pour rester dans leurs roues.
 
Je laisse mes compagnons en haut du col, au ravitaillement, et plonge immédiatement dans la descente. Le vent y est toujours de face.
 
Je traverse quelques villages, où il faut parfois repédaler un peu, et j'en profite pour repasser quelques concurrents.
 
Au terme d'une longue partie, alternant descentes et replats, je me fais dépasser par un petit groupe de 5 ou 6 coureurs, et je prends immédiatement leur roue. Mais il ne reste en fait, que quelques centaines de mètres, avant d'attaquer les premières pentes du Mont Saxonnex. Je me fais discrets derrière eux, au début, mais je décide finalement d'accélérer l'allure, et de les dépasser rapidement. La montée est régulière, autour des 9%, et elle me convient bien, d'autant qu'elle n'est pas trop exposée au soleil. Peu avant d'arriver au village qui porte le même nom, la route se fait soudainement moins pentue, et je me permets de repasser la plaque.
 
Contrairement aux autres montées du parcours, celle-ci ne sera pas au programme de l'Etape du Tour, mais je ne boude pas mon plaisir de l'avoir montée, et elle compensera un peu, en terme de dénivelé, la Croix Fry qu'il faudra rajouter en début d'Etape.
 
Une fois traversé le village, je retrouve un belle descente où je peux me faire plaisir, sans être gêné par les autres concurrents.
 
Arrivé en bas, des signaleurs font la circulation au carrefour, car c'est là que se séparent le moyen et le grand parcours, avec au choix, la montée de la Colombière pour le moyen, ou l'enchainement Romme + Colombière pour le grand. Je n'ai aucune hésitation, pour l'instant les jambes répondent bien, et je prends la direction du col de Romme.
 
Après quelques kms en milieu urbain, je bifurque à droite, et j'aperçois de loin la cambrure de la route qui marque le début de la montée du col de Romme. La pente s'y fait rapidement autour des 9%, et me rappelle à quelque chose prêt, ce que je viens de monter dans le Mont Saxonnex. La différence notable, est que j'y suis quasiment tout le temps exposé au soleil. Il fait chaud, et je sue un peu plus, mais ce n'est pas non plus la grosse canicule, et je me dis que ça pourrait être bien pire.
 
Je me fais parfois dépassé par d'autres cyclistes, mais à y regarder de prêt, la plupart n'ont pas de plaque sur leur guidon, et sont simplement des locaux venus s'entrainer, et qui sont probablement plus frais que moi.
 
Je passe le col, les sensations restent bonnes jusque là. 1 km plus bas, un ravitaillement est installé dans un village, au pied de la fontaine, et j'en profite pour refaire le plein.
 
Je repars seul pour une descente rapide, et un peu plus ombragée par ce coté.
 
J'atteins le Reposoir, d'où je retrouve la montée de la Colombière, et pour sa partie la plus difficile. A la sortie du Reposoir, les pourcentages y sont pour l'instant moins forts que dans le col de Romme. Là encore, on est souvent exposé au soleil.
 
Je remonte des coureurs régulièrement, mais j'avoue ne pas savoir si ceux-ci avaient fait la montée depuis Cluses, où s'ils étaient montés eux-aussi par le col de Romme.
 
J'arrive dans les 3 derniers kms de la montée, où les pourcentages sont successivement indiqués à 9, 10 et 11%. Je repasse tout à gauche, mais j'arrive à garder une certaine souplesse de pédalage et une vitesse qui me laissent à penser que je ne suis pas si usé que ça au final.
 
Un gars se callent dans ma roue, et nous finissons la montée ensemble. A 300 m du sommet, un autre gars est arrêté au bord de la route, j'essaye de l'encourager et de la motiver, mais il est visiblement très fatigué, et il devra s'y prendre à plusieurs fois pour finir la montée.
 
Arrivé au col, c'est la délivrance, il ne reste plus qu'une longue descente jusqu'au Grand Bornand. La route a été refaite sur une bonne partie, c'est un billard! Les courbes ne sont pas trop prononcées, et de longues portions de lignes droites, permettent de prendre rapidement de la vitesse. C'est du pur plaisir!
 
Retour à la réalité cependant, puisque les pompiers sont en train de secourir un malheureux qui s'est loupé dans un virage.
 
J'arrive au Grand Bornand sans problème particulier. Dans le virage en bas, j'aperçois bien l'arche du départ, mais un pompier qui est là pour faire la circulation, m'induit en erreur, semblant m'indiquer de continuer. J'ai de gros doutes, et en effet, au rond point, les signaleurs me confirment devoir faire demi tour. Cette bévue m'aura coûtée pas loin de 2 mn, mais elle n'aura pas une grande incidence sur mon classement final.
 
Ce parcours était tout bonnement magnifique, même s'il restait exigeant, et j'ai vraiment hâte d'y poser mes roues de nouveaux pour l'Etape du Tour qui s'y déroulera 15 jours plus tard. Grace au tour, de nombreuses portions ont été regoudronnées, c'est un plus indéniable. Le sentier de 2 kms, à la fin des Glières sera un passage où il faudra éviter de se faire piégé bêtement, en y cassant un dérailleur par exemple, ou en ayant tout autre problème mécanique.
 
Côté organisation, les signaleurs étaient en nombre suffisant, et le parcours très bien fléché. Il fallait être vigilant à celui-ci, les pros ayant aussi un fléchage en place pour le Tour de Savoie Mont Blanc, le lendemain, sur les mêmes routes.
 
 

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vendredi 29 juin 2018

La Mercantour Bonette 2018

La saison est à présent bien lancée, et j'aborde ma première cyclosportive en haute montagne, de l'année: la Mercantour Bonette. Cette jeune cyclo qui en est à sa 3ème année d'existence, offre néanmoins un parcours exigeant et somptueux de 190 km pour 4600 m de dénivelé.
 
Je suis inscrit sur le grand parcours, et j'en ai fait mon objectif majeur cette année. Malheureusement, ces dernières semaines ont été compliquées pour moi, ayant tout d'abord perdu ma maman, et ayant enchainé avec une intoxication alimentaire. Je n'ai quasiment pas roulé des 3 semaines précédents la course. Le seul point positif, est que suite à ces événements, j'ai pu constater la perte de 3 kg, en l'espace de 15 jours, ce qui me ramène à un poids acceptable, à l'approche de la montagne.
 
Je dois revoir mes ambitions à la baisse, et pour une fois, je me dis que finir la course sera déjà un objectif acceptable, tant je ressens un manque dans mon entrainement et mes capacités à tenir sur un tel parcours. En cas de coup dur, il me reste cependant la possibilité de renoncer à la dernière montée, et d'être classé tout de même sur le moyen parcours.
 
Au cours de cette journée qui s'annonce assez longue, 4 cols sont au programme: La Couillole (par son côté le plus facile), la Bonette (1600 m de dénivelé à elle seule), la Cayolle, et Valberg (si les jambes sont toujours là).


 
Je séjourne au camping de Beuil, à 6 km de Valberg, où j'ai rejoins Jean-François qui dois lui aussi participer à la course. Lui aussi a quelques réserves sur ses possibilités de tenir la distance, à cause d'un rythme cardiaque qui fait des siennes, et qui n'arrive pas à se stabiliser, ces derniers jours.
 
Le départ étant donné à 7h, nous partons au petit matin, et profitons des 6 kms en légère montée sur Valberg, pour nous échauffer. JF doit se rendre à l'évidence, son rythme cardiaque comporte toujours des anomalies, proportionnellement à l'effort fourni, et il préfère, à juste titre, ne pas prendre de risque, et ne pas prendre le départ. Je ne peux que le conforter dans sa décision.
 
Le départ est donné, mais la partie en descente, qui nous ramène à Beuil est neutralisée. La journée s'annonce belle, mais il fait encore un peu frais à 7h du matin.
 
Nous abordons la montée de la Couillole, dans ce sens pas très longue, et idéale pour se mettre en
jambes progressivement. Elle permet déjà d'étaler les concurrents, ce qui s'avère de bon augure, avec la descente de l'autre côté du col, qui s'avère très rapide et technique. Je ne cherche pas à prendre de risque, ni à gagner du temps. J'essaye de descendre au mieux, dépassant parfois quelques concurrents, mais lorsqu'arrivé à mi descente, je me retrouve dans un petit groupe, je me contente de suivre le tempo qui est donné, et qui me va bien finalement.
 
Arrivé en bas de la Couillole, je prends la bifurcation à gauche, qui nous fait suivre le grand parcours. Le groupe s'est un peu éclaté, et je me retrouve rapidement seul. Cette partie est le plus souvent en faux plat montant, et je décide de rouler, sans toutefois lâcher trop de forces. Je remonte quelques groupes de coureurs, et continue de progresser en remontant au suivant, jusqu'à en trouver un dont l'allure me convient bien.
 
Le gars qui emmène le groupe, est à l'avant depuis un bon moment, et je me porte à sa hauteur pour le relayer. Nous alternons ainsi les relais jusqu'à St Etienne de Tinée, en en profitant pour discuter tous les 2.
 
Nous abordons la montée de la Bonette, le gros morceau de la journée. J'ai effectué la montée par ce côté, il y a quelques années, et j'en ai le souvenir d'une pente plus régulière que par son autre versant.
 
Je monte prudemment, un peu sur la réserve, car 25 km c'est très long, et que je n'ai aucune idée de l'état dans lequel je serais là-haut. Alors que je suis encore dans le début de la montée, un insecte arrive à vive allure sur moi. Je n'ai pas le temps d'identifier s'il s'agit d'une guèpe ou d'une abeille, mais à peine arrivé sur moi, je sens une brûlure au niveau du cou. Heureusement, il ne semble pas avoir eu le temps d'injecter tout son venin, parce que l'endroit où il m'a piqué ne semble pas se mettre à gonfler.
 
J'ai lâché quelques mètres sur mon compagnon précédent, mais je ne cherche pas à faire un effort qui pourrait m'être fatal en essayant de recoller. Le voir à portée raisonnable est déjà un signe encourageant sur mon état de forme dans la montée.
 
Le paysage commence à se faire plus sauvage, des plaques de neige apparaissant sur les côtés. Des débuts de crampe font leur apparition, je ne suis pas très loin du sommet, et je dois gérer mon effort pour que ça aille jusqu'au bout. Je laisse filer mon compagnon, qui jusque là était encore à portée de fusil.
 
J'atteins le col. En principe, la montée se poursuit jusqu'à la cime, mais cette partie de l'ascension a été retirée par l'organisation, la route n'étant pas praticable à cause de l'enneigement qui y persiste. Ce n'est pas pour me déplaire à vrai dire, puisque cela m'épargne 1 km de montée supplémentaire, à plus de 10%.
 
Je prends le temps de me couvrir, et je repars dans la longue descente. La route y est large et on s'y sent en sécurité. Les quelques automobilistes rencontrés, sont même coopérants et ils s'arrêtent sur le bas côté, pour nous permettre de descendre sans être gênés. Je rejoins un autre cycliste, et je décide de faire la descente avec lui, sans chercher à accélérer l'allure.
 
Nous arrivons au pied, à Jausier, et je prends le temps de m'arrêter au ravitaillement. Je repars seul, me disant que j'ai peut-être fait une erreur, le vent étant de face dans la vallée. Mais la route est globalement descendante, et j'atteins Barcelonnette sans avoir à fournir trop d'efforts finalement.
 
Je me fais rejoindre par une fille, alors que je traverse la ville. Je la relais, lorsque nous abordons les premières pentes de la Cayolle, mais dès que la pente commence à se durcir, elle me repasse et je suis dans l'impossibilité de garder sa roue.
 
Cette montée est vraiment magnifique, et très variée, tant par ses paysages, que par sa difficulté.
J'avais dû y mettre pied à terre lors du défi des Fondus de l'Ubaye, alors que j'en était à ma 4e montée, et j'ai à cœur de la monter cette fois-ci sans lâcher prise.
 
Je n'ai plus son profile en tête, mais lorsque j'aborde les derniers kms, je me remémore que ceux-ci sont les plus difficiles, et qu'il en sera ainsi jusqu'à son sommet. Il m'est en plus difficile de m'alimenter, l'absorption de gel me donnant une légère tendance à l'envie de vomir.
 
Sitôt le sommet atteins, je repars pour une longue descente en direction de Guillaumes. Je ne connais pas ce côté à vrai dire, mais la descente y est très rapide. Je suis surpris par la présence de tunnels peu éclairés, mais tout se passe bien en les passant.
 
La fin de la descente est moins pentue, et il me faut redonner quelques coup de pédale, pour atteindre Guillaumes.
 
J'arrive au ravitaillement qui marque l'arrivée du parcours de 175 km, mais qui permet encore de poursuivre sur celui de 190 km avec la montée finale de Valberg. Je suis encore dans les temps, par rapport à la barrière horaire, qui permet de poursuivre sur le grand parcours, mais le manque d'entrainement de ces dernières semaines se fait sentir, et mes envies de vomir étant toujours présentes, je décide d'en rester là pour cette fois.
 
Je reste satisfait de ma course cela-dit, alors que j'avais de sérieux doutes sur ma condition, au départ.
 
L'organisation a bien fait les choses, puisqu'un système de navettes permet aux concurrents s'arrêtant à Guillaumes, d'être remontés à Valberg.
 
Après le repas, il ne me reste plus qu'à regagner Beuil, et comble de malchance, alors que je rentre dans le village, j'essuie une violente averse orageuse, durant les 5 dernières minutes passées sur mon vélo, alors que j'avais été épargné par la pluie tout au long de la journée.
 
Ce parcours était vraiment somptueux, et bien que cette cyclosportive soit encore assez récente, l'organisation y est déjà parfaitement rodée.
 
 

La vidéo:


lundi 25 juin 2018

Les Boucles du Verdon 2018

Avec le beau temps qui revient, la prochaine épreuve qui est prévue à mon programme cette année, me permet d'aller rouler dans une très belle région, celle du Verdon. En effet, Les Boucles du Verdon offrent un magnifique parcours très vallonné et casse-pattes, de 140 km et 2090 m de dénivelé. Le décor y sera de toute beauté, avec le lac de Sainte Croix, qu'il nous faudra contourner.


Jean-François s'est lui aussi laissé séduire par le parcours, et je le retrouve avec Brigitte, au camping de Gréoux Les Bains, d'où sera donné le départ.
 
Le temps devrait être plutôt ensoleillé et agréable, mais il n'est pas exclu quelques averses orageuses. J'en essuie d'ailleurs quelques unes sur la route, le vendredi, peu avant mon arrivée à Gréoux.
 
Nous profitons du samedi pour visiter un peu la région, et retirer nos dossards.
 
L'organisation  avait eu une bonne initiative, en organisant pour les accompagnateurs, une visite de Gréoux, à laquelle Brigitte souhaitait participer. Malheureusement, alors que nous souhaitions l'inscrire sur place, nous apprenons qu'il fallait s'inscrire au préalable, et que la visite avait finalement été annulée, faute de participants. Dommage, il manquait probablement d'un peu plus d'informations sur le site de l'événement, pour que les gens s'inscrivent et que la visite puisse être maintenue.
 
Dimanche matin, JF et moi nous préparons. Nous avons quelques hésitations sur notre tenue vestimentaire. Il devrait faire beau, mais il n'est pas exclu un peu de pluie en fin de parcours. Je me contenterais de la tenue courte, sans me charger davantage.
 
Nous nous rendons au départ, et celui-ci est donné à 8h30 pour le grand parcours, et un quart d'heure plus tard pour le petit parcours.
 
Je fais un départ prudent, les rues de Gréoux sont étroites, et je ne souhaite pas prendre de risque inutile. Je perds rapidement JF de vue, mais je me doute qu'il doit se trouver quelque part devant moi. Passé le pont qui enjambe le Verdon, c'est le Km 0 officiel, et la course est véritablement lancée. Les premiers kilomètres sont en légère montée, ce qui a pour effet de morceler assez rapidement le peloton.
 
Après quelques km, je me retrouve dans un petit groupe de 5 coureurs où l'entente est bonne et chacun est prêt à collaborer.
 
Nous nous faisons passer par un groupe de 5 coureurs, à vive allure. Nous n'essayons même pas de les suivre, tant ceux-ci semblent se déplacer à la vitesse d'un avion de chasse. Je n'ai pas compris sur le coup, mais il s'agit en fait des premiers du petit parcours qui nous rattrapent, alors qu'ils sont partis un quart d'heure après nous.
 
Quelques minutes plus tard, un second groupe plus conséquent, et lui aussi du petit parcours, nous rattrape. Nous faisons cette fois l'effort pour nous y accrocher. Quelques kilomètres plus loin, 2 coureurs, du même club, s'accrochent et chutent, heureusement sans entraîner personne avec eux. Cet incident calme un peu l'allure du groupe, mais celui-ci repart de plus belle un peu plus loin, et je dois me mettre dans le rouge pour essayer de m'accrocher. Mais l'effort est vraiment trop conséquent pour moi, et je retrouve finalement 2 de mes anciens compagnons qui n'ont pas réussi à tenir l'allure eux non plus.
 
Nous passons la bifurcation des 2 parcours, et nous nous relayons tous les 3. Nous rattrapons un autre coureur, mais celui-ci doit s'arrêter un peu plus loin pour un problème mécanique.
 
Nous arrivons au pied de la première véritable difficulté, avec pas loin de 6 km de montée. La pente n'est pas très forte, et je me place en tête de groupe pour imposer le rythme. Après quelques kms, nous ne sommes finalement plus que 2, l'autre coureur étant un local de Gréoux. Il connaît bien cette montée, et il me motive à faire l'effort, à chaque fois que nous avons d'autres coureurs en point de mire devant nous.
 
Nous basculons dans la descente, où s'en suit une partie vallonnée, dans laquelle nous rejoignent quelques uns des coureurs que nous avions rattrapés dans la montée. Nous commençons à apercevoir le lac de Sainte Croix au fond de la vallée, et nous finissons par le traverser un peu plus tard.
 
Après une rapide montée, nous arrivons à hauteur d'un ravitaillement. Quelques gars de mon groupe s'arrêtent, alors que je reconnais le maillot de JF, qui est lui en train de repartir. Nous échangeons quelques mots sur nos conditions respectives, et poursuivons ensemble.
 
A l'approche de Moustiers-Sainte-Marie, nous arrivons au pied de la seconde difficulté, celle-ci doit
faire environ 2 km, mais les pourcentages y sont au delà des 10%, avec des pointes allant même jusqu'à 20% sur quelques mètres. Tout le monde s'arrache pour monter, et j'en termine non loin de JF à son sommet.
 
Je poursuit quelques kms, avec 2 coureurs, avant que le groupe précédent ne se reforme, et c'est JF qui en donne l'impulsion, la plupart du temps. Nous alternons descentes et montées, et je ne me sens pas très à l'aise dans les descentes, celles-ci étant souvent assez techniques, avec des portions gravillonnées où en mauvais état. Je me fais d'ailleurs souvent lâché dans les descentes, tandis que j'arrive fort heureusement à revenir dans les montées. Dans l'une d'entre elles, je remonte d'ailleurs tout le groupe, pour retrouver à son sommet les 2 plus anciens, dont JF fait parti, et qui sont les plus en forme du groupe.
 
Je ne suis plus très frais, mais j'avoue que JF est le lièvre qu'il me faut, et l'allure qu'il impose devant moi, est celle qui me convient le mieux à ce moment de la course. Je ne suis pas en mesure d'aller plus vite, mais je suis motivé à faire les efforts pour rester dans sa roue.
 
Alors que nous approchons de Gréoux, nous dépassons un VTT, mais celui-ci équipé en assistance électrique, prends un malin plaisir à nous redépasser dans la montée qui suit.
 
Nous rentrons dans Gréoux, et à un rond-point, j'entends des encouragements qui semblent pour moi, mais je n'ai pas le temps d'apercevoir Brigitte, alors que je suis trop occupé à tenir la roue de JF.
 
Nous en terminons en à peine plus de 5h, à une bien modeste place dans le classement, mais heureux de nos courses respectives. Le temps, même s'il devenait plus menaçant en fin de parcours, se sera finalement maintenu, et le parcours, même si on reste loin de la haute montagne, aura tout de même comporté quelques belles difficultés, le tout au milieu d'un décor sublime. Cerise sur le gâteau, JF est classé dans sa catégorie, et il aura le plaisir de monter sur le podium.
 
L'organisation, le fléchage et la convivialité des participants, auront été des points qui ont fait le succès de cette cyclosportive, même si le parcours aura été jugé moins difficile que les autres années.


 

La vidéo: